Lazuli, c’est l’histoire d’une artiste qui a fait le pari de changer de vie grâce à la musique. Tout commence il y a deux ans, lors une soirée d’ennui entre pote, un micro est posé dans un coin et une jeune femme se sent l’envie d’oser. La technique est hésitante, le style est à trouver mais le cap est franchi : Lazuli est prête à partager son monde en musique.
Après la sortie de 2 projets Zéro et Cardio, Lazuli est de retour avec une mixtape de 11 titres, aux sonorités reggeaton, baile trap et enflammées. Pari réussi pour la jeune lyonnaise, Lazuli a réussi à nous rendre tous.tes toqué.e.s de Toketa. Rencontre.
Comment vas-tu ?
Écoute ça va. Je suis excitée, j’ai hâte que les choses sortent !
Un petit mot pour nous qui tu es ?
Qu’est ce que je peux dire (rires) ? Moi c’est Lazuli, je suis franco-chilienne, c’est très important de le préciser car mes influences musicales viennent de là. Je fais du son depuis très peu de temps et je ne m’attendais du tout à ce qui se passe, ce n’était pas vraiment prévu ! C’est un peu arrivé dans ma vie comme ça, du coup je profite à fond.
J’ai lu dans un article qu’avant de te consacrer à la musique, tu travaillais dans la chimie…
Oui, j’étais analyste textile dans un laboratoire.
Et tu as pris le micro pour la première fois il y a seulement 2 ans ?
Oui, c’était pendant le confinement en 2020. Je me suis retrouvée au chômage technique. J’ai un entourage qui fait du son, ça s’est fait à ce moment-là.
Un jour je n’avais rien à faire et il y avait le micro qui me regardait… Je l’ai fait pour rigoler, j’ai essayé un truc et ça a été une découverte incroyable ! Je me suis dit : “Mais attends, comment je n’ai jamais pensé à faire ça avant ?”. Tout le monde s’attendait à ce que ça soit nul, mais au final c’était pas si mal.
Après ça, j’ai eu envie de faire du son, mais vraiment tous les jours. Et oui à force j’ai commencé un peu à trouver ma voie, à commencer à écrire…
Mon binôme Izen a commencé à prendre le truc en main de façon carrée car il avait l’habitude de développer des artistes.
Je n’attendais rien de tout ça, ça partait d’un simple délire. Dès qu’on a sorti le premier clip, j’ai eu des demandes de concerts, des rendez-vous en label… C’est là que j’ai réalisé. Depuis j’ai quitté mon taff et je ne fais plus que ça.
A quel moment tout cela t’a semblé réel ?
Je pense que la première fois c’était quand je suis partie au Brésil. On a clipé et ça a tout de suite pris une autre dimension en voyant les images. Je dirai aussi, après mes premiers rendez-vous label et ma première date sur scène. Le public était à fond et j’ai trop kiffé ! Avant ça j’avais un bon travail mais je m’embêtais, je ne me projetais pas… Aujourd’hui, j’aime faire de la musique et j’ai peut-être enfin trouvé ma place.
Avant de parler de ton séjour au Brésil, j’aimerais revenir sur ton style de musique. Comme tu as commencé il y a peu, comment tu le décrirais ?
Je ne sais pas vraiment, j’aime beaucoup faire des hybrides. J’aime bien faire des trucs un peu chelou (rires). A chaque fois que l’on me fait écouter des prods, celles qui me marquent, sont celles un peu mystiques. Je dirais que j’aime bien faire de la musique dansante avec des percussions, j’aime bien quand ça fait bouger. Je n’ai pas beaucoup de sons très tristes, je ne fais jamais de piano voix, je ne suis pas nostalgique.
Ta musique s’inspire du Baile Funk, du Reggaeton,… Qu’est ce que ces styles de musique t’ont apporté ?
Mon père est chilien, il est arrivé en France pendant la dictature de Pinochet. Là où l’on vivait il y avait une grosse communauté de Chiliens et depuis petite on m’emmène dans des soirées latinos. Depuis toute petite, j’ai été bercée par ses sonorités reggaeton, salsa,… Je pense qu’inconsciemment je suis attirée par ce genre de sonorités. Par exemple, dans mon projet « Zéro », tu peux retrouver beaucoup de sons Baile-Trap. J’ai quand même l’impression de faire des sons hybrides, ce n’est pas totalement reggaeton ni baile-funk. Je trouve que c’est un mélange de plusieurs sonorités.
En parlant de tes influences, si tu devais partir sur une île déserte demain et ne prendre que 3 artistes avec toi tu prendrais qui ?
Sans hésitation, je dirais Daddy Yankee. Pour moi c’est LE King du reggaeton. J’aime bien écouter les sons à l’ancienne, je ne suis pas trop à l’affût des sorties. Je te dirais aussi Aya (Nakamura), je saignais son dernier projet. Et puis, parce qu’elle vient de retourner le Super-Ball, Rihanna !
Tu me parlais de ton voyage au Brésil, c’était quoi le projet dernière ce séjour, tu es partie dans quel état d’esprit ?
On est partis entre potes à sept, dans le groupe il y avait Izen, le producteur et un de mes potes réalisateurs. On a profité d’être sur place pour faire des visuels. De base on devait rester deux semaines mais au final on est restés 1 mois et demi à cause du confinement en France. C’était une période compliquée où tout le monde était déprimé, cela nous a permis de nous déconnecter.
Et puis on a pu tourner les clips et c’est là que ça a pris un tournant. Je pense que si j’avais sorti l’EP sans les visuels, je n’en serais pas là.
Un mot pour décrire cette expérience ?
Pour moi c’est une illumination, une révélation. Je me suis dit : « mais en fait c’est ça, c’est ça y est, j’y suis ? ». Je pense que ma prise de confiance est arrivée au fur et à mesure, j’ai gagné en assurance et j’étais prête à assumer ma nouvelle envie de musique.
Tu as travaillé avec King Doudou notamment connu pour sa cola avec J. Balvin (« Negro ») sur ton deuxième EP Cardio, tu peux me raconter comment s’est passée la rencontre ?
Il est de Lyon, comme moi, Izen avec qui je travaille le connaissait. Il est passé en studio, le jour où on faisait du reggaeton, on en a profité pour lui demander son avis. King Doudou, il a quand même un Grammys, il n’a plus rien à prouver, il sait de quoi il parle quand il s’agit de reggaeton.
On a eu un bon feeling et on a commencé à travailler pas mal de sons ensemble. Quand on en a eu assez, on s’est dit qu’on allait faire un EP. Ça s’est fait naturellement, de façon très organique.
Ton troisième projet s’appelle Toketa, ça veut dire quoi?
Toketa, c’est un mot qui n’existe pas, mais pour moi, ça veut dire un peu « toqué », un peu « fou ». Le message plus profond serait vraiment de se libérer. Libère-toi de tes chaînes et vis ta vie pour toi. Fais ce dont tu as envie !
J’ai cru comprendre que la sortie de ce projet a failli ne jamais voir le jour, car tu t’es fait voler toutes tes prods…
Oui, c’est ça ! C’était pendant la release party de Cardio. A la fin de la soirée on se rend compte que l’ordi avec les prod a disparu. En regardant les vidéos de surveillance on voit bien que l’ordi à été volé. voulais. Izen n’avait aucun backup, que les fichiers MP3… C’était impossible de repasser dessus, plus de miss, plus de voix, plus rien…
Au début, on s’est dit : « Bon bah, on va tout jeter, tant pis rien ne sortira ». Au final, on a fait machine arrière car sur les 2000 prods et les 60 sons, il y’en avait qui méritaient d’être entendus. C’était important d’en sortir quelques-uns pour que l’on puisse comprendre mon évolution musicale et ma musique. On a réussi à choisir les sons les plus aboutis et on les a passés au mastering.
Tu te dis quoi à ce moment-là ?
Moi je suis ultra spirituelle. Je pense que ça a été ma force à ce moment-là. Je crois vraiment que rien n’arrive par hasard. J’ai cherché le bon dans cette situation. Si cela ne nous était pas arrivé, Toketa ne serait jamais sorti dans sa forme actuelle. Finalement la personne qui nous a volé et qui a voulu nous nuire, a réussi à créer un projet.
Je pense vraiment que rien n’arrive par hasard. Quand il arrive un truc, tu ne peux pas forcément le contrôler, mais tu peux contrôler la façon dont tu vas réagir. Le fait d’avoir rebondi rapidement, Izen s’est acheté un ordi, 2 jours après on refaisait du son.
Quels sont les thèmes que tu as souhaité mettre en avant sur ce projet ?
Comme c’était pensé de base comme un medley de soixante sons répartis en une année, je ne me suis pas focus sur une thématique précise. Il y a de tout, des choses un peu plus tristes, des choses parlant de relations humaines, amoureuses. Il n’y a pas une ligne directrice.
Quand tu parles de relations, c’est des choses que tu vis, que tu as vécu, des choses que tu fantasmes…
Il y a des choses que je vis à des choses que je vois vivre par d’autres. Il y a des choses que j’imagine parce que si je devais raconter seulement ce que je vis à part, j’aurais plus grand chose à dire (rires). J’ai besoin de trouver de l’inspiration et les gens sont inspirants.
Le fait d’écrire t’a-t-il aidé à comprendre un peu mieux les relations humaines et amoureuses ?
Ça aide. Ça m’est déjà arrivé de faire une session et de voir ça comme une thérapie. Quand tu fais une session en mode sons de club, c’est forcément thérapeutique parce que tu t’amuses ! J’ai déjà été peinée, et le fait de pouvoir écrire ce sentiment, de le raconter, ça décharge.
Pour moi, toute forme d’art, c’est un moyen de s’exprimer. Donc forcément, quand tu fais du son, ça me fait du bien.
Tu parlais d’évolution entre tes 2 premiers EP, tout à l’heure. Même si tout est allé très vite pour toi depuis 2 ans, comment te sens-tu évoluer musicalement ?
Oui bien sûr. Déjà sur la manière dont je pose ma voix. Ma confiance en moi parce que quand c’est nouveau tu ne te sens pas vraiment légitime. Il y a des personnes qui travaillent dans la musique depuis 10 ans, 20 ans, d’autres qui chantent depuis 5 ans… Ce n’a jamais été mon cas car tout m’est tombé dessus très vite.
Aujourd’hui je me sens légitime et bien dans ce que je fais. J’ai plus confiance en moi dans la manière dont je pose, et même dans l’écriture. Je pousse un peu plus, j’essaie de sortir de ma zone de confort pour proposer le meilleur de moi-même. Aussi sur scène, car au début j’étais très très stressée.
Et c’était comment la première scène ?
Oh my God (rires), j’étais tellement stressée ! Mais c’était trop bien ! Si ça n’avait pas été cool, je pense que je ne l’aurai plus jamais tenté. La première, je ne savais pas trop ce que je foutais là. L’adrénaline à pris le dessus sur le reste au final. C’était incroyable de me dire que j’avais un micro, que j’allais chanter ma musique devant des gens. On avait sorti le projet depuis seulement une semaine, donc je n’étais pas vraiment préparée.
Je me suis aussi dit quand on m’a proposé le truc que je n’avais rien à perdre ! Soit t’y vas, soit tu n’y vas pas mais à un moment il faut trancher. Mon intuition m’a dit : « tu n’as qu’une vie, si cela t’arrive, c’est pour une bonne raison; allez vas-y ! ».
Pour revenir à ton à ton projet Toketa, est-ce que tu as un son que tu affectionnes peut-être un peu plus que les autres ?
Mon son préféré c’est « Toketa » et j’aime beaucoup « Doudou » aussi. J’aime beaucoup les sonorités de la prod de « Toketa » et l’énergie que j’y mets dedans.
C’est 2 sons très différents…
Ils n’ont rien à voir (rires). Je pense qu’ils représentent bien mes différentes facettes.
Toketa, c’est beaucoup plus agressif, ça tape ! On peut retrouver une attitude, un peu d’arrogance dans les paroles et de détachement. « Doudou » c’est très sensuel, c’est love. J’explique un peu comment est censé me laisser faire pour que je gère le truc. Pour moi c’est deux opposés qui représente bien une relation, car une relation ce n’est pas lisse, il y a forcément des contrastes.
C’est important pour toi en tant qu’artiste et artiste féminine d’exprimer et d’assumer ton désir dans tes sons ?
Pour moi parler de manière cru de sexe et de désir ça fait partie de la vie. Pourquoi je m’empêcherais d’en parler alors que ça nous concerne tous ? Si j’ai envie d’en parler, j’en parle. La vie doit être vécue comme j’en ai envie, je ne vais pas me brider pour les gens. Si cela ça dérange quelqu’un, il n’écoute pas. Je me fiche un peu de ce qu’on pense de moi parce que je sais qui je suis. Il y a une forme de liberté aussi à aborder ces thèmes, quand un artiste s’assume, ça fait du bien.
On a parlé de ta musique, j’aimerais que tu m’en dises un peu plus sur ton univers visuel. Tu proposes des choses très intéressantes visuellement, notamment sur l’un de tes derniers sons « Shake It », comment décrirais-tu ton univers ?
Je pense avoir envie de marquer autant dans le côté musical que visuel. J’adore la mode, l’art en général, j‘ai forcément envie de proposer un projet 360°. Mon univers est un peu futuriste mais en même temps sexy. J’aime aussi y mélanger l’aspect « guerrière », une amazone qui s’assume entièrement. J’essaie de faire transparaître mon côté humain, car je sais que l’image que je donne peut paraître parfois froide et dure. J’ai vraiment envie que mon public capte mes deux facettes. J’ai pas peur d’assumer mon côté sexy, mon côté « femme » et guerrière. Ce n’est pas parce que je suis une go et que je porte des jupes que je ne peux pas me battre.
Tu as des créateurs avec qui tu aimes travailler ?
Depuis mon EP Cardio, je travaille avec Georgie Salama. Elle est devenue ma styliste, je ne porte quasiment que ses vêtements. En ce moment, je commence à porter aussi des pièces de créateurs mais cela reste en grande partie les sapes de Georgie. C’est elle qui m’a habillée pour la tournée. On a vraiment une belle alchimie. J’adore sa créativité, ça match totalement avec mon univers ! Pas besoin de mots pour se comprendre, elle sait exactement ce que j’ai en tête. Je pense que je vais travailler avec elle pendant longtemps.
Et du coup c’est quoi le « Lazuli style » en 3 mots ?
Je te dirais « amour », parce que je pense que c’est la raison pour laquelle je suis ici, sur cette terre. Parfois c’est dur de trouver un sens à ta vie et j’ai vraiment l’impression d’être là pour donner. J’ai envie que les gens me voient comme une personne qui les pousse à croire en eux, en leurs rêves. Je dirais aussi «liberté », si tu as envie de faire quelque chose alors fait le ! Et puis, je dirais la « danse », quand je vais au son, j’ai envie que les gens puissent kiffer dessus et danser.