Issu du quartier de la sablière à Rouen, avec à peu près 15 ans d’expériences dans la musique, un début de carrière en groupe et une discographie se composant déjà de plusieurs projets solo. Crimson est un rappeur qui brille de sa plume et de sa versatilité, il signe son retour avec un nouvel album « L’heure du Crim’ » sorti en mars dernier, nous avons pu le rencontrer à cette occasion et lui avons laissé la parole.
L’expérience Buzz Booster avec du recul
En 2021, Crimson participera à la compétition du Buzz Booster où le rappeur arrivera jusqu’en finale nationale, c’est une expérience qui aura permis au rappeur d’évoluer artistiquement et humainement, il nous parle de cette incroyable expérience avec aujourd’hui un peu plus de recul.
« De base, c’est un gars de mon équipe qui m’a inscrit. Moi je ne voulais pas le faire, en plus c’était pendant la période du Covid, donc c’était un peu bizarre, on était sur scène mais il n’y avait pas de public, il n’y avait que le jury. J’ai gagné la finale régionale puis 6 mois après je pense, il y a eu la finale nationale, cette finale a été une expérience de fou. Tu passes un week-end de star, t’es accueilli avec un petit panier repas, on t’installe dans ta loge, on te donne tous tes papiers pour l’hôtel, pour aller et venir dans la salle de concert, pour faire tes balances, faire les interviews.
« J’ai fait de bonnes rencontres et ça m’a aussi permis de parler avec les professionnels qui étaient dans le jury. »
C’était un moment de fou à vivre je trouve, parce que pour des gens qui n’ont jamais fait de concert dans de vraies salles de concert… rien que de faire ça, c’est déjà quelque chose, c’était une expérience que j’ai bien aimé au final, bien que je n’ai pas gagné. J’ai fait de bonnes rencontres et ça m’a aussi permis de parler avec les professionnels qui étaient dans le jury. Le plus gros point que j’ai retenu du Buzz Booster c’est que j’ai été « rassuré » par les professionnels de la musique sur le fait que je faisais de la bonne musique et que j’allais dans la bonne direction. »
« Cette expérience m’a vraiment confirmé le fait que dans ma musicalité, il fallait que je sois beaucoup plus diversifié »
« Je suis allé en finale nationale avec une approche qui n’était pas forcément celle que je voulais aborder, c’est à dire qu’en fait quand on est en finale nationale, on a des coordinateurs qui, eux, étaient plus dans une optique de « là, on a 15 minutes, il faut envoyer 15 minutes de frappes » donc que des sons où ça rap, ça kick alors que moi j’essayais plutôt de montrer tout ce que je savais faire car je me disais que ça aller plus parler à un jury de voir que je sais faire pleins de choses diverses plutôt que de leur montrer bêtement le fait que je sais rapper car si je suis en finale nationale, je pense qu’ils savent déjà que je sais rapper donc moi mon but c’était plus de leur montrer d’autres choses et il s’avère que je n’avais pas totalement tort.
Cette expérience m’a vraiment confirmé le fait que dans ma musicalité, il fallait que je sois beaucoup plus diversifié et c’est une chose que cette expérience m’a permis de développer. Les membres du jury m’ont aussi dit que j’étais un excellent rappeur mais qu’ils auraient bien aimé me voir sur d’autres styles, ces remarques là m’ont encouragé à travailler d’autres styles de musique. »
« le retour du public était incroyable »
« Mon meilleur souvenir c’est vraiment mon passage sur scène. Tu arrivais dans une ville où tu ne connaissais personne et je crois qu’il y avait 700-800 personnes dans le public, j’ai vu des personnes qui ne me connaissais pas sauf pour la scène à domicile, le retour du public était incroyable. C’est la chose que je retiendrai le plus de cette expérience. »
Changer de mentalité, sortir de sa zone de confort
« Au début j’étais un peu friand de rap et je ne mettais pas beaucoup de place pour le son et au final, en commençant à chanter, je me suis rendu compte que je kiffer vraiment ça donc chaque projet contient toujours plus de chant, des sons totalement chanté comme des sons où il n’y que le refrain qui est chanté. J’essaye daller beaucoup plus dans le chant qu’a l’époque. Même dans les sonorités des prod, on essaye avec mon producteur d’aller plus loin dans la musicalité, c’est à dire qu’on ne s’arrête plus aux sonorités Hip Hop et rap.
On essaye de toucher un peu à l’afro, la techno, la 2-step, un peu à tout. Mon gars Kilo Alpha Lambo, celui qui fait presque toutes mes prod, me teste beaucoup, il m’envoie des prod sur lesquels je n’aurais pas forcément posé, il me met au défi, ce qui fait que j’ai beaucoup plus d’aisance à aller sur tous les styles musicaux aujourd’hui qu’il y a 4 ou 5 ans quand j’ai fait mon premier projet solo. A cette époque là, il y a des sons que je n’aurais pas pu faire.»
« Je voulais arrêter le rap complètement, j’étais parti voir mon manager en lui demandant de tout supprimer. »
« Là le but, c’est vraiment d’envoyer le maximum, on a essayé d’être stratégique et au final ça nous freine plus qu’autre chose. Maintenant, on va juste se contenter d’envoyer du son de qualité. Parce qu’il y a beaucoup de gens qui pense plus à la stratégie que de faire de la bonne musique du coup à force de penser stratégie, ils vont se mettre à faire des sons qui ne leur ressemblent peut-être pas ou bien s’obliger à faire des sons Tik Tok par exemple, alors qu’en vrai si tu fais du son de qualité, à force d’en envoyer, les gens vont finir par reconnaître et puis par apprécier.
« Je pense qu’avec du recul sur ce qui s’est passé il y a 3 ans, je peux dire que j’étais un peu frustré »
Ça m’a pris du temps pour penser comme ça, 2020 c’était dans une période un peu bizarre avec le Covid… je voulais arrêter le rap complètement, j’étais parti voir mon manager en lui demandant de tout supprimer. Je pense qu’avec du recul sur ce qui s’est passé il y a 3 ans, je peux dire que j’étais un peu frustré car il s’était passé trop de choses bizarres par rapport à mon premier projet, dedans il y avait des sons qui avaient marché à leur échelle et j’avais des médias qui me contactaient… et par exemple faut savoir que ce projet là avait disparu de Spotify pendant 3 ans sans aucune raison.
On a envoyé des mails à Spotify sans réponse donc j’ai accumulé de la frustration. Une fois que je suis passé au dessus de cette frustration vers la fin de l’année 2020, je me suis dit « en vrai, la musique c’est un truc que je kiff, donc je vais en faire vraiment pour le kiff ». J’ai arrêter de réfléchir, de me dire que peut-être si je fais du son d’une certaine manière untel va se dire que c’est comme ça que qu’il aime bien Crimson. »
Un nouvel album en cache un autre
« Je suis content qu’il soit sorti parce que ça faisait longtemps que je n’avais pas sorti un projet composé d’une dizaine de sons, sachant qu’en plus, ça fait un an qu’on travaille dessus donc on est vraiment content du résultat, de la musicalité, de la musique qu’on a donné. Le concept de « L’heure du Crim’ », si on y pense bien, dans une journée, il y a 24 heures, et là sur cet album il n’y a que 12 sons donc 12 heures ce qui veux dire normalement que « L’Heure du Crim’ » devrait avoir une suite qui est déjà quasiment bouclée à 95 %.
Quand on tombe sur la bonne prod « C’est magnifique »
« Je kiff vraiment la 2-step et ça faisait longtemps que je voulais faire un son 2-step. Je ne suis jamais tombé sur la prod qui m’a donné envie de vraiment en faire mais on était chez mon gars Kylo Alpha Lambo, de base il avait réussi à faire des battements 2-step donc on avait que les battements sans mélodie et il a trouvé une loop quand je l’ai entendu je me suis dit : c’est ça !
Il l’a collé sur les battements et ça glissait parfaitement donc tout de suite je commence à écrire deux couplets, je pose le couplet et il y a un gars à moi qui a aussi fait des prods sur mon projet qui s’appelle Alexis et qui est aussi présent, je me casse la tête à chercher un refrain, je n’aime pas donc on supprime et puis au final on laisse tourné le son en boucle et moi j’ai une habitude que j’ai depuis l’époque de « Pour Nous » c’est que soit en début de son ou en fin de son je dis « c’est magnifique », du coup Alexis me dit « mais pourquoi tu te casses la tête à essayer de mettre des paroles, en vrai le son c’est un délire donc pousse le délire jusqu’au bout, moi si je serais toi je placerai le « c’est magnifique » » et c’est partie comme ça. Même pour le clip, c’est tout un délire, un scénario qui dénote de l’ordinaire, j’ai réfléchi à une très grosse partie du clip, du moins les grandes idées du clip, c’est moi qui les ai donné au réalisateur Romain GrandCamp Du studio Carré, gros big up à lui. »
En espérant que cette interview avec Crimson vous aura plu, je vous laisse maintenant avec quelques petits conseils du rappeur lui même pour les jeunes qui voudraient se lancer dans le rap, n’hésitez pas à partager l’article :
« Le premier conseil que je leur donnerai même si c’est facile à dire mais compliqué à faire, c’est de ne pas avoir peur d’être nul, ça n’est pas grave d’être nul, maintenant si toi tu n’as pas envie de rester nul, il faut travailler. Le deuxième conseil serait de comprendre l’art que tu fais donc si tu fais du rap comprend ce que c’est le rap avant de vouloir brûler les étapes et de penser que tu vas percer. Une fois que tu auras compris ce qu’est le rap, ce sera plus facile pour toi d’en faire déjà et ensuite tu comprendras que le rap c’est du travail donc si tu n’y arrives pas en 2 ans, 3 ans ou même 4 ans, ce n’est pas grave, continue à travailler. »
« L’Heure du Crim' » est disponible sur toutes les plateformes.