À l’occasion de la sortie premier volume de la Boulangerie 20/20, « Thèse », Dj Weedim se raconte dans un portrait 4X3. Dj pionnier qui célèbre depuis de nombreuses années la scène rap française décrypte son nom, son parcours et revient sur les débuts de la Boulangerie. Un artiste à part entière, fidèle à lui-même avec de nombreuses cordes à son arc. ET en plus de tout ça, c’est un mec cool.
Réalisation par : Mehdi Sotot – Co-réalisation & Mots : Esther H. – Crédits Photo : Nicolas Prado
»J’ai jamais voulu plaire à la masse. J’fais mon truc. T’aimes ou t’aimes pas… »
À l’époque où Joey Starr te découvre, tu n’as que la casquette de Dj. Qu’est ce qui t’as donné envie d’aller plus loin?
Faire de la musique et mes morceaux, tout simplement. Je dirai aussi l’accessibilité à faire de la musique. À l’époque, il fallait beaucoup de matos puis est arrivé ce game d’ordinateurs et de programmation sur ordinateurs. Ça a tout changé. Vu que je suis Dj, j’avais envie de faire mes morceaux. Plus besoin d’être un grand technicien ou d’acheter des claviers, mpc…
« Dj Weedim c’est Dj Weedim. C’est pas le Dj de qui que ce soit en fait. »
En France, on a tendance à mettre les artistes dans des cases. Tu n’as pas été une exception. On t’as catalogué comme étant principalement le beat maker d’Alkpote et Vald. Comment on brise ces préjugés?
Justement, t’as tout à fait raison. Je collabore avec des artistes pendant un temps et tu deviens tout de suite le Dj de…, le beat maker de… Dès que tu bosses avec quelqu’un d’autre, tu devient un horrible traitre. Tu sais, c’est vraiment ça. C’est assez spécial. Comment on contre ça ?! Quand les gens voient que tu rebosses avec ceux avec qui tu bossais un ou deux ans avant, ils se disent « ah merde, on a juste halluciné de ouf en fait ».
C’est un peu relou et justement le fait de mettre mon nom en avant, c’était aussi pour ça. Dj Weedim c’est Dj Weedim. C’est pas le Dj de qui que ce soit en fait. Un rappeur quand il fait un featuring avec un mec, c’est un feat. On pourrait dire que je fais des featurings en terme de beats et de prods avec des artistes.
Tu n’es pas un beatmaker classique qui préparent des packs pour les balancer ensuite aux artistes. Est ce que ça a été dure d’imposer ta différence ?
Pas du tout. La musique c’est aussi des relations humaines. Il y a des mecs avec qui tu accroches et d’autres non. En fin de compte, c’est aussi ça. Des affinités avec des gens qui te permettent de bosser et faire sortir des morceaux. Les mecs viennent vraiment au studio pour ce flavor là. Pour avoir la pâte Dj Weedim. Je fais les trucs à ma manière et certains recherchent juste ce truc là. C’est comme Youri, il voulait vraiment faire un EP avec moi, avoir 8 titres produits par Dj Weedim. Je bosse avec les gens qui ont envie de bosser avec moi, tout simplement.
« L’idée c’est de mettre tous les ans la lumière sur les « incomers » comme diraient les américains. »
Parlons un peu de la Boulangerie Française. Comment est-elle née ?
Au début, je faisais des compils. La première s’appelait « Smocking Dubs », c’était même pas mixé. Juste des trucs que j’avais dans mon ordi et que je faisais avec mes potes à droite à gauche. L’idée c’est de mettre tous les ans la lumière sur les « incomers » comme diraient les américains. On a sorti un premier volume et ensuite il y a eu la Boulangerie Française vol.1. Là pareil, c’était un truc (une mixtape) que j’avais donné gratuit sur le site Haute Culture.
Et puis finalement, le truc a marché, enfin les gens ont écouté et se sont dit « ah ouais, un Dj français qui produit des artistes français, des gars pas connus ». Il y a eu un petit engouement puis j’ai fait le vol.2 et aujourd’hui, on en est là. Je voulais pas faire la Boulangerie 3, j’aime pas les suites et il faut évoluer. La Boulangerie 20/20 est en 3 parties, 23 morceaux ça faisait beaucoup d’un coup.
Team pain au chocolat ou chocolatine ?
Qu’est ce que c’est que ça ?! Ah oui ! *rires*. J’ai beaucoup d’amour pour nos amis du 33, quand je suis là bas je mange des chocolatines et quand je reviens ici, à Paris, je mange des pains au chocolat !
Sur Macintosh en featuring avec Alkpote, tu kicks de nouveau. Qu’est ce qui t’as motivé à sortir de l’ombre ?
Les refrains, j’en ai déjà fait pleins. il y a pleins de titres que j’ai fait avec Alkpote et d’autres gars sur lesquels je faisais les refrains. Sur ce morceau, j’avais fait un couplet et un refrain puis je les ai fait écouté à Alka. Il m’a dit « ça tue de ouf ! », il a accroché direct et s’est mis à poser son couplet. Je lui ai dit « va y on vire mon couplet et on en refait un autre ». Il m’a dit « non tu laisses ton couplet ! ». Donc Alka qui me dis ça, écoute on laisse ! Je trouvais ça marrant, je ne suis pas rappeur à la base.
« Le matériel est devenu de plus en plus performant mais je trouve que les mecs jouent de moins en moins bien. »
Ton regard actuellement sur le métier de Dj ?
C’est très rare d’avoir une identité telle en tant que Dj. Personne ne va dire « Wow ce Dj là… ». À l’heure actuelle, il y a deux scènes, la scène clubbing et ceux qui vont voir une scène en particulier. En soirée, les gens veulent écouter ce qu’ils écoutaient dans leurs bagnoles. Alors que dans la techno, les gens viennent pour écouter tel Dj, précisément. Dans le rap, à l’époque où j’ai commencé, il y avait encore ce truc là. Même si aujourd’hui certains Djs sont devenus des superstars. On a Myth Syzer qui fait son truc, par exemple.
Mais tu vois, aujourd’hui, le matériel est devenu de plus en plus performant mais je trouve que les mecs jouent de moins en moins bien. Les enchainements, personne ne garde le tempo, ça passe du coq à l’âne. On capte plus rien. Maintenant, t’as des machines qui te font caler 2 morceaux et les mecs arrivent pas à caler deux beats. Je comprends pas ! La technique ne fait pas tout.
Un conseil que tu aurais aimé que l’on te donne à tes débuts ?
C’est pas vraiment un conseil, c’est plutôt les tutos Youtube. Si ça avait existé 10 piges avant, ça aurait été génial ! À l’époque, on devait se creuser la tête pour le moindre truc.
Antithèse, second volet de la Boulangerie 20/20 est d’ores et déjà disponible. À écouter d’urgence. Pour la suite et fin, rendez-vous en mai.
Un GRAND merci à Dj Weedim et au Gibus.