Cinq ans après sa première interview avec Hypesoul, Haïlé Dästa revient avec deux singles Muse et Better. Guitariste reconnu, compositeur instinctif et artiste complet, il incarne cette nouvelle génération de musiciens qui refusent les cases. Rencontre avec un créateur pour qui la musique est une langue à part entière.

« Aujourd’hui, j’ai enfin trouvé ma structure et mon histoire à raconter »
Depuis ta dernière interview avec Hypesoul, que s’est-il passé pour toi ?
Beaucoup de choses ! (rires) À l’époque, cette interview accompagnait un autre projet, juste après le confinement. Depuis, j’ai continué sur la route. Je suis musicien de formation, donc j’ai beaucoup tourné, accompagné des artistes, joué sur scène, composé pour moi et pour d’autres. Mais ces dernières années, je me suis vraiment concentré sur mon projet personnel, celui qui voit le jour aujourd’hui.
C’est le fruit de plusieurs années de travail, de rencontres et de réflexions. J’ai voulu construire quelque chose de structuré, avec une histoire à raconter et une direction claire.
Comment penses-tu avoir évolué en tant qu’artiste depuis ?
Je dirais que c’est avant tout une question de timing. J’ai toujours fait de la musique, mais je n’étais pas prêt à sortir un projet complet et cohérent. Il me manquait une structure, une équipe, une vision d’ensemble.
La musique, je l’ai toujours eue, mais tout ce qui est visuel, business, communication, politique de la musique, c’est venu plus tard. J’ai dû apprendre tout ça ces dernières années. Et aujourd’hui, je pense avoir trouvé cet équilibre entre la passion pure et la construction d’un projet global.
Tu as longtemps accompagné des artistes sur scène. Qu’est-ce qui t’a poussé à passer au-devant de la scène ?
J’ai eu la chance de beaucoup tourner en France, souvent sur de grandes scènes avec des artistes très médiatisés. Et sur scène, notre manière de jouer, fait que les musiciens sont pleinement impliqués : on est à fond, présents, expressifs.
Du coup, passer devant pour défendre mon propre projet, c’était une suite logique. J’étais déjà dans cette énergie, cette exposition. La différence, c’est que maintenant, ce sont mes chansons, mon univers, mon histoire.
Et avec le temps, les expériences, les réseaux — j’ai aussi une belle communauté — j’ai eu envie de partager davantage. Ce n’est plus seulement un métier, c’est une démarche artistique personnelle, un besoin d’expression.
Comment décrirais-tu ton son et tes inspirations ?
C’est une question simple mais vaste. Pour moi, la musique, c’est de l’alchimie. Une émotion qui prend forme. J’essaie avant tout de faire ressentir quelque chose, avant même les mots.
Mes influences sont multiples : R&B, soul, afro, avec des sonorités organiques et chaudes. J’aime que ma musique soit un voyage immédiat, une expérience sensorielle.
Je dirais que c’est une fusion — une synthèse de toutes ces couleurs. C’est de la chanson poétique, organique, sophistiquée, avec une base soul, R’n’B et afro. Et une touche actuelle, parce que cette fusion est devenue, quelque part, la nouvelle pop mondiale.

Parlons un peu de toi en tant que guitariste. Tu es autodidacte : comment as-tu appris ?
Complètement autodidacte, oui. Et sans YouTube ! (rires)
J’ai grandi dans une famille de musiciens : mes deux parents l’étaient. À la maison, il y avait toujours de la musique. Mais je suis le seul à en avoir fait mon métier.
Le vrai déclic, c’est un documentaire sur Jimi Hendrix que j’ai vu à 12 ans. Il jouait avec les dents, il brûlait sa guitare… ça m’a traumatisé positivement. J’ai attrapé la guitare classique de mon grand-père et j’ai commencé à tout jouer d’oreille.
En quelques mois, j’avais appris tout le répertoire d’Hendrix. De 12 à 16 ans, je ne jouais que ça. Puis j’ai quitté l’école, commencé à jouer en tournée, à accompagner d’autres artistes. J’ai tout appris sur le tas.
Tes influences à la guitare ?
Évidemment Jimi Hendrix, que j’ai étudié de fond en comble, jusqu’aux versions live. Et Sylvain Luc, découvert plus tard, qui m’a profondément touché. C’est un guitariste français incroyable, décédé récemment.
Sinon, je n’écoute pas vraiment de guitaristes. J’écoute de la musique, dans sa globalité.
Dans la nouvelle génération, j’aime beaucoup Isaiah Sharkey, Jairus Mozee, ou encore Ralph Lavital en France. Ce sont des artistes avec qui j’ai pu échanger, et on s’influence mutuellement. La musique, c’est un langage : on s’imprègne des expressions des autres.
Tu écris aussi tes propres textes. Comment l’écriture est-elle entrée dans ta vie ?
J’ai toujours écrit. Dès l’adolescence, j’écrivais des rimes, des textes, influencés par le rap. Pour moi, l’écriture, c’est une forme d’expression naturelle.
Je suis quelqu’un de réservé, donc la musique a longtemps été mon moyen de communication.
Souvent, tout part du son : la musique d’abord, les mots ensuite. Les paroles viennent compléter ou contraster la musique. Mais l’émotion, elle, naît du son.
Et quand tu composes pour d’autres artistes, c’est différent ?
Pas vraiment. C’est comme de la cuisine : parfois tu suis ton inspiration, parfois tu réponds à une commande précise.
Certains artistes te donnent un cadre, un thème, une ambiance. D’autres sessions se font dans le feeling pur.
Mais dans tous les cas, le résultat doit vibrer de la même façon.
Tu as sorti deux singles cette année : Muse et Better. Peux-tu nous en parler ?
Muse est le premier single du projet à venir, un EP. Je l’ai sorti en juin parce que je le trouvais parfait pour cette période : lumineux, sensuel, mais subtil. C’est un titre sur les relations amoureuses, mais aussi une invitation au public, un premier dialogue.
Better, lui, reste dans cette même énergie chaude et positive.
Après les années difficiles du Covid, j’avais envie d’amener quelque chose de léger, universel, plein de vie. Et quoi de plus universel que l’amour ? Ces deux titres parlent de liens, de relations, de sentiments que tout le monde connaît.
Et un nouveau morceau arrive très bientôt !
Justement, à quoi peut-on s’attendre pour la suite ?
Pour l’instant, tout se met en place. Le projet vient à peine de sortir, mais l’idée, c’est clairement de défendre ça sur scène.
Je ne ferme pas la porte aux collaborations — la musique, c’est le partage — mais ma priorité, c’est de faire vivre ce projet.
Des dates arrivent, des tournées se préparent.
Le plus dur, c’était de franchir le premier cap : sortir le premier titre.
Maintenant que c’est fait, la machine est lancée.
Vous pouvez retrouver le nouveau projet d’Haïlé Dästa Médecine ici




