Un moment suspendu dans le temps pour discuter avec une artiste solaire et rayonnante, c’était ma rencontre avec Kimberose. Son talent et sa voix remarquable sont mis à l’honneur sur ce nouvel album. L’artiste de 30 ans a sorti Out en début d’année et revient sur les origines de ce deuxième album, ses inspirations, son processus de création mais aussi la réalité des métiers de la musique et son amour pour la scène. Un moment de partage honnête et chaleureux à découvrir !

Salut Kim, tu as sorti ton nouvel album “Out” en début d’année, comment te sens-tu ?

Je suis super contente, super excitée de ce qu’il se passe et ce qui arrive par la suite. J’ai bien conscience que c’est une période particulière pour sortir de la musique. Ça peut faire peur mais je me disais aussi que toujours repousser l’échéance ne servait à rien. On est dans une situation très floue et on ne sait pas encore quand les choses vont revenir à la normale. Ça fait du bien de sortir des nouvelles choses et ça me donne une énergie qui m’a beaucoup manquée.

Tu es revenue avec le titre “Back On My Feet”, qui est aussi la 1ère chanson de l’album, qu’est-ce que signifie ce morceau pour toi ?

C’est justement un titre qui raconte ces moments dans la vie où parfois on a l’impression un peu de glisser ou de tomber. Ça peut être des choses dans la vie personnelle, qui nous ralentissent ou qui nous donnent l’impression de ne pas être à la hauteur. Et cette chanson raconte le moment où on se relève et on se dit que rien n’est grave, qu’on est capable. C’est une chanson qui porte vers l’avenir. J’avais envie de raconter quelque chose qui n’est peut-être pas très joyeux mais de le faire du point de vue où on se relève. Et finalement aujourd’hui c’est le mood et l’énergie dont on a tous besoin. On est dans un moment compliqué psychologiquement et on rêve tous de ce moment où on va se relever et pouvoir danser, kiffer et se retrouver les uns les autres. Donc c’est vraiment une chanson que j’imaginais fédératrice, positive et bonnes vibes. 

Avant de commencer ta carrière, à quel moment t’es-tu dit que tu voulais te lancer à fond dans la musique ?

Je viens d’une famille où tout le monde a une fibre artistique, ma mère était danseuse, mon père jouait de la guitare, mon grand-père était magicien mais personne n’en a vraiment fait son métier. C’est un milieu qu’on ne connaissait pas vraiment et ce sont des métiers qui peuvent faire peur quand on n’est pas dedans, avec une grande part d’incertitude. Donc j’ai grandi un peu avec cette peur et ça m’est venu tard finalement de m’autoriser et me dire : “je vais en faire un métier et pas juste une passion”.

J’étais très prudente et j’ai été maman très jeune avec la responsabilité de mon fils. On a donc créé un groupe il y a quelques années avec des amis et c’est allé très vite. On a mis une vidéo en ligne et on a été contactés par mon producteur actuel et au bout de quelques mois on s’est retrouvés à Taratata. Et c’est après le passage à Taratata que les choses se sont bousculées, on a été signés en label. Et c’est là que je me suis dit : “allez je lâche tout et je tente le tout pour le tout”. J’avais quand même senti qu’il se passait quelque chose. Il y a des moments dans la vie où il ne faut pas être raisonnable et j’attendais aussi ce moment depuis toute petite.

Tu écoutais quoi comme chanson quand tu étais petite et quelles ont été tes influences musicales en grandissant ? 

Depuis toute petite j’ai eu de la chance d’écouter les très bons goûts musicaux de mes parents et ce sont encore des choses que j’écoute aujourd’hui. Ma mère écoutait beaucoup de gospel, de reggae avec Bob Marley, des musiques africaines avec Fela Kuti et aussi beaucoup de Highlife ghanéen. Elle avait aussi une grande passion pour Whitney Houston et les chanteuses à voix, ça m’avait beaucoup marquée d’entendre cette femme qui avait des capacités vocales un peu extraterrestres. Du côté de mon père c’était beaucoup plus pop avec Madonna par exemple mais aussi beaucoup de musique classique.

La soul et le jazz c’est venu beaucoup plus tard. Ça a commencé avec le R&B quand j’étais ado : Lauryn Hill, les Fugees, les Destiny’s Childs, Brandy. Vraiment ces artistes R&B des années 2000. Et plus tard vers 20 ans, je découvre la soul à l’ancienne avec Etta James. Je tombe sur une vidéo d’elle qui joue à Montreux dans les années 70 et je me dis “WOW”. Donc à partir de là je vais explorer plein d’artistes de la Motown. Et puis le jazz aussi avec Billie Holiday qui m’a mise une grosse claque émotionnelle. Donc ma musique est un mélange de tout ça, à mon image moi qui suis métisse, mais tout comme plein d’artistes aujourd’hui. C’est très rare d’entendre maintenant des musiques très identifiables en termes de courant musical. 

Est-ce que chanter en anglais plutôt qu’en français te donne une plus grande liberté pour t’exprimer ? 

C’est un choix qui est venu naturellement par rapport à mes parents qui sont anglophones, même s’ils viennent de 2 pays différents, et ça fait partie de mon héritage culturel. C’est une langue que j’ai beaucoup entendu parler à la maison et on se rendait souvent en Angleterre voir notre famille. Après c’est peut-être une forme de pudeur que j’ai d’écrire en anglais alors que je suis Française et que c’est ma langue de tous les jours. C’est plus facile d’écrire certaines choses.

Mais je suis aussi en train de revenir au français dans l’écriture et j’aimerais bien me faire ce challenge pour aller picorer plus de choses de ce côté-là. Je me rends compte aussi de la poésie de cette langue, qui s’écrit d’une autre manière que l’anglais. Et ça se ressent dans le chant aussi. C’est un autre challenge qui m’excite actuellement et qui s’est dénoué dans cet album parce que j’ai fait une chanson en français.

Comment as-tu abordé la création de ce nouvel album qui est ton 1er album en solo ?

L’écriture c’est très capricieux chez moi et ça vient par vagues. Mais ça s’est fait de façon très naturelle. J’ai toujours écrit sur ma vie ou sur celle des personnes qui sont dans mon cercle très proche et qui m’inspirent. J’ai écrit donc en racontant des choses qui me sont arrivées ou des émotions que j’ai traversées. Sur cet album, qui change du premier, c’est que j’ai co-écrit quelques textes avec mon petit frère Bryan qui lui vit en Angleterre. Il a donc un autre regard sur l’écriture car il parle anglais au quotidien et il est plus jeune que moi. C’était super intéressant d’écrire avec lui et je lui trouve vraiment un talent pour l’écriture, j’ai beaucoup appris avec lui. Il pense à des choses auxquelles je n’aurais pas pensé et ça ouvre de nouvelles portes.

J’ai aussi co-écrit avec un autre Anglais qui s’appelle Blair McKichan, qui est plus âgé et c’était aussi intéressant en termes d’écriture. Je n’avais pas tenté avant cette expérience de co-écriture et ça m’a donné une curiosité de rencontrer d’autres auteurs. C’était une super belle découverte pour moi. 

Tu peux nous parler de ta collaboration avec Sofiane Pamart ?

C’était une collaboration très fluide et naturelle. Il a cette image d’un personnage artistique assez complexe. C’est un virtuose du piano. Il travaille beaucoup ses visuels. Mais quand tu le rencontres, c’est quelqu’un de très simple, comme moi. Et c’est ce qui a très vite fonctionné entre nous. Le feeling est passé tout de suite. On a aussi des héritages qui sont assez cousins, de comment on a grandi, nos parents. Je suis une grande fan de sa musique donc travailler avec quelqu’un que t’admire c’est un plaisir. Et ça m’a permis d’aller chercher ailleurs aussi. D’autres façons de chanter, d’écrire. C’est une très belle rencontre artistique.

Les thèmes de l’introspection et de l’amour sont très présents, ce qui en fait un album soul/R&B mais aussi avec des morceaux plus dansants et pop, est-ce que tu pourrais définir ton style musical ou tu préfères ne pas te mettre une étiquette ?

Plus le temps passe et plus j’espère que cette question ne sera plus posée aux artistes. C’est très compliqué de se décrire soi-même. Et aussi, on est dans une ère de métissage qui est partout et surtout dans la musique. On a grandi avec YouTube et le streaming. On écoute des choses du monde entier. J’ai des coups de coeur hyper variés avec de la chanson française, du rap, de la chanson nigériane, de la pop, des choses plus indés. Et tout ça se ressent dans ma musique. Je n’arrive plus à me catégoriser, sauf si on crée un nom à rallonges !

Dans le contexte actuel où les artistes ne peuvent plus faire de concerts, quel est ton ressenti ?

Je pense qu’il y a peu d’artistes qui font de la musique que pour eux-même. Quand on écrit de la musique, ça commence par soi mais on a aussi envie de le partager avec le public. Quand j’ai écrit mon album, j’avais en tête l’expérience de la tournée qu’on avait faite pour le premier album. Parfois ça m’est arrivée d’écrire une chanson en imaginant déjà les instruments ou la mise en scène, en train de me projeter. Donc pour moi la phase d’écriture et de composition, elle ne peut pas être séparée de la scène.

En ce moment, il manque vraiment quelque chose et c’est dur de ne pas pouvoir se projeter. Pour l’amour de la scène, ça me manque vraiment physiquement de ne pas voir et sentir le public, les gens qui applaudissent. Cette chaleur-là, on ne la retrouve nulle part ailleurs. Ensuite, pour parler concrètement, c’est aussi une partie économique importante dans le projet musical. On nous ampute aussi d’une grande partie de nos revenus qui nous permettent de vivre et de continuer. C’est tout un monde la tournée avec les techniciens, les ingé son, les musiciens, ça concerne parfois des centaines de personnes. Mais là, je ne sais pas pourquoi, je suis très optimiste. Dans quelques mois, ça va revenir !

Tu voudrais qu’on retienne quoi après l’écoute de ton album ?

Une émotion. Il n’y a rien de plus beau que quand quelqu’un m’écrit sur les réseaux sociaux pour me dire qu’il vient d’écouter l’album et qu’il a ressenti telle émotion. C’est le cadeau parfait. Ce que j’espère avec cet album c’est toucher, quelque part. Ça peut être très profond et parfois moins profond. Juste quelqu’un qui se met à danser sur “Back On My Feet” par exemple, c’est génial ! Je me souviens encore quand je l’ai écrite, dans mon coin. Et maintenant les gens qui s’en emparent et qui dansent. Le plus beau cadeau c’est que ça crée quelque chose. 

Quelles sont tes prochaines actualités ?

La sortie d’un deuxième single très bientôt. On vient de shooter le clip dont je suis extrêmement fière. On a créé les visuels dans lesquels j’y ai mis tout mon coeur et ma créativité avec mon binôme Clément Dezelus qui a travaillé sur toute l’identité de Kimberose. Après, j’espère aussi pouvoir faire la tournée et continuer à défendre cet album. C’est un peu mon bébé, je l’ai fait avec tout mon amour et ma sincérité. J’ai envie de l’emmener loin. 

Out de Kimberose, à écouter sur toutes les plateformes de streaming !