Rares sont les carrières qui peuvent s’apparenter à celle de Moussa Mansaly a.k.a Sam’s. Dans le rap depuis le début des années 2000, le bordelais à su se réinventer tout au long de sa carrière en restant fidèle à une écriture technique et poétique. Ses choix de vie l’ont ainsi amené dans le monde du cinéma où des films comme Patients ou La vie scolaire l’ont révélé au grand public. A l’heure de la sortie de Inspiré d’histoire vraie, son deuxième album, le rappeur se livre sur la confection du projet et sur son parcours.
Tu es là depuis longtemps dans le jeu puisque tu as commencé à 13 ans le rap puis tu t’es lancé en solo aux débuts des années 2000. Une rencontre va ensuite changer le courant de carrière, celle de Youssoupha. Comment t’a t-il remarqué et qu’a t-il apporté à ta musique ?
Cela est arrivé lorsque j’ai posé pour la compilation Hostile 2006. Mais en réalité c’est philo du ménage à trois qui est venu vers moi et qui m’a proposé de bosser avec lui. Il m’a appris les rouages du jeu et m’a ouvert de nouvelles portes.
Peu de gens le savent mais tu es à l’origine de hits comme Bazardé de Keblack, que retiens-tu de ton passage chez Bomayé Musik ?
On va dire que j’y ai découvert les bons et mauvais côtés du game. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui m’ont amenés à quitter la structure, je ne préfère donc pas m’étaler dessus.
Six ans après Dieu est grand, tu sort ton deuxième album. Ce format est-il d’une importance particulière pour toi ?
Les albums qui m’ont marqués ont toujours été réalisés autour d’un concept donc Inspiré d’histoire vraie me tenait vraiment à cœur. Je n’avais surtout pas envie de venir avec une compilation de titres. Il faut cependant savoir que les six d’attentes autour de ce projet ont tout de même été compensées par la sortie de trois ep et de la b.o de validé. Avec le temps je me suis tout de même rendu compte qu’un deuxième album manquait à ma discographie et aujourd’hui ça ne l’est plus.
Peux-tu nous parler de la cover du projet qui je trouve se distingue par son côté cinématographique ?
Avec Fifou, on a procédé à un brainstorming. On a cherché à représenter quelque chose de spectaculaire mais en même temps ancré dans la réalité. Fifou à trouvé l’idée du brisage de vitre et on s’est dit que ça serait également bien d’en faire une vidéo. Ainsi cette dernière me présente sur un tournage d’une fiction tandis que je casse réellement une vitre. Cela représente donc la fine limite entre la fiction et la réalité présente dans l’album.
L’album est conçu avec de nombreuses transitions immersives, comment t’es venu cette idée de tournage de ta vie ?
C’est d’abord parce que la musique et le cinéma, qui ont de grandes similitudes, sont deux arts qui ont fait partie intégrante de ma vie. Mais j’ai aussi voulu développer un concept. Ce dernier est basé sur le tournage. Les nombreuses fois où j’ai pu y participer, j’ai été marqué par le moment où le réalisateur te dit “action”. A ce moment-là, tu rentres dans un rôle mais en même temps tu te poses beaucoup de questions sur ta vie. J’ai donc voulu scénariser mes morceaux avec une immersion dans un tournage pour donner un aspect conceptuel à l’album.
Le morceau “tellement de failles” est intéressant. J’y ai trouvé un lien avec le personnage de mastar. J’ai l’impression que ce morceau est parfaitement en lien avec le côté sensible qui est développé autour du personnage dans la saison 2 de Validé.
On peut trouver des similitudes entre moi et Mastar mais il reste avant tout un personnage de fiction. Dans la conception de l’album il y a forcément des passages ou l’on peut retrouver une part de lui. Mais c’est plutôt logique, vu que j’ai intégré une part de sam’s en ce personnage. Cependant ce n’est pas volontaire. J’ai fait un album en tant que Sam’s et aucunement en tant que Mastar.
Le morceau avec Hatik est teinté d’une ambiance nocturne saisissante. On sent que vous avez développé une vraie complémentarité depuis votre rencontre.
Je l’ai découvert lorsqu’il a sorti son freestyle “Chaise Pliante” sur Daymolition. Je l’ai trouvé vraiment fort et j’ai proposé à Franck et aux auteurs de le prendre pour le rôle de Clément. On s’est instinctivement rapproché lors du tournage que ce soit au niveau amical et musical. Je le trouve très profond musicalement et c’est vrai qu’on à réussi à atteindre une complémentarité ensemble, notamment dans les refrains.
Quelle lien entretien tu avec grand corps malade qui est présent sur « J’y pense, j’oublie »?
Si on peut dire que j’ai une famille du cinéma, il en fait partie intégrante. C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. On a vécu des choses folles que ça soit Patients, les nominations aux césars et le succès de La vie scolaire. C’était pour moi à la fois une évidence et un honneur de le faire venir sur mon album. En France, très peu peuvent s’asseoir à sa table en termes d’écriture et d’introspections.
Tu as également fait participer des jeunes talents à ton projet comme Frenetik et Benjamin Epps. Comment vois-tu cette nouvelle génération ?
Ce sont deux rappeurs que j’ai découvert sur twitter. Ce qui m’a frappé chez Frenetik est son écriture qui peut-être considéré comme “à l’ancienne” avec son aspect punchline tout en restant dans un registre moderne. Il a le fond et la forme et c’est quelque chose qu’on ne retrouve pas beaucoup aujourd’hui. Benjamin Epps est aussi très talentueux. Je l’ai découvert avec “Kennedy en 2005” ou il dit “Indépendant, Fuck Polydor”. Il a une esthétique à l’ancienne mais il est en même temps très intemporel. Il a la consistance pour aller très loin.
Je vois ton parcours comme une comédie dramatique, c’est-à-dire une vie teintée de désillusion mais qui finit par se conclure d’une bonne façon.
Pour l’instant on peut peut-être comparer ma vie à cela c’est vrai. Et j’espère que ça va durer (rires).
C’est une notion qu’on retrouve beaucoup dans “Le Fond de classe”, l’outro de l’album. J’ai aussi l’impression que tu as voulu mêler poésie et cinéma dans ce titre.
Inconsciemment je ne pense pas mais le public va peut-être le ressentir de cette façon. Je comprends néanmoins ce que tu veux dire car c’est un un morceau ou je me livre beaucoup. Je fais un constat de ma vie et j’ai essayé d’aborder des passages difficiles avec totale sincérité. C’est l’épilogue de l’album en fin de compte.
Inspiré d’histoire vraie de Sam’s est à retrouver sur toutes les plateformes de streaming :