Actuellement, une nouvelle tendance maquillage fait sensation sur les réseaux sociaux : le « 92i makeup« . Ce terme, inspiré directement du rappeur Booba et de son influent label 92i, a rapidement capté l’attention des jeunes, des influenceurs et des fans de culture urbaine. Mais pourquoi ce maquillage porte-t-il ce nom précis, et quel lien intime existe-t-il entre cette tendance et l’univers de Booba ?
L’origine du « 92i makeup » et son lien avec Booba
Le « 92i makeup » n’est pas seulement une simple tendance de maquillage. Son origine est marquée par une esthétique controversée qui a d’abord divisé les avis. Ce maquillage, adopté par un certain nombre de jeunes femmes, s’inspire des codes de beauté jugés trop « vulgaires » par une grande partie de la société, à l’instar des sons de Booba et de son 92i.
Au début des années 2016, un maquillage très prononcé avec des lèvres plumpées, un contouring excessif, un smoky eye intense — est devenu une signature de certaines jeunes filles dans les quartiers populaires. Un maquillage qui, selon certains, « en fait trop » et peut être perçu comme ostentatoire, voire kitsch.
Le lien avec Booba réside dans une dynamique plus complexe. Dans ses morceaux, le rappeur a souvent fait l’objet de critiques pour ses paroles qui dénigrent certaines figures féminines, en particulier celles issues de communautés maghrébines. Des chansons comme Boulbi ou Ça va fort ont été pointées du doigt pour leurs propos sexistes, misogynes et racistes, souvent en rapport avec des stéréotypes raciaux.
La provocation dans les paroles de Booba
Un exemple frappant se retrouve dans sa chanson A4, où Booba, dans un accès de provocation, lance : « J’encule vous tous, ma pute, prépare le couscous ». Cette phrase, lourde de sous-entendus, est une illustration de l’attitude dégradante qu’il exprime fréquemment à l’égard des femmes maghrébines.
Le terme « couscous » fait ici écho à un stéréotype raciste bien ancré qui associe systématiquement la culture arabe à la nourriture et, par extension, à une certaine forme de subordination. Ce type de paroles alimente des perceptions négatives et des clichés qui se retrouvent, par amalgame, associés au 92i makeup.
Une identité visuelle liée à la culture urbaine
Tout comme Booba utilise son langage provocateur pour déconstruire les normes sociales, le « 92i makeup » se fait le reflet d’une identité visuelle qui s’affranchit des conventions. Le terme « 92i » est directement lié au code postal du département des Hauts-de-Seine (92), un symbole fort des banlieues françaises et de la culture urbaine.
Ainsi, certaines personnes ont fait un amalgame entre le 92i makeup et l’idée d’une femme de banlieue, notamment d’origine maghrébine, qui adopte un look « excessif ». Ce maquillage est alors perçu comme une affirmation de soi face à des jugements sociaux qui désignent ce type de femmes comme « vulgaire » ou « excessive ».
La stigmatisation et l’affirmation de soi
L’appellation « 92i » a aussi été associée à un stéréotype négatif qui englobe une partie de la population maghrébine des banlieues françaises. Le terme « b-word », souvent utilisé pour décrire une femme d’origine maghrébine, est également venu se mêler à cette tendance.
Au fil des années, ce mot a été stigmatisé et perçu comme péjoratif, mais le « 92i makeup », en s’y associant, participe à un phénomène plus large de réappropriation et d’affirmation de l’identité. De la même manière que Booba utilise sa musique pour revendiquer une identité marquée par la culture urbaine, ce maquillage devient un symbole de l’acceptation de soi face à des normes sociales qui jugent l’apparence physique de ces jeunes femmes.
Entre maquillage et musique : un mouvement revendicatif
Le phénomène du « 92i makeup » ne se résume pas à une simple mode esthétique. Il est avant tout un terrain de lutte où les jeunes femmes des quartiers populaires, souvent confrontées à la marginalisation sociale, trouvent une manière de s’exprimer à travers le maquillage.
Les femmes qui adoptent ce style ne se contentent pas de suivre une tendance ; elles le font en phase avec une culture profondément marquée par Booba, et particulièrement par sa chanson Garcimore. Cette track incarne l’esprit de rébellion et de défiance des quartiers populaires.
Un catalyseur d’expression visuelle
La musique de Booba devient un véritable catalyseur, renforçant la puissance de l’expression visuelle que représente le « 92i makeup ». En se maquillant sous cette influence musicale, ces jeunes femmes ne se contentent pas de se conformer à un look, mais participent activement à un mouvement qui revendique haut et fort une identité visuelle provocante, affirmée, et intimement liée à l’univers de Booba.
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