Alors qu’il a sorti il y a quelques mois son tout premier projet « Jeune OG » aux côtés de son associé Mr Dillinger, DJ MS fait beaucoup parler de lui. DJ, producteur et plus encore, DJ MS se livre à HypeSoul.

Une petite présentation pour ceux qui ne te connaîtraient pas ?

On m’appelle DJ MS. Je suis DJ, compositeur et producteur du label LET ME RIDE MUSIC. Je suis issu de la banlieue parisienne, de Clichy-sous-Bois (93) et je suis d’origine malienne et sénégalaise, d’où « MS ». (rire)

À la base j’ai commencé dans le milieu afro-caribéen, principalement autour des sounds systems reggae/dancehall entre 2005 et 2012, malgré le fait que j’ai été bercé par le rap français depuis l’enfance. En 2012, j’ai décidé de changer de champ de mire et de m’axer sur le hip-hop. Principalement le rap français. Donc depuis, je fais des soirées et plus les années sont passées et plus je me suis axé concerts et festivals. Je suis compositeur et producteur aussi depuis 2021 et j’ai un projet à mon actif, le premier, qui vient de sortir cette année 2023.

T’as sorti un opus qui s’appelle « Jeune OG » il y a quelques mois. Tu peux nous dire ce que c’est Jeune OG ?

Dans un premier temps avec Jeune OG, je voulais montrer ce qu’était ma vision du rap français en 2023. Je n’étais pas dans un calcul de faire des morceaux qui étaient calibrés pour la radio ou autre. Le mood était de rentrer en studio et de faire de la musique comme je la percevais.

Dans un second temps, Jeune OG c’est un mouvement que j’ai créé avec mon associé et ami Mr Dillinger qui se veut être un rassemblement de plusieurs jeunes OG. Des jeunes débrouillards et déterminés. L’idée globale c’est : que tu sois dans la musique (DJ, producteur, rappeur, chanteuse, ingénieur du son, journaliste, réalisateur, graphiste…) ou das un autre domaine (cuisinier, journaliste, infirmière, chauffeur Uber…), ton but est de t’élever. Et ça, tout en ayant de la motivation, de l’énergie, de l’endurance au travail et de la détermination. Si tu veux péter toutes les portes pour aller le plus loin possible : t’es un jeune OG ! « Jeune » parce-qu’on est dans notre jeunesse et « OG » pour Old ou Original Gangsta. C’est une référence à la culture West Coast des États-Unis dont Mr Dillinger et moi sommes très fans.

En gros c’est pour dire qu’aujourd’hui un jeune de 18 ans qui vend deux trois grammes de peuf va déjà se prendre pour Pablo Escobar ! (rire) Donc en fait, c’est l’idée d’être jeune mais de déjà se prendre pour un OG. Là je parle de choses illicites, mais ça se retrouve également dans tous les domaines légaux. Par exemple un jeune rappeur ou compositeur va faire un morceau qui va un minimum fonctionner avec quelques « K » sur YouTube, il va déjà se prendre pour Snoop Dogg, Jay-Z, Kendrick Lamar ou Dr Dre (rire). Mais dans le fond je pense que c’est positif tant que ça développe de la détermination. Quand on est jeune on est fougueux, on a faim on a envie de tout casser ! (rire)

Comment s’est faite la sélection des artistes ? 

Déjà un grand merci aux 24 artistes qui ont répondu présent sur ce projet (Negrito, Kodes, Couli B, Malty 2BZ, Cinco, Cheu-B, Prototype, Kai Du M, Denzo, Le Juiice, C.O.R, Shotas, Leonis…).

On a fait appel aux rappeurs qui faisaient partie de mon entourage et de l’entourage de Mr Dillinger. Tous les rappeurs sur le projet sont des rappeurs qu’on connaît de près ou de loin. Un autre pré requis logique, il fallait que Mr Dillinger et moi, on apprécie ce qu’ils proposaient artistiquement. Moi, vu que je suis pas rappeur, mais compositeur et producteur, il fallait trouver les artistes avec qui j’aurais pu collaborer pour pouvoir faire les morceaux que j’avais en tête. On aurait pu faire appel à d’autres rappeurs qu’on connaissait pour participer au projet mais ils ne correspondaient pas à la direction artistique que je voulais prendre pour ce projet là.

Dans un second temps, j’ai fait le choix avec mon associé et co-producteur Mr Dillinger (à la tête du label Don Dilli Record), de prendre ni des rappeurs qui viennent de commencer, ni les plus gros rappeurs français du moment. On voulait vraiment être dans un entre-deux. C’est-à-dire que ces rappeurs sur le projet sont dans leur ascension, et c’est idem pour Mr Dillinger et moi-même en tant que producteurs. On trouvait que ça offrait une bonne symbiose. Qu’on pouvait faire matcher plusieurs univers avec les nôtres et faire les meilleurs morceaux possibles. J’ai sélectionné tous les genres de rap français que je kiffais : drill, trap, mélo, turn up, morceaux lyricistes/conscientsUne fois que j’avais ces axes-là, il fallait juste produire des prods dans ces styles et trouver les artistes en adéquations avec ce que j’avais composé.

Quel a été le processus créatif du projet ?

C’est un projet que j’avais déjà imaginé quatre-cinq ans en arrière dans ma tête. J’avais pas mal de notes et d’idées en stock qu’il fallait assembler. Puis quand j’ai fini les travaux de mon studio de compositeur et DJ en 2021 pendant le covid, Mr Dillinger était passé au studio pour fêter ça, histoire de boire un verre. Puis, on s’est dit que maintenant on avait tout (studio, un réseau, des compétences…) pour produire et réaliser notre premier projet. En gros c’était un alignement de planètes ! (rire)

Quelle ambiance de travail t’as eu avec les artistes du projet ? 

Ça s’est hyper bien passé sur la construction du projet. Je prenais des grosses séances de nuit de 20h – 6h du matin, on a enregistré la majorité des titres (13 sur 19 titres) et mixé intégralement le projet dans le même studio à Paris Porte des Lilas, au Feenix Studio. C’est le studio où Ninho a mixé pas mal de ses projets à succès, il y a énormément d’autres gros rappeurs qui ont enregistré là-bas. L’ingénieur du son qui nous a enregistré est quelqu’un avec qui je m’entends très bien sur le plan artistique et technique.

Il y a six morceaux qu’on a enregistré dans d’autres studios à défaut de disponibilité du Feenix Studio. Je composais les prods dans mon studio dans le Let Me Ride Studio, certaines seul et d’autres avec d’autres compositeurs. Je faisais des palettes de 3-4 prods par artistes, puis quand on arrivait au studio, la première heure était pour échanger artistiquement avec les artistes, leurs donner ma direction artistique que j’avais en tête pour la réalisation des morceaux, ensuite ils écoutaient les prods, en choisissaient une et let’s go ! On n’a vraiment pas eu de soucis là-dessus. Tout a roulé comme sur des roulettes, idem pour les mixs et le mastering du projet, c’était juste parfait et très enrichissant artistiquement et techniquement !

Comment t’as trouvé l’équilibre entre rester fidèle à ton style et adapter tes prods aux préférences des rappeurs ?

Comme c’était mon premier projet, je partais du principe que quand t’as jamais rien sorti avant, c’est difficile d’affirmer son style dès le premier projet. Je me suis dit : je vais au studio sans stress, et je fais de la musique comme ça sort à l’instant T. Quand j’ai fait appel à eux, c’est aussi par rapport à leur style de musique. Par exemple, pour Le Juiice, faire un morceau turn up, c’est logique car c’est son style donc on se comprend de suite. Pareil avec Negrito, Kodes ou Kai Du M, avec qui j’ai fait des morceaux drill, c’est leurs styles donc ça va tout droit ! C’est pas comme si je leur avais demandé qu’on fasse un morceau super mélodique alors que ce sont des rappeurs qui font de la drill.

Comment t’as fait pour faire comprendre avec tes mots aux rappeurs ce que t’attendais d’eux ?

C’était très easy parce-qu’ils ont eu affaire à un DJ qui savait exactement ce qu’il voulait, mais qui n’est pas rappeur. J’ai dû décrire avec mon vocabulaire ce dont j’avais besoin en termes de morceaux et leur but était de me retranscrire artistiquement ce que je voulais tout en apportant leur vision, car ce sont de vraies collaborations artistiques. Tous les morceaux se sont fait avec les artistes en studio.


Par exemple, pour Leonis je lui ai dit : imagine toi un petit de quartier qui sort de chez lui, qui vient de vivre un problème familial comme on a tous connu. Quand il descend en bas de son hall, il se met à l’écart de ses potes car il a juste envie d’écouter de la musique pour regagner de la pêche. Le morceau de Leonis est là pour donner de l’espoir et de la motivation à ces jeunes là. On veut qu’ils se disent « Ok, aujourd’hui y a une galère, mais c’est juste un moment d’une vie, reste fort ça va aller avec du courage et de la détermination ».

Le ou les morceaux que t’as le plus kiffé ?

Très compliqué comme question car je les aime tous ! (rire)
Je te donne mon Top 10, dans le désordre :

  • Jeune OG feat. Negrito & Kodes
  • Too Real feat. Cinco, Dinero & Big Trae
  • Ça Bosse feat. Kai Du M
  • Everyday feat. Couli B
  • Top Boy feat. Deeloc
  • Get Up feat. Le Juiice
  • Dis-leur feat. Denzo
  • La Calle feat. Malty 2BZ
  • Dans La Zone feat. C.O.R & Craky
  • On vient d’en bas feat. Leonis

Au niveau des clips, t’as eu une certaine liberté pour la réalisation ?

Oui totalement, j’ai fais ce que je voulais vu que je suis mon propre producteur (rire). Par contre, j’ai fait le choix de faire appel à une boîte de production vidéo, qui m’a appuyé sur le plan technique et logistique de la réalisation de clip. J’avais des axes bien précis sur l’univers global que je voulais visuellement et les réalisateurs m’ont apporté de la profondeur dans chacun des clips.

Pour parler un peu plus de toi, comment définirais-tu ton univers ? 

Mon univers est très street. C’est le rap français qui m’a bercé depuis tout jeune via des rappeurs comme Ärsenik, Booba, Mac Tyer, Despo Rutti, Ninho, Nessbeal, Salif… C’est un mélange entre de l’égotrip et des morceaux qui ont du sens. Des fois, t’as besoin de te vider la tête, de faire la fête. Je suis DJ, en faisant de la scène c’est logique que je fasse des sons comme ça. Mais je trouve aussi important de faire passer des messages via des morceaux plus conscient.

Par exemple, pour Le Juiice, j’ai fait appel à elle parce qu’elle est « femme et noire » et qu’elle a une certaine fierté et arrogance d’affirmer ces deux facettes d’elle même. Étant noir, c’était important pour moi de donner de l’espoir à mes sœurs des générations qui viennent après moi. Quand on voit le paysage médiatique français, les femmes ont une petite place et les femmes noires encore moins malheureusement !

Bien évidemment t’as des influences musicales ?

Bien sûr, en producteur j’ai beaucoup d’influences américaines, comme Dr.Dre, Daz Dillinger, ou DJ Quik! Qui sont des gros producteurs de rap West Coast, G-Funk et gangsta rap. En France, ce serait Djimi Finger qui a beaucoup composé pour Ärsenik, l’un de mes groupes préférés que j’affectionne particulièrement.

Petite anecdote, le cover de mon projet « Jeune OG » est une référence au premier album « Quelques Gouttes Suffisent » d’Ärsenik, s/o le Secteur Ä ! Et pour donner des noms plus actuels, je dirais un ami qui s’appelle Heizenberg avec son binôme Chapo. ils font partie des plus gros producteurs français du moment.

C’est quoi les éléments clés que tu recherches dans une prod pour qu’elle te plaise ?

L’émotion et l’énergie. C’est primordial.

En tant que DJ et Producteur, j’ai décidé de faire du pur rap français dans un premier temps. Pas de la musique de club! Car quand j’analyse le marché actuel, 90% des DJs qui produisent dans l’urbain, font tous de la musique de club. Pour me différencier de mes collègues DJs, j’ai préféré m’orienter vers le rap français sachant que j’accompagne aussi beaucoup de rappeurs français sur scène (Sadek, Niro, Mac Tyer, Kodes, Cheu-B…) , donc c’était évident.

Il est souvent dit qu’on ne donne pas assez de crédit aux beatmakers, comparés aux rappeurs/chanteurs. Est-ce que ça te dérange d’avoir moins d’exposition qu’eux en tant que beatmaker ?

Pour moi c’est pas péjoratif de dire qu’on est derrière les rappeurs. Parce qu’un rappeur, au delà d’écrire, il expose sa vie sur les réseaux. Il se montre beaucoup sur le cadre amical ou familial. Un artiste c’est quelqu’un qui se livre beaucoup à son public en plus de sa musique. Nous les beatmakers, au delà de composer de la musique, on n’a pas besoin de se montrer autant qu’un artiste.

Après il y a des beatmakers qui le font mais c’est parce-que c’est dans leur nature. Moi je suis quelqu’un d’assez discret, j’aime pas trop m’étaler sur ma vie, c’est ma personnalité, c’est ma nature. Au-delà de ça, ce qu’on demande à un beatmaker à la base c’est de composer des putains de prods et de les proposer aux artistes pour faire les plus gros morceaux possibles. Alors qu’à un artiste, on lui demande beaucoup plus que ça. Donc je n’ai vraiment aucun problème avec ça.

En dehors de la création musicale, tu fais quoi d’autre ?

J’ai ouvert mon label de production et d’édition en 2021, LET ME RIDE MUSIC, et mon studio, le LET ME RIDE STUDIO, qui vont bientôt fêter leurs trois ans. Le nom est une référence à un morceau de Dr. Dre qui s’appelle «Let Me Ride ». C’est un très gros hit planétaire et qui fait parti de mon top 5 de mes classics West Coast des années 90.

Un peu de culture, « La ride » c’est quelque chose de propre à la culture West Coast. C’est le fait de rider (rouler) en voiture ou en vélo avec sa bande de pote en écoutant de la musique et en consommant des choses par très licites hein ! (rire) C’est un mood que je surkiffe, que j’ai pratiqué toute ma vie et que je pratique encore ! (rire). Je l’ai appelé ainsi car un label accompagne des humains. Ce sont des rencontres de plusieurs talents, autant des artistes, des compositeurs, des producteurs que des éditeurs. En gros, Let Me Ride veut simplement dire « Laisse moi le volant de la ride ». Viens bosser chez nous et on t’accompagnera là où t’as besoin d’aller.

Tu te vois où dans 10 ans ?

J’aimerais continuer de faire ce que je fais actuellement mais en puissance 10. C’est-à-dire continuer de faire de la scène en tant que DJ, continuer de voyager à travers la France, le monde. De faire des plus grosses scènes de concerts et festivals et à sortir des projets. Je me sens à ma place sur scène donc j’ai vraiment pas envie d’arrêter ce que je fais.


Sur la partie compo’, j’aimerais continuer à produire de la musique et explorer d’autres univers artistiques comme la musique de film. D’ailleurs, cet été j’ai réalisé un beau projet pour Adidas, via We Are Young Agency (Big Up à la #WayFamilly !). En tant que sound designer (habillage sonore). Dans le cadre de la Coupe du Monde de Rugby 2023 en France. Adidas a réalisé une expérience son, vidéo et lumière. Ils ont reproduit physiquement un tunnel de stade à l’entrée de leur boutique de Paris – Champs-Elysées. Je me suis occupé de toute la partie composition des bandes sons. L’expérience est disponible pendant tout le mois de Septembre.

Une dernière chose que tu aimerais rajouter ?

Dans le cadre de la promo de mon nouveau projet « Jeune OG » on fait un concert à Paris (Châtelet), à La Place le 6 Octobre, où on interprètera tous les morceaux de ce nouveau projet avec tous les artistes sur scène et moi-même aux platines. Venez qu’on fasse la fête entre Jeunes OG ! (rire)

Retrouve le nouveau projet de DJ MS x Mr Dillinger « Jeune OG » ici.

Prends tes places pour le concert à La Place, prévu le 6 octobre ici.

Réseaux sociaux :

Instagram de DJ MS : @djmsparis

Chaîne YouTube « Jeune OG » : @jeuneogofficiel

Instagram de « Jeune OG » : @jeuneogofficiel