Porté par les vagues et la passion du son, Tif sonne nouveau pour nos oreilles. Différent mais pourtant déjà accessible à tous. Mélange entre impudeur et fierté, entre Paris et Alger, comme un vent doux en provenance d’au delà des mers venant mettre son grain de sable sur le rap francophone, mentalité dz et esprit shonen, voici Tif.

C’est Alger qui te parle

Toufik, où Tif comme nom de scène, commence dans sa jeunesse à chanter. Écoutant les disques de son père où il pouvait s’y trouver du Chaâbi du Sting ou du Joe Dassin compilés ensemble. Un projet d’étude en France après son bac lui permet de quitter sa terre natale, Alger, pour atterrir à Lyon.
Quelque temps plus tard, Younès Boucif artiste, également acteur (Drôle, Les Magnétiques …) tombe sur un le clip de 3iniya (2019). Il l’invite alors à une session Redbull Studio. C’est avec cette rencontre que va naître le label qu’ils vont créer à 3 avec Tif, Younès et Abil (le grand frère de Younès), Houma Sweet Houma en 2021. Cette nouvelle étape dans sa carrière est ponctuée par le projet éponyme en 2022, compilant plus anciens et nouveaux morceaux faisant guise de véritable carte de visite de l’artiste.

Younès Boucif

« J’suis un bicraveur d’émotions avant tout. »

Tif pour PAM
© Samir Le Baptou

Tif, malgré une accointance pour les ambiances chantonnés aux rythmiques plus dansantes, sait aussi bien rapper que chanter. Apportant toujours un supplément d’âme inée chez lui, une couleur ou une émotion. Comme il le dit lui même lors d’une rare interview chez PAM (Pan African Music). Lorsqu’on lui demande de mettre un point de départ à sa musique il répond : la nostalgie.
Ce qui justifie selon lui son envie de chanter est de mieux faire sentir les émotions. Cette manière de concevoir sa musique avec ses producteurs, Senpaikatchy (Tiakola, Khali) ou Khalil (Tif, Flenn), colle avec sa volonté de l’exporter à l’international, une musique qui se comprend avec le cœur.

Amour, Argent, Alger.

Du haut de ses 27 ans, et plus de 10 ans à faire de la musique, Tif à une expérience et un vécu que les artistes émergents francophones ne possèdent pas.
Un jeune débrouillard d’Alger s’égarant entre ses amours et l’envie de faire du son, des sous, sans jamais oublier les recoins de son quartier. Ses textes tournant majoritairement autour de ces thèmes, on y retrouve discrètement des phases pour la Palestine. Il partage également son ressenti de maghrébin vivant en France. Le racisme, la différence de culture, pour le meilleur comme le moins bon.

En ce début d’année, Tif nous a dévoilé « 1.6 », un projet de 10 titres où on le retrouve plus éclectique et mélodieux que jamais. Notamment sur BYE 3ASSIMA et le single HINATA.

Projet où nous retrouvons Flenn, figure majeure du rap algérien et connaissance de longue date. Dû à un concours de circonstances, les deux se sont affrontés en battle il y a plus de 10 ans. Projet plus condensé, plus homogène dans sa direction artistique, sans pour autant être monotone. Tif se permet de changer d’instru sur certains sons. Il les fait évoluer au fur et à mesure, de la 2step au style reggada sur Shadow boxing. Un style musical d’origine berbère. Toujours sur des productions assez organiques, où plusieurs instruments se font entendre, donnant la couleur du morceau. Notamment des cordes sur Amnesia, une balade mélancolique où Tif sonne toujours juste au niveau des émotions.

✍️ Peschou