Le nouveau projet du rappeur algérien MTL implanté désormais au Canada vient de sortir et il se nomme : « Disque Vert » ; un hommage à ses origines algériennes et à sa famille. Pour l’occasion, nous avons discuté avec lui, quelques minutes avant la sortie de celui-ci.
C’est qui MTL ?
MTL c’est moi. Un rappeur originaire d’Algérie (Constantine) mais qui a déménagé au Canada quand il avait 4 ans. Très jeune donc, j’ai vécu à Montréal et vers mes 18 ans j’ai dû déménager à Toronto pour le travail après certaines péripéties (rires). C’est à ce moment-là qu’on a commencé à m’appeler MTL car je viens de là-bas et qu’il n’y a peu de personnes de Montréal à Toronto.
Quand est-ce que t’as réellement commencé la musique et à quel moment est-ce que c’est devenu sérieux ?
J’ai commencé en faisant des freestyles dans les toilettes de l’école. On écrivait pendant les cours et dans les toilettes on faisait des battles. Et puis, j’étais vraiment bon. À chaque battle je surprenais les gens, etc. Donc ça me motivait et puis j’aimais vraiment ça. Au départ c’était simplement pour le plaisir, c’est devenu sérieux à Toronto, j’avais 20 ans. J’ai essayé et c’est là que j’ai compris qu’il y avait quelque chose de sérieux à faire dans la musique.
J’aimerais que tu me parles de ton enfance et du lien que t’as eu avec la musique.
J’ai eu une enfance d’immigré. Aujourd’hui Montréal c’est une ville multiculturelle, mais c’était pas le cas à l’époque, c’était assez raciste à vrai dire. C’était difficile, on a vécu la misère, vivre à 5 dans une chambre, etc. Mais je suis reconnaissant envers ma famille car j’ai tout-de-même bien vécu.
Et puis en ce qui concerne la musique, à la maison il y avait principalement de la musique arabe.
T’as parlé de tes origines algériennes, quelle place est-ce que ça a dans ta musique ?
Je suis patriote à fond, j’adore mon pays et donc je le représente dans ma musique. Je tiens à ce que les gens sachent d’où je viens, c’est important.
On ressent une richesse musicale dans un bon nombre de tes morceaux, parles moi de tes inspirations.
J’ai un style assez variable, je peux passer du rap pur et dur a de l’afrobeat, de la dancehall, je suis polyvalent. Et puis je peux sortir des hits dans chacun des styles. La même chose dans mes paroles, je dis par n’importe quoi dans mes morceaux.
Une de mes plus grandes inspirations musicales c’est Booba, le duc ! Je l’ai écouté toute mon enfance. J’écoutais également de la dancehall : Mavado, Vybz Kartel, etc. Et puis Lil Durk également avec l’autotune. Je l’ai connu avec qu’il explose et ça m’a mis une claque. C’est lui qui m’a fait essayer l’autotune.
Justement, t’as parlé de Booba, qu’est-ce qu’il représente pour toi ?
Pour moi, Booba c’est le 2Pac du rap français. Je l’ai découvert quand j’étais petit, aux débuts.
C’est lui qui t’as donné envie de rapper ou c’était là bien avant ?
Je sais pas, ça se peut très bien que ce soit lui hein ! Je pense qu’il m’a donné gout à l’écriture en tout cas.
Tu t’appelles MTL, prendre le nom de sa ville c’est risqué car tu la représentes. Tu ne peux pas te louper. Comment est-ce que tu le vis, t’as une certaine pression vis-à-vis de ça ?
J’ai une pression constante. Je suis content de m’être démarqué cependant grâce à la fame et la visibilité que j’ai. Quand tu tapes « MTL » sur Youtube c’est moi qui sors, sur Google c’est encore un peu compliqué par contre (rires).
Je le vois comme un challenge, j’ai la tête dure et je ne vais pas changer de nom. C’est justement le fait qu’il y ait de la difficulté qui me motive encore plus. Les récompenses seront encore plus grandes !
Justement tu parlais de ta visibilité, ton morceau « TOOL » avec Savage Plug qui est sorti il y a 2 ans a atteint le million de vues. Comment est-ce que la collaboration s’était-elle faite ?
C’était trop sympa à faire ! Certaines fois c’est difficile et ce succès m’avait vraiment reboosté en motivation. C’est lui en réalité qui m’a contacté, il était bien plus connu que moi et finalement ça s’est fait rapidement. Il m’a demandé si j’avais un son sur lequel ils pourraient collaborer et le jour même je lui en ai envoyé un. Quelques heures plus tard il est directement allé au studio. En un jour le morceau s’est fait et le clip s’est fait dans la semaine aussi. Ça a été shoot avec de gros réalisateurs en plus !
En Algérie ça a vraiment fait le buzz et on m’envoie encore des messages chaque jour pour m’en parler.
MTL, à l’heure à laquelle on se parle, ton EP « Disque Vert » sort dans quelques minutes. Comment est-ce que tu te sens actuellement ?
Je me sens top bien ! J’ai des petites inquiétudes, des questions, mais ça c’est normal. J’ai perdu ma mère il y a deux ans donc ces deux dernières années, je ne suis pas trop allé au studio, je me suis un peu renfermé sur moi-même. Donc pour ce projet, j’ai amassé les meilleures chansons de ces 4-5 dernières années. J’ai pris les hits des hits, le meilleur de ce que j’ai fait. J’ai appelé le projet « Disque Vert » pour représenter mon pays. Il y a le disque d’or, de platine, de diamant, moi j’invente désormais le disque vert qui est dédié à l’Algérie.
T’as un processus créatif en particulier ?
Ça varie mais la plupart du temps, je me pose dans ma voiture, j’écoutes des beats. Des fois ça commence avec une topline et dès que j’ai quelque chose, j’écris un couplet. Dès que ça c’est fait après pour moi la chanson est déjà finie car les refrains je les fait en freestyle au studio. Je tiens à mettre du temps sur les couplets car c’est ce qui amène l’énergie du morceau.
T’es un artiste complet notamment car tu rappes en 3 langues : le français, l’anglais et le dialecte algérien. Ça te vient naturellement ?
Au début non. L’anglais c’est nouveau pour moi, je le parle seulement depuis que je suis arrivé à Toronto. Quand je suis arrivé je ne connaissais pas un mot d’anglais, maintenant je suis totalement bilingue. Mais pour un freestyle, je serais plus à l’aise en français ; j’ai une meilleure terminologie en langue française.
MTL, quand on écoute ton projet « Disque Vert », on ressent vraiment que t’as la dalle, d’où te viens cette volonté de réussir ?
Tu sais, c’est le travail d’une vie. L’amour que j’ai pour la musique n’est même pas comparable au temps et à l’argent que j’y ai mis dedans. La dalle que j’ai viens de la vie dure que j’ai vécu et que je vis toujours, je me débrouille mais c’est toujours compliqué. La famille que je veux sortir de la misère. Je sais que j’ai un gros talent, je peux pas lâcher.
Comment est-ce que tu prépares ton avenir dans la musique ?
J’ai pas de plan établi, j’y vais au jour le jour.
MTL, j’aimerais que tu imagines le featuring de tes rêves. Qui serait l’artiste qui t’accompagnerais et qui serait le producteur ?
Booba direct. Pour les producteurs, j’en connais pas assez donc je préfèrerai que ça soit quelqu’un de mon cercle, pour qu’on puisses monter ensemble.
Et comment est-ce que tu l’imaginerais ce morceau ?
Ça serait un truc d’été, à la « Blanche ». Un truc bien afro, bien été.
Ecrit par Jules M.