La versatilité est une qualité rare chez les artistes aujourd’hui. Chaque musicien s’efforce à un moment de sa carrière de prendre part à un registre musical différent. Le pionnier de la dernière génération en termes de polyvalence musicale restera XXX tentacion, R.I.P. Cependant d’autre rappeurs ont repris le flambeau du floridien et se sont affirmés au sein de l’underground américain. C’est le cas de Tom the Mail Man, jeune prodige d’Atlanta.
L’artiste se présente comme rappeur, chanteur et producteur, et est par la suite membre du collectif TDC. Encore un de ces petits nouveaux qui propose une musicalité basique me direz vous. N’allez pas si vite et découvrez l’univers d’un homme brisé par l’amour aux productions ensoleillées.
Versatile est son mot d’ordre
Quand Tom débarque pour la première fois sur les plateformes de streaming en 2019, il laisse un présage de haine et de colère. Son premier single officiel dit “Broke” est un concentré venant tout droit des enfers, parfait pour évacuer ses soucis. Ce morceau change alors la vision que porte sa petite fanbase sur lui. Le rappeur s’affranchit d’un style beaucoup plus détendu qu’il octroyait dans son premier EP Schizo. C’est là que l’artiste marque un point. Toujours prêt à surprendre, Tom se reconnaît à travers différents styles. Ce qui lui ouvre une capacité d’auditeurs très large. Par la guitare acoustique premièrement, l’artiste délivre ses différents traits amoureux. On retrouve des productions comme “Rain down” et “No convos” qui partent dans un registre à la limite de la country.
L’influence d’artiste comme Ian Dior et Lil Nas X est clairement présente. Le mumble rap prend aussi part au sein de sa discographie. “Hero”, premier single de Liephas Evil prend une assonance “uzi vert” avec une instru rappelant les constellations d’eternal atake. Comme ses semblables rookies que sont Aaron May et Kota the friend, Tom s’inscrit aussi dans une école “chill”. Le morceau “Summer Showers’ en est la digne représentation. Allié à une production mystique de lui-même, l’artiste prend de court l’auditeur avec une mélancolie singulière. C’est tout cela qui construit aujourd’hui Tom The Mail Man. Un mélange rock, folk et rap qui donne un rendu plus qu’agréable.
Le voyage pour oublier
En 2019, Tom s’est illustré avec deux mini EP nommé Yuki Onna et Sunset Visionary, Vol. 1. Très concrètement, ces projets sont axés sur le sens du voyage et les désillusions. L’auteur emmène son auditoire à travers différent lieux et laisse court à ses pensées. “City of towers”, morceau de Yuki Onna parle par exemple d’un sentiment d’évasion. Tom s’ennuie dans une dépression amoureuse et rêve d’ailleurs.
“I ain’t in a place to stay committed, Too many places to go, yeah”
City Of Towers – Tom the Mail Man
En effet le rappeur ne revendique pas son appartenance à Atlanta, contrairement à bon nombre d’artistes (Outkast, Gucci mane, 2 Chainz). Il raconte à travers “Days in the east” son désarroi. Sa volonté de quitter son foyer.
“Our days in the east, the fun won’t last forever”
Days in the east – Tom the Mail Man
Finalement son mal-être se perçoit dans le morceau “travelling alone”. Marchant seul dans la ville, l’artiste demande à sa conjointe de revenir. On comprend alors que son voyage ne peut s’arrêter qu’avec un retour. Sa ville ne s’illumine qu’avec l’amour.
“Come back, come back, come back, come back”
travelling alone – Tom the Mail Man
Guitare et enfer
Il y a peu de temps, le premier album de Tom a vu le jour. Son nom est significatif de l’univers proposé cette fois-ci par le rappeur : l’enfer. Liephas evil est la fin d’un rêve, le projet s’oppose au soleil et au voyage des deux derniers projets. Tom raconte dans ce projet son réveil 12 ans après Sunset Visionary. Il dit avoir tout perdu en amour. Cependant il se sent fort. Tel un démon, son potentiel ne fait qu’exploser. L’auteur s’engage donc sur une voie ténébreuse avec un seul but en tête : exorciser ses pensées et vaincre la concurrence.
“I eventually became the devil”
Intro de Lepihas Evil
Au delà de l’aspect parolier, la production de Liephas Evil s’exporte vers un genre très country-cloud. Beaucoup de morceaux s’implantent sur des mélodies de guitares. On retient notamment “No Convos”, produit par le célèbre Nick Mira (Lucid Dreams, Fuck Love, Ransom). Le flow pris par l’artiste se rapproche d’Ian Dior avec une capacité de chant mise en avant. On peut cependant reprocher au projet une facilité dans les lyrics. Les sujets tel que les femmes et l’argent sont trop exploitées et on a tendance à se lasser facilement des productions. Liephas Evil reste un album qui s’écoute facilement pour sortir d’une dépression amoureuse. Il vient compléter la discographie de l’artiste qui se montre de plus en plus polyvalent. L’avenir semble donc de bonne augure pour l’Américain.
Tom the Mail Man n’est pas un artiste à attendre sur le devant commercial dans les prochaines années. Comme de nombreux artistes underground, le rappeur possède un univers propre, difficile à ouvrir à un grand public. Il implante cependant très bien sa musicalité et fait à coup sûr partie d’une génération d’artistes versatiles qui amènent le rock et le rap à se rassembler.