Le 18 octobre 2024, Joysad a sorti son nouvel album  » L’auteur de mes contes « . Un troisième opus qui clôture en beauté une partie de sa carrière. Dans cette interview, il reviens sur ses débuts, ses prises de risque et son rapport à la musique. Entre introspection et liberté artistique, l’auteur de ses contes nous parle de son projet.

Lilia : Hello Joysad ! Comment tu vas ?

Joysad : Je vais très bien, c’est marrant c’est une question qu’on m’a beaucoup poser. Par rapport au projet, on m’a demandé si j’allais bien dans ma vie. Et ouais, j’me suis jamais porté aussi bien !

Lilia : Dans un premier temps, tu as sorti « L’auteur de mes contes », qui est ton quatrième projet et ton troisième album. À l’heure actuelle, dans quel état d’esprit te trouves-tu ? Que penses-tu des premiers retours, que ce soit en termes de chiffres ou encore de la critique du public ?

Je suis ciblé sur l’album. Dans mon rush pour la promo, et dans l’idée de le défendre en live en 2025. Je suis dans la dynamique défense du projet. En termes de chiffres, c’est ce à quoi on s’attendait. Et puis avec un album comme ça tu cherches pas à faire l’album de l’année.

On a vendu comme on voulais vendre. Sinon au niveau des retours on est archi content, le message qu’on voulais envoyer il passe de ouf.  Y’a vraiment ce côté familial avec les fans hyper proche que j’ai réussi à nouer. J’ai même mis un service de soutient à disposition.

C’est un truc que j’avais envie de capter, voir ou se trouve la communauté de base. Qu’est ce qui leur plaît ? Qu’est ce qu’ils veulent ? J’ai l’impression qu’on a réussi à leur donner tout ce qu’ils avaient envie d’avoir. On a amené un truc assez différent pour chopper tout ceux qui ne m’écoutaient pas avant la sortie de l’album.

Lilia : T’a voulu créer un environnement assez familial et tisser un lien encore plus fort avec tes auditeurs 

C’est ça, et j’ai voulu les choquer avec une autre musicalité aussi. 

Il y a une musicalité très différente de ce que j’ai pu proposé pour saisir un autre public qui ne me connait pas ou qui n’a jamais été intéressé par ce que j’ai pu faire auparavant. On est content parce que ça marche pas mal. On voit qu’il y a plein de gens qui étaient pas là de base et qui montent dans le bateau, ça c’est cool ! Puis ceux qui étaient déjà dans le bateau ils sont fidélisé.

Lilia : Tu nous parles de “nouvelle DA” dans le premier titre de ton album. Comment décrirais-tu l’ambiance de ton projet en quelques mots ?

Je dirais que  » l’auteur de mes contes  » c’est un album avec une ambiance pesante. Un album plein de surprise dans le sens où ça prend pas la tournure que tu pensais. J’ai essayé de prendre les gens à contre pied à chaque fois. Je dirais que c’est un album surprenant, d’une profonde tristesse et qui s’écoute pas si facilement que ça. C’est un album qui, je pense, est soit à entendre en live ou à écouter solo. C’est pas forcément un album que tu vas mettre en soirée pour kiffer avec tes potes.

Autopsie d’un début de carrière

Lilia : Est-ce que cet album peut être vu comme une autobiographie musicale

Il peut être vu comme le bilan d’un début de carrière musicale. Peut être comme une autopsie. Parce que l’autopsie ça ment pas, quand tu essaie de trouver la cause d’un décès t’ouvre et puis tu trouves. Tu vois, je pense que j’avais besoin de ce bilan là pour passer à autre chose. 

Une belle conclusion sans filtre, bien trash. Poétique, onirique, mais trash. J’avais besoin de ça et c’est très morbide encore une fois. 

Lilia : C’est une sorte de journal ou tu fais le bilan sur ta carrière 

Ouais sur la musique, sur ma vie et sur plein de détails que j’avais filtrer auparavant. C’est  mon premier projet où j’ai écris sans penser aux répercussions que pouvais avoir. Avant je n’avais jamais écris un pré refrain ou je dit :  » jvais tout oublier dans son cul ou sa teuch ou sa gorge qui s’étouffe »  . Tu vois, j’avais jamais dit ça. Et puis c’est violent, je me disais mon petit frère m’écoute, ma mère m’écoute. 

Maintenant, j’en ai plus rien à foutre. J’avais jamais parlé de mes idées suicidaire alors que j’en ai eu depuis trop longtemps. Maintenant ça va mieux c’est pour ça que j’en parle sinon j’y arriverais pas. Avant j’en avais jamais parlé alors que j’ai sorti 4 projets et j’me suis qu’il fallait peut etre en parler. J’avais parlé de ma tristesse mais jamais du fait que j’ai déjà essayer de sauter de la fenêtre tu vois.. Je l’avais jamais dit et j’me suis dit c’est dingue parce que j’me légende comme l’artiste honnête, spontané dans ses textes et puis en fait je dit que le quart.

Lilia : Tu dis ce que tu vis 

Oui, donc j’me suis dit que dans la lancé qu’on avais depuis le début, depuis « Fernandez », « Palindrome », « Espace temps », « Transparent » on est dans la trajectoire. J’arrive en fin de contrat avec mon label. On va rester dans cette  » DA  » sans se brider, autant faire la conclusion la plus cru possible. 

Lilia : Mais du coup bilan de d’un début de carrière comme t’a dit. Ca sonne un peu comme la fin du début qui a duré longtemps quand même 5 projets !

J’pense que je compte même pas en nombre de projet. Tant que j’aurais des idées et de quoi les représenter, je le ferais. Y’a rien qui pourra m’arrêter, même si j’ai des idées de merde je trouverais un moyen de les sortir.

Lilia : Ta encore des choses à nous raconter 

Ouais trop de choses, même la pour défendre le projet j’ai trop de trucs qui arrivent. Je dois le faire vivre le plus longtemps possible, j’ai encore plein d’idées et trop de trucs qui vont sortir, plein de trucs cool. On a déjà commencé la avec les « drawings » sur les réseaux, c’est les explicatifs de l’album sous forme de draw my Life avec ma voix et j’explique des anecdotes. J’ai expliqué les 2 ans de création du projet sur le premier, j’ai expliqué comment on a réalisé « on fire » le top track de l’album. La, on en sort un autre ce soir et encore un autre la semaine prochaine c’est des petit contenu explicatifs qui sont dans le thème du projet ce côté tableau peintre artiste quoi 

Lilia : Donc ya vraiment une DA artistique et d’ailleurs super original sur ta promo 

J’essaie ouais, j’ai essayé de toucher à tout et mettre ma patte dans absolument tout que ça soit l’image, la composition des instru, les textes, les flow un peu tout et j’ai une très bonne équipe qui m’aide pour la promo big up à Emma !

Lilia : Pour en revenir à ce que tu disais, sur le fait que ton album soit une sorte d’autopsie et que ça soit écrit de  manière assez brutale. Est ce que c’est pour ça que tu as choisis de ne pas faire de feat dans l’album ?

Je dirais pas que c’est pour ça mais je dirais que ça a un peu légitimé le fait qu’il n’y ai pas de feat. J’ai cherché à en faire des compliqué  vu que ça fait longtemps qu’on bosse sur l’album, presque 2 ans de création. On a essayé de ramener des gros artistes, j’ai des feat avec des poto que je voulais mettre dans l’album. Quand j’ai vu que je n’arrivais pas à saisir les gros noms j’me suis dit écoute pourquoi faire.

Finalement, l’album il s’appelle  » l’auteur de mes contes «  je pense qu’il n’y a rien de plus sensé que je sois tout seul dessus étant donné que c’est mon propre bilan. Les feat j’en ai déjà fait en plus, j’en ai fait des gros et je me suis dit ça sert à rien de foutre deux feat avec deux potes à moi pour faire deux feat. Tant qu’à faire restons dans la DA et sortons pas de feat. Par contre, j’ai des idées pour mes futurs collaborations.

Lilia: Quand tu dis que tu y arrivais pas avec les gros feat c’était dans quel sens ?

C’est chaud de te caler avec eux. Même si tu t’entends bien avec etc ça reste des grosse têtes qui ont tous des sorties ou d’autres trucs. Je suis pas un forceur, j’envoie un message une fois ou deux et si je vois que c’est non c’est non. Tu vois je bombarde pas les artistes, si ça doit se faire ça se fera naturellement.

Lilia : À l’heure actuel, c’est quoi ton process créatif ? Comment tu fais de la musique ?

Alors la freestyle ! Ca viens comme ça viens, ça dépend des sessions. Là par exemple ce soir je vais au studio avec un poto, il m’a déjà envoyé des prod sur lesquelles il nous voyais bien donc je m’adapte. Des fois je reçois des pack ou alors j’ai la chance d’avoir un compositeur avec moi et il fait du sur mesure. Tout l’album est fait sur mesure j’ai tout fait sur place que ça soit l’écriture, la compo, j’étais là pour les mix.

 Pour le coup là c’est vraiment  du pièce par pièce tu vois il fait une boucle guitare il fait un 4 mesure guitare ça commence à me chauffer j’écris un flow, j’écris un texte quelques lignes et on fait vraiment pattern par pattern, c’est pour ça que si tu remarques ya plein de sons dans l’album qui ont pas de structure basique que tu peux entendre à la radio genre * couplet refrain couplet refrain * tu vois ta pas beaucoup de ça dans l’album c’est déstructuré et c’est justement parce que c’est pas fait pour que ça fasse cool à l’oreille. C’est fait pour être surprenant à l’oreille, c’est pas fait pour faire musique de fond.

Lilia : Parmi tous les titres de ton album, est-ce qu’il y a un morceau qui a été particulièrement dur à écrire ou à enregistrer ?

Non pas spécialement, c’est automatique c’est ce que je disais tout à l’heure ils sont tous un peu ressenti les sons. Si ils sont dedans c’est parce que j’ai une intimité toute particulière avec chacun d’eux. Si je les ai noté pour être dans le projet c’est parce que je les sentais bien.

Lilia : T’as déja parlé d’influences musicales dans d’autres interviews. Est-ce que t’as des influences + mindest ? Niveau business ?

C’est hyper intéressant, ouais ya des gens que je trouve hyper inspirant c’est souvent des sportifs. Les grands ingénieurs tout ça, ça me fait un peu flipper genre Elon musk, stephen Hawkins tout ça. Ce qui m’inspire surtout c’est les gens qui se butent pour leurs combats genre monsieur watson le protecteur de toutes les baleines lui il est inspirant ce mec. Tu vois c’est un mec qui est persuadé de son combat et il lâchera pas, je trouve ça cool la deter qu’il a à juste jamais abandonner. Je trouve ça inspirant le fait d’aller de l’avant, tout les mecs qui vont de l’avant je trouve ça lourd les gens qui se posent pas de questions. Keanu Reeves ( acteur & réalisateur )  c’est un tueur ce mec !

Lilia : Donc toi aussi tu vas de l’avant ?

Oui c’est ce que j’essaie de faire parce que j’me suis vachement lamenté dans ma Life. J’essaie de me bouger le cul un peu de me dire que ça sert à rien de chialer et je pense que c’est ça qu’il faut faire.

Un tournant musical pour Joysad

  Lilia : Cet album semble marquer une évolution considérable dans ta carrière. Penses-tu avoir fait évoluer ton style depuis tes précédents projets ?

Ouais beaucoup plus parce que j’ai l’impression de mettre retrouver par rapport aux prises de risques que je prenais quand j’ai commencé les réseaux ya 5 ans. Je faisais que des prises de risque, que des trucs de malade ou j’avais qu’une seule envie c’est qu’on me prenne pour un fou ! Dans le sens où je fais ce que je veux et je calcule plus parce que ça a commencé comme ça et je vais reprendre de cette manière là. 

J’me sent plus à l’aise avec moi même dans l’album, je peux chanter tout mes sons en live sans qu’il n’y ai une lyrics ou deux qui me gêne genre trop cool j’ai retrouvé l’enfant que j’étais.

Lilia : T’es 100% à l’aise avec ta musique avec tout ce que t’écris 

Grave, parce que j’ai eu beaucoup de regrets c’est ça le problème quand tu fais beaucoup de projets et que ton cerveau est encore malléable tu grandis quoi. Premier projet j’avais 18 ans là j’ai 24 donc mon cerveau a changé j’ai écris plein de sons que je regrette plein de trucs que j’aurais pas sorti comme ça.

Lilia : Comme par exemple ? 

J’en parle dans le projet, je dis :  » je regrette d’avoir sorti condamné.  » J’ai même fait une reprise de Sheryfa Luna, mais qui m’a dit oui pour ça quoi ! 

Lilia : Est ce que c’est pas le principe de la vie? Chaque fois de revenir en arrière et de se demander pourquoi on a fait ça ?

Bah ouais ! En plus tu as ce côté un peu mystique de l’album que tu perds. Du coup il y a des albums à moi que je kiffais de fou et 1 an après je me rend compte que ya 2/3 sons c’est du remplissage. J’ai voulu faire ça pour plaire et c’est ce que je déteste. Je m’en étais même pas rendu compte. Jà je poursuis, j’ai pris mon temps et je me suis grave retrouvé et je sais que je regretterais rien. J’en suis sûr et certain. Y’a aucun son dans le projet ou je me suis dit je le fait pour quelqu’un parce que quand tu te dis ça tu calcules meme plus ton propre plaisir. Et tu te dis pas  » ouais nan en fait j’aime pas « .

Tu te demandes pas si tel truc va plaire à tel personne si on va te dire  » trop bien le son, incroyable le son  » c’est ce truc là que j’ai regretté. On m’a pas dit fait ça mais quand je l’ai fait on m’a dit c’est super mais non c’était de la merde. Maintenant on s’est retrouvé et on espère que du positif pour la suite. J’ai fermé un gros livre et on va en ouvrir un autre. Je l’ai pas fermé. Il reste les dernières pages du livre où il faut que je défende l’album en tournée. On a fait un beau développement artistique et maintenant ça annonce que du bon. J’ai envie de rapper autre chose. J’ai tout plein d’envies qui ressemblent pas du tout à ce que j’ai fait avant.

Je vais pas m’en empêcher. J’ai juste envie de me faire kiffer moi je le fais pour ça de base. Je me suis rendu compte que j’étais un gros égoïste au fond de moi. J’essaie toujours de vivre ma vie en fonction de ce que j’aime sans bien sûr déranger les gens autour de moi. Mais, en tout cas je sais que je fonctionne comme ça. Faut que je fasse ce que j’aime sinon je suis malheureux.

Lilia : Est-ce que cet album change ta manière de voir l’avenir ou la suite de ta carrière ?

Ça me met beaucoup moins de pression, mon but c’est pas de percer. Mon but c’est juste de récupérer mes droits et de faire de la musique. Si je perce tant mieux mais tant que ya des gens qui m’écoutent c’est le principal. C’est luidji qui disait :  « Quand ya des gens derrière toi et que c’est toi qui fais ta propre musique, t’es ton propre producteur ta besoin de 4000 personnes par mois pour vivre de ta musique.  » 

En vrai rien à foutre, je veux juste kiffer ma life et faire mon son. La tu vois j’emménage à Toulouse parce que je me rapproche de mon équipe pour faire du live. Jsuis un troubadour dans l’âme. Je sais que suis pas fait pour être Kendrick Lamar ou Drake même si j’le rêve. 

Plus ma musique pètera des frontières mieux je me porterais, et, plus je serais fier de moi. Je sais que je suis un éternel insatisfait. 

Mais en tout cas j’arrête de réfléchir à toujours plus loin je veux juste faire quelque chose de différent et qu’on me salue pour ça.

Lilia : Qu’elle est ta vision du rap aujourd’hui ? tu te vois comment dans cet écosystème ?

Pour moi, on devrait tous être payé 1200 et selon tes stream après tu gagnes +. Même un gars qui fait 3000 stream le mois, bah il devrait toucher son 1200. Il contribue au hip hop. Tu vois les rappeurs comme Gazo tout ça, tu leur met des mega cachets derrière comme ça eux ils se mettent un bête de mois et tout le monde est content. Moi je m’en fiche de gagner des big sacem. J’ai un rapport très particulier avec l’argent, je le dépense tu vois. Je m’en fou, j’aime pas ça, c’est chiant l’argent !

Lilia : Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

Une tournée full et un public hyper à l’écoute, l’objectif ça serait de faire un bataclan cette année. On a réussi à remplir la maroquinerie donc ça pourrait le faire c’est un rêve en tout cas !!