Témoin d’un monde en ruine dégradé par les problèmes sociétaux et environnementaux, Akan emmène ses auditeurs sur une planète de conscience, dans un monde post-apocalyptique. Rencontre avec le jeune rappeur qui nous parle de son tout premier EP, « MAPPŌ ».

L’EP est sorti fin mars, tu es dans quel état d’esprit ?

Très content. C’est le premier alors c’était beaucoup d’expérimental, beaucoup de kiff à faire ces morceaux. C’était assez agréable.

Qu’est-ce que ça représente le MAPPŌ ?

En un mot MAPPŌ c’est le néant, la fin du monde.

Au bout d’un moment je me suis posé et j’ai essayé de trouver la thématique qui se dégageait de tous ces sons, le thème qui ressortait le plus c’était une notion d’apocalypse et de fin du monde. Je me suis renseigné sur les différentes fin du monde parmi les différentes civilisations. Dans une branche japonaise du bouddhisme, MAPPŌ c’est l’impossibilité d’accéder à l’éveil pendant 10 000 ans après la mort du Bouddha, on est donc obligés de rester dans le cycle de réincarnation, cycle de souffrance et d’être spectateur d’une terre qui se dégrade. Je trouvais ça assez parlant avec notre situation, dans le sens où c’est pas en réduisant notre consommation d’eau ou en consommant plus responsable que la terre va miraculeusement être sauvée.

Comment s’est fait l’EP ?

Ça s’est fait au fur et à mesure. Au niveau du processus c’était assez large, j’avais pas de direction qui m’était imposée. On arrivait en session, on écoutait des morceaux qui nous faisaient kiffer et on partait dans cette direction-là. 

Je suis quelqu’un qui est très dispersé et très… Pour ne pas dire hyperactif, je vais avoir beaucoup de mal à faire deux fois la même chose. Donc, j’avais envie aussi sur l’album de faire des morceaux tous différents, en soit qui avaient un thème commun mais tous différents, parce que je me fais vite chier si j’écoute juste un album de jersey ou de drill par exemple.

J’aime bien les projets où t’entends différentes sonorités, où tu vas sur différents horizons musicaux pendant l’écoute et c’est ce que j’ai essayé de reproduire dans l’EP. 

Dans MAPPŌ on peut trouver des morceaux hyper pop comme Tlmnt down, ou alors des morceaux plus ricain comme Mappō ou Jazzman, ou alors des morceaux de rap style nouvelle géné’ du rap français comme La cage. Ou il y a encore des trucs encore plus bizarres et juste expérimentaux comme avec Mado en featuring qui est pas annoncé sur le projet mais qui fait juste les back derrière.

L’EP commence avec une voix d’enfant : d’où est-ce que ça vient ?

La voix d’enfant dans l’intro elle a été créée de moi même, enfin c’est la voix du petit frère d’un de mes potes. On l’a chopé à la sortie de l’école et on l’a enregistré lire un texte (rires).

Je trouvais ça intéressant parce que ça apportait une touche candide, innocente à l’album avec tous les thèmes abordés un peu plus durs.

Dans La cage, deuxième morceau de l’EP, tu dis « Faut qu’j’perce dans le rap avant que ne perce la couche d’ozone ». Tu fais plusieurs références à l’environnement dans tes morceaux, t’es engagé par rapport à ça ? 

Je trouve que notre génération est plutôt spectatrice du monde qui se dégrade, elle est très consciente, très informée et en même temps vachement impuissante et c’est ce sentiment d’impuissance que j’ai voulu exprimer dans l’EP. Un peu comme Orelsan qui parle de soucis que n’importe qui peut rencontrer, je parle pas de problèmes spécifiques. Je parle vraiment de choses communes qui concernent tout le monde. Et je trouve que les problèmes environnementaux ne sont pas mentionnés dans le rap alors que c’est hyper important.

Pour parler un peu plus de toi, tu rappes depuis quand ?

J’ai commencé le rap il y a longtemps à la période de 1995, de l’entourage, de la sexion d’assaut… C’étaient mes inspirations.  Et après j’ai fait un BTS audiovisuel, et une formation en beatmaker où j’ai pu rencontrer Don Maker et Bad Boy, avec qui j’ai travaillé sur Mappo.

Parle nous de tes influences musicales

Mes inspirations sont beaucoup tournées vers la trap US comme Tyler the Creator, Asap Rocky ou Aminé par exemple. Au niveau du rap français je dirais que ce serait Moussa, j’aime beaucoup ce qu’il apporte au rap.

Est ce que tu considères que ce que tu fais est différent de la scène rap francophone actuelle ? Comment qualifierais-tu ton rap et ton univers ?

Je suis hyper content de faire partie de la scène rap français, très reconnaissant par rapport à ça. Aussi très content de voir que le rap soit aussi divers et varié en france, qu’il y en ait pour tous les goûts, chacun peut écouter le rap qui lui plaît maintenant, c’est hyper accessible.

Je suis aussi content de pouvoir montrer ce que je fais, j’appartiens pas à une catégorie spécifique, je fais de l’hyper pop, de l’électro… J’expérimente des trucs, donc je ne me sens pas appartenir à une case mais pas non plus différent. 

Je viens du 93, forcément ça va s’entendre dans ma musique, donc je mêle cet aspect du rap français avec de l’électro par exemple et l’univers des US qui m’inspirent, comme je l’ai dit précédemment.

C’est quoi ta plus grande ambition ?

Un Zénith ! Si c’est possible faire un Zénith oui, je pense que ce serait ma plus grande ambition.

Retrouve MAPPŌ d’Akan ici.