Katori Hall la créatrice de P Valley, nous raconte les coulisses de la conception de la série. Pourquoi 6 années on été nécessaires à la réalisation de la saison 1 ? Comment Starzplay a été un incroyable coup de pouce ? Les conseils de Katori Hall pour réussir entant que femme noire dans un milieu masculin… Rencontre.

Comment décrirais-tu cette saison 2 ?

Des femmes comme vous ne les avez jamais vues !

J’ai remarqué que tu étais du signe taureau. Tu as d’ailleurs fêté ton anniversaire il y a peu. Alors bon anniversaire ! Les “taureaux” sont des personnes qui travaillent dur et parfois sont un peu têtues… Quelles sont les qualités qui t’ont permis de devenir une scénariste à succès et de réussir cette nouvelle saison ? 

Je dirais que le fait d’être « têtue » est probablement la raison et l’unique raison pour laquelle je suis là aujourd’hui en tant que showrunner. J’ai eu beaucoup de “non”. Je ne pouvais même pas me rendre dans certains endroits pour pitcher “P Valley”, parce que les gens n’étaient pas intéressés par cette histoire. 

Le fait que j’y croyais tellement, que je croyais en moi et en mes capacités à le faire. Le seul “oui” que j’ai eu de la part de STARZ, je l’ai pris et nous en sommes là aujourd’hui ! Au cours du voyage, tu te débarrasses de nombreux obstacles. Le fait que durant la saison 2, nous tournions pendant la pandémie mondiale, que chaque jour il y avait un défi à surmonter et affronter. Je pense que ça a beaucoup à voir avec mon entêtement et ma capacité à aller de l’avant et essayer de décrocher la lune !

Dans le passé, tu as abordé tes motivations à devenir écrivain. L’une d’elle était que tu ne trouvais pas beaucoup de rôles auxquels tu pouvais t’identifier. Penses-tu que cette motivation a été le point de départ pour t’aider à choisir les personnages de P Valley ?

J’ai vraiment l’impression qu’il y a un manque… Il y a manque quand il s’agit de rôles nuancés et compliqués pour les femmes noires. Mais aussi des rôles qui embrassent l’obscurité où les gens sont d’accord avec leurs erreurs et acceptent leurs défauts. Ces rôles importants, très humains, je pense que seuls les hommes ont parfois l’occasion de jouer. 

Je voulais vraiment me concentrer sur des rôles qui demandent beaucoup de jeu d’acteur. Les personnages de P Valley, même si vous pouvez rire d’eux ou avec eux traversent des choses très difficiles. Ils sont souvent dans l’abîme de leur vie. Ils luttent vraiment pour trouver la lumière. Et ceux sont, je pense, des rôles très excitants à jouer. Ils exigent beaucoup d’un acteur. Je suis très heureuse d’avoir pu trouver un groupe d’acteurs capables d’assumer ces rôles difficiles avec dévouement et passion.

Katori Hall, comment as-tu eu l’idée du concept de P Valley ? 

La culture des clubs de strip-tease fait partie de mon expérience de la maturité. J’allais dans des clubs de strip-tease pour fêter mes anniversaires. J’ai fêté mon anniversaire, celui de mes 30 ans, dans un club de strip-tease (rires). C’était juste quelque chose de normal. Quelque chose que l’on fait juste parce que dans un club de strip-tease du Sud, c’est pour le spectacle.

Ce ne sont pas seulement des femmes tristes qui se déshabillent. Elles se balancent vraiment en montrant leurs forces. J’ai commencé à prendre des cours de pole-danse quand je vivais à New York. J’étais au club et j’essayais d’être comme elles dans le cours de strip-tease. Je ne pouvais pas me soulever même de 5 cm du sol (rires). Ça m’a fait  aimer et respecter ce qu’elles font encore plus,  parce que je ne pouvais pas le faire. Avec ma propre expérience, voir des danseurs du sud et moi essayant de faire ce qu’ils font dans un cours, ces deux choses se sont réunies et ont inspiré la création du spectacle.

Au départ, c’était une pièce de théâtre et j’ai fait des recherches pendant six ans. C’est à ce moment-là que je me suis dit :« vous savez quoi ? Il faut que ce spectacle soit vu dans le monde entier ! ». Les gens ont vraiment besoin que l’oncle Clifford vienne chez eux et passe du temps avec eux pendant une heure. Et c’est alors que j’ai décidé d’en faire une émission de télévision.

Pourquoi la culture du strip-club est-elle si importante aux Etats-Unis ?

Je pense que la culture des strip-clubs dans le Sud est issue de la culture des juke-joints, de la culture blues. Il n’y a rien à cacher, dans ces espaces. Je pense qu’avec le temps, les clubs de strip-tease ont été la progression naturelle de ce passé de juke-joints. Je dirais aussi que souvent, les Noirs n’étaient pas autorisés à entrer dans certains espaces, comme les théâtres.

Le fait que la culture des clubs de strip-tease du sud ait cette esthétique très basique vient du fait que certains espaces étaient souvent coupés. J’ai l’impression que la culture des clubs de strip-tease, celle avec qui j’ai grandi, n’est que le reflet de l’innovation et de l’ingéniosité des Noirs  et du fait qu’il ne s’agit pas seulement de regarder, ni d’être sexy. Il s’agit de montrer cet ensemble de compétences étonnantes, cet ensemble de compétences athlétiques et acrobatiques que vous ne pouvez pas voir dans un autre type de club de strip-tease.

Et c’est intéressant, il y a une différence entre les clubs de strip-tease du Nord et les clubs de strip-tease du Sud.  Je dirais que les clubs de strip-tease du Sud ont une approche plus athlétique, même s’il y a des clubs au Nord qui, je pense, ont été inspirés par les clubs du Sud.

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Valley est disponible dés maintenant en France sur STARZPLAY, avec de nouveaux épisodes chaque dimanche !

Retrouvez les interviews des membres du casting ici : Brandee EvansNicco AnnanElarica Johnson et Shannon Thornton. Katori Hall

Rédactrice : Marianna-Juliette
Retranscription : Juliette V.