En 1989, le groupe De La Soul sortait son premier album insufflant un vent de positivité et de fraîcheur sur la scène rap de l’époque.
La fin des années 80’s est un contexte particulier pour le rap américain qui est en pleine effervescence. Flashback dans cet âge d’or pour comprendre ce que De La Soul représente dans la culture hiphop.
En mars 87, sortait l’album iconique Criminal Minded de Boogie Down Productions. Quelques mois plus tard, DJ Scott La Rock, membre fondateur du groupe était tué, alourdissant la longue liste des meurtres non résolus.
Toujours en 1987, Public Enemy sortait Yo ! Bum The Rush Show. Album qui a choqué les States avec des samples saturés et un discours politique…Intense!
Un an plus tard, en 88, MTV met en place Yo! MTV Raps et offre au hiphop une visibilité et une portée encore plus grandes.
De l’autre côté du pays, en Californie, les Niggas With Attitude préparent leur album Straight Outta Compton qui changera à jamais la vision du rap par les médias.
Mais alors que le hiphop devient de plus en plus caillera, les genres et les sonorités se multiplient. Un mouvement émerge de New York avec à sa tête Afrika Bambaataa et les Jungle Brothers qui délivrent un message afrocentrique.
Il ne s’agit pas d’un rejet du « hardcore » de BDP, LL Cool J ou Rakim mais plutôt un déferlement de positive attitude
Message bien reçu par De La Soul aka Posdnuos, Dave et Maseo qui commencent à taffer leur style en 87.
Prince Paul, célèbre producteur de l’époque flaire le potentiel du groupe et leur propose très rapidement de signer puis produire un album.
Sorti en 1989, 3 Feet High and Rising délivre à travers un condensé d’inventivité et de décalages, des messages forts. Visionnaire, le producteur révolutionne le monde du sampling dans le rap. L’approche est plus « instrumentale », les samples puisés dans toutes sortes de musiques sont novateurs et à tout cela s’ajoute la touche de l’ancien Stetsasonic.
Ce disque a débarqué tel une bouffée d’air frais et les critiques ne s’y sont pas trompés, charmés par ce « hippie rap« .
Plutôt que de parler politique et gangs, eux parlent des blagues du lycée, de métaphores, de fleurs et plus généralement de peace & love.
Ils ramènent aussi les interludes dans le monde du hiphop, chose qui n’existait pas avant. L’esthétisme et le graphisme sont différents de ce qui se fait. Ce qui ajoute encore une touche au délire ambiant du disque.
Le single « Me, myself an I » s’est vite retrouvé dans le classement Billboard. L’émergence de leurs collègues comme A Tribe Called Quest fit naitre un sous-genre de hiphop de plus en plus populaire. Des concepts parfois abstraits limite absurdes, sans prise de tête toutefois conscient d’un héritage africain bien réel.
Disque culte et incontournable qui affirme l’avant gardisme dont fait preuve De La Soul depuis le début. 3 Feet High And Rising a en réalité changé le monde du rap l’amenant là où on ne l’attendait pas forcément.
The rest is History.