Membre du mythique Panama Bende, Elyo et Assaf livre leur deuxième projet en tant que duo. Nommé 2/2, cette nouvelle pièce dans la discographie de Changerz est placé sous le sigle de l’équilibre et du funk.

Pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas ? 

Elyo : Nous c’est changerz. Nous sommes deux et nous nous nommons Elyo et Assaf. On faisait partie du Panama Bende auparavant et on a commencé notre projet en commun en 2017. 

Quel fut votre premier contact dans le rap ? 

Assaf : j’ai commencé lors de mes 14 ans mais au début je faisais beaucoup d’improvisation, surtout en soirée. Je rimais à l’improviste avec tout ce que je voyais. 

Elyo : On est meilleurs amis depuis l’adolescence et on écoutait déjà beaucoup de musique à cette période. Personnellement, je me rappelle avoir compris la puissance de la musique et ce qu’elle procure par les textes. Je commençais alors à me sentir incapable de faire la même chose. Et puis tout s’est enchaîné, on a rencontré les membres du Panama bende et on a fait nos premiers open mic. 

Depuis quand s’est formée cette entité dans le Panama Bende ? 

 Assaf : Concrètement le duo s’est formé en 2017 lorsque le Panama bende est parti vers de nouveaux horizons. Officieusement, cela fait très longtemps qu’on est amis et on s’est donc dit qu’il fallait que l’on forme ce duo un jour. 

Quelles sont vos principales influences dans la musique ? 

Elyo : Avant de se mettre à rapper on faisait déjà de la musique. Assaf faisait de la batterie, moi de la guitare. Pour le projet Changerz on a donc voulu sortir un peu du rap tout en gardant cette identité. 

Assaf : Je ne pense pas avoir eu des influences précises. Mais il est vrai qu’on a été nourri par plein de styles différents.

Elyo : Pour les morceaux clubs on s’est par contre inspiré d’une certaine vague que ramène les Daft Punk et Kaytranada. 

Assaf : Le phénomène Kid Cudi nous à également beaucoup marqué. Ce mec s’en battait les couilles. Il avait tout d’un rappeur en faisant tout l’inverse.

Pourquoi s’être absenté durant trois ans ? 

Elyo : On a voulu privilégier la qualité avant la quantité. Il a fallu synthétiser toutes nos influences et le covid nous a aussi beaucoup freiné dans nos démarches musicales. On a également eu des problèmes avec notre ancien label. 

Assaf : On a loué un studio pour la création de l’album, rien que pour nous. On a donc voulu tester énormément de choses et même si cela a pris beaucoup de temps, on est arrivé à des résultats plus que positifs.

Vous avez pris de nombreuses initiatives à partir de 2018 en prenant des cours de chants et d’économies, quel retour faites vous de cela ? 

Assaf : On était dans une démarche créative. Aujourd’hui avec l’auto-tune tout le monde peut chanter facilement. Nous on a voulu aller plus loin en perfectionnant le chant. C’était le bon moment pour se lancer et cela nous a beaucoup aidé. 

Elyo : Pour revenir sur les cours d’économies, on faisait en réalité des cours de comptabilité. On ne voulait plus être dépendant des autres.  

2/2 est un projet très varié, qui tend autant vers le chant que vers le rap. Y- a t-il eu une volonté d’équilibrer ces deux genres ? 

Assaf : On apporte une importance à l’équilibre, tout est une question de juste milieu dans notre musique. Le but de ce projet était de trouver un équilibre tout en ne s’imposant pas de barrières. 

On sait que vous êtes des rappeurs habitués à performer en concerts sur des titres trap comme “Indigo”, “Avé” ou “Bende Mafia”. Changerz s’adapte à une nouvelle ambiance qui est celle des clubs. Faut -il plus vous attendre en show-case dorénavant ? 

Assaf : Pas forcément, en réalité on a conçu cet album pour proposer différentes ambiances lors de nos prochains concerts. C’était un défi pour nous.

Le Covid a-t-il freiné cette volonté de produire des morceaux pour des concerts ? 

Elyo : Une grande partie des morceaux ont été enregistrés avant cette problématique. Nos expériences des concerts avec le Panama Bende nous a toujours motivé à continuer à faire des morceaux de ce genre. Encore aujourd’hui, on a hâte que les concerts reprennent pour défendre notre projet.

On a connu beaucoup de groupes qui ont fini par exploser à cause d’embrouilles. Comment expliquez-vous que le Panama Bende soit resté si soudé malgré les différences musicales de chaque membre ? 

Assaf : Dès la création du groupe on s’est posé une question.  Qu’est-ce qu’on fera pour ne pas finir en embrouille comme tous les groupes ? La première réponse qu’on a trouvé c’était de faire des pauses pour se retrouver humainement et musicalement. Après notre longue tournée qui a duré 1 an et demi je savais que c’était le bon moment pour me poser. J’avais aussi envie de me montrer mes tripes en solo. C’est grâce à cela qu’on reste aujourd’hui une famille et que le groupe est soudé. 

Elyo :  Même lorsque le groupe était en création d’un projet on se fixait pas de barrière et chacun était libre de sortir des morceaux en solo.

L’ambiance club de “Club Cocktail” et “Funk” est franchement réussie, pensez vous avoir atteint vos objectifs concernant ce type de morceaux que vous bossez depuis maintenant plusieurs années ? 

Assaf : On est des éternels insatisfaits. Même si demain on gagne des Victoires de la musique on continuera à bosser à fond. Je pense pas qu’on a pas atteint le top. 

Elyo : On est toujours dans l’apprentissage, on peut toujours aller plus loin. 

Les morceaux “Goudron” et “Boule au ventre” sont un des morceaux les plus importants du projet. On sent une certaine finition et une profondeur dans vos textes qui était plus impersonnelles lorsque vous étiez en groupe. 

Assaf : Quand tu es dans un groupe tu es obligé de te mettre des limites pour rester dans la cohésion. Sur « Gros Plavon », j’avais failli changer mon couplet. C’est aussi une des raisons pour laquelle on a voulu mettre en stand-by Panama Bende. On voulait se recentrer sur nous même et se livrer de façon plus personnelle. Il n’y a que quand tu es seul que tu peux pousser dans ton écriture.

Elyo : C’est une des raisons pour laquelle on a chacun voulu faire un morceau en solo que ce projet. 

Votre volonté de proposer quelque chose de différent est au final la grande force du Panama Bende. Chaque entité du groupe a maintenant pris des virages musicales très opposés mais vous restez toujours un groupe uni. 

Assaf : C’est ce qui a  fait la force du groupe. Chaque fan du groupe avec son rappeur préféré car on avait tous une identité authentique. On avait tellement d’ univers différents que c’était une évidence pour nous de ne pas stagner en tant que groupe. 

Elyo : On en profite pour passer un gros Big Up à tout le groupe et c’est une fierté pour nous de voir que chacun réussit dans son domaine. 

Assaf : D’ailleurs il y a des rumeurs qui court qu’on se retrouve pas mal ensemble au studio en ce moment…

On aimerait beaucoup vous voir collaborer avec PLK sur un morceau club, cela était-il envisageable sur ce projet ? 

Assaf : Ça aurait clairement pu se faire mais ça ne rentrait pas dans notre démarche créative. Collaborer avec beaucoup d’artistes brisera un peu notre recherche de créativité. On voulait vraiment mettre la palette de ce que l’on sait faire sans ramener d’univers externes. 

Quelle serait votre collaboration de rêve ? 

Elyo : Pour moi ce serait Kanye West.

Assaf : Personnellement Travis Scott

Une co-interview réalisée par Youcef Benouada et Malo Herve.