Rap, chant, trap, ballades acoustiques,… Rien ne résiste à Tsew The Kid. Le jeune homme explose les compteurs depuis la sortie de sa mixtape Diavolana en 2019 et continue de surprendre avec son nouveau titre « Plus d’amour à te donner ». Tsew The Kid s’impose comme un artiste unique dans le paysage musical francophone. Lors d’un entretien, il nous a parlé d’amour de soi, de partage, de musique et de ses projets à venir. Rencontre.
Qui es-tu ?
Moi c’est Tsew the kid, je suis auteur, compositeur et interprète. Ca fait bientôt 10 ans que je fais de la musique. Depuis 2017 j’ai sorti 3 projets en indépendant avant de signer en label chez Panenka ou j’ai sorti ma mixtape Diavolana, et là je suis sur la préparation de l’album.
Pourquoi avoir choisi Tsew The Kid ?
Tsew à la base ça s’écrit TSOA, c’est un suffixe que l’on retrouve dans pas mal de prénoms malgaches. Tous les prénoms ont une signification. Mon prénom veut dire étoile donc étoile plus ce suffixe cela veut dire “la bonne étoile”.
The kid ça a différentes significations, la première c’est parce que j’ai une tête d’enfant (rires). La deuxième vient de Billy the Kid, une référence au far ouest. C’est un personnage que j’apprécie pour son côté un peu effronté.
Quand et pourquoi tu as commencé à faire de la musique ?
La toute première fois que j’ai créé une musique, j’avais 12 ans, aujourd’hui j’en ai 23. J’ai commencé parce que mon grand cousin faisait du rap et cela m’a incité à en faire aussi. Je me suis demandé pourquoi pas moi ! A la base je voulais faire mieux que lui, c’est ce qui me stimulait. J’écrivais des textes, je lui faisais écouter et par la suite on a enregistré ensemble. Après le lycée j’ai acheté du matos et j’ai commencé à faire mes sons tout seul.
Pendant toute cette période j’ai appris à faire de la guitare et du piano. Je me suis beaucoup inspiré de la pop américaine mais aussi du rap. Je suis en consommateur de plein de styles de musique différents, je m’en inspire et je le fais ma sauce.
Un mot sur tes influences ?
J’aime beaucoup Bruno Mars, je pense que c’est l’artiste que j’ai le plus écouté. Il y a aussi eu une période où j’écoutais beaucoup de Pharrell Williams, Miguel… Joji et The Weeknd se rapprochent aussi de ce que je propose en termes de son.
C’était quoi le premier CD que tu as acheté ?
C’est ma mère qui me l’a acheté, je devais avoir 10 ans. Elle m’a laissé le choix entre Eminem ou Billy Crawford. Moi je voulais Eminem mais comme elle trouvait qu’il y avait trop de gros-mots, j’ai eu l’album de Billy Crawford (rires). Ce que j’aime bien chez ce genre d’artiste c’est que tu entends bien la sonorité Jackson, et je pense que c’est ce qui m’a plu. C’est ce qui m’a poussé à écouter et à m’intéresser à MJ, il est la base de tous ces artistes.
Si tu devais faire un top 3 de tes albums préférés, ça ressemblerait à quoi ?
Je dirai Ateyaba de Joke, je l’ai écouté en boucle avec mon meilleur pote quand j’étais au lycée, c’était en 2014 je crois. Il y a aussi Linkin Park Meteora, Rohff Le Code de l’Horreur, un des premiers que j’ai acheté en physique, et Starboy de The Weeknd.
Tu écoutes pas mal d’artistes d’univers très différents…
Moi ce que j’aime c’est quand un artiste est lui même, et qu’il met tout son univers dans sa musique. Tu te le prends en pleine face et peu importe ce que c’est, tu sens sa musicalité son aura… et c’est ce que j’ai ressenti avec ces artistes là.
En quelques mots, comment tu décrirais ton univers musical ?
Je dirai sincérité, amour, espoir. Je vois aussi du bleu dans mon univers. De la lumière bleue que j’essaie de transmettre car elle est pour moi synonyme d’espoir.
J’aimerais revenir sur ta mixtape “Diavolana” sortie 2019. c’est plus de 70 millions de streams, 15 millions de vues sur YouTube. Quand tu as imaginé et sorti le projet, tu t’attendais à un tel accueil ?
Pour moi c’était nouveau, je suis arrivé en label où tout était plus professionnel. Je me suis adapté à mes nouvelles sessions studio, et je voulais tenter des nouvelles choses d’un point de vue musical. Des sons comme « Foutu » ou “Peur de sombrer » sortaient un peu de ma direction artistique initiale en termes de musicalité. J’avais envie de voir comment appréhender ce nouvel univers.
Je n’avais pas forcément d’attentes, c’était un premier projet, je voulais voir ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas. J’y ai mis beaucoup de moi, et je pense que sur cette mixtape un bout de mon aura a déjà pu ressortir, mais il y a encore de la marge.
C’est génial car ton équipe t’a laissé assez libre…
Oui c’est ça que j’ai aimé. Je ne voulais pas signer en label et qu’on bride ma créativité. Ils ont vite compris où je voulais aller créativement parlant. Ils m’ont guidé sur certaines choses mais je n’ai jamais été freiné. La seule condition c’est de faire du bon son ! (rires).
Le premier tire que tu as écrit pour cette mixtape c’est “Peur de sombrer”, tu peux nous en parler ?
Celui-là je l’ai écrit quelques mois avant que je signe en label. Je sentais qu’il y allait avoir du changement pour moi. J’ai commencé à avoir des angoisses hypothétiques sur ce qu’il pouvait se passer après ma signature. A ce moment-là je me voyais grandir dans la musique, c’était important pour moi de me recentrer sur moi-même et de comprendre quels pouvaient être les différents chemins bons ou mauvais que je pouvais emprunter. Cela m’a fait peur et il fallait que je retranscrive ces angoisses en musique.
1 an après, tu te sens comment ?
J’ai pris énormément de recul sur ce titre, je n’ai plus d’angoisses ou très peu. J’ai appris à vivre avec moi-même, appris à m’affirmer dans ce que j’incarne et dans ce que je veux montrer au public. Je gère aussi mieux mes émotions et aujourd’hui je peux dire que je suis heureux seul et que j’aime partager ! J’ai la sensation d’avoir pris le bon chemin et j’espère que cela va se ressentir sur ma musique.
En 2018 tu sors l’un de tes premiers titres “Cigarette”, dans quel état d’esprit étais-tu quand tu as écris ce morceau ?
J’étais en couple depuis 3 ans, et “Cigarette” je l’ai écrit quand ça ne se passait pas très bien, sur la fin de la relation. C’est drôle car cela m’a rappelé ma première relation qui s’est terminée de façon assez similaire. Cela m’a évoqué beaucoup d’émotions négatives, et j’avais envie de vider tout ça. J’ai eu des bribes de souvenirs de ma première relation, quand on a rompu alors que j’étais encore amoureux, ça s’est passé dans un café à Porte d’Orléans à Paris. J’ai eu plein de flashs de ce moment et je me suis imaginé un texte qui était réel avec beaucoup de détails pour pouvoir bien le dire en musique.
Sur ce morceaux plusieurs passages m’ont marqués dont la phrase “J’veux plus d’toi dans ma vie mais mon cœur lui veut te garder”, selon toi est-ce qu’on peut vivre l’amour de façon raisonnée ?
J’ai l’impression que l’amour c’est beaucoup d’attentes mais avec le temps je me rends compte que l’amour c’est mieux quand c’est simple.
Quand j’ai écris cette phrase là je l’aimais encore mais je me disais que par rapport au chemin que je voulais emprunter ce n’était pas forcément cohérent, d’où ce coté raison. Forcément le côté coeur appelle encore. C’est important de suivre son intuition, chose que j’apprends à faire avec le temps. Quand ton coeur est tiraillé de partout c’est beau, c’est une belle chose mais il faut savoir suivre son intuition. Si tu sens que c’est un non, alors il ne faut pas y aller.
Pour toi c’est quoi la définition de l’amour ?
Je pense que c’est d’abord l’amour que l’on a pour soi-même. Quand tu es heureux seul tu brilles de l’intérieur, c’est comme avoir une flamme en toi qui ne cherche qu’à grandir et irradier le monde qui t’entoure. Ce n’est que du partage au final, tu le fais pour toi, tes proches, tes rencontres. Ce partage, cet amour il faut savoir le transformer en quelque chose de beau et de simple.
Ta musique a-t-elle changé quelque chose dans la façon dont tu vois tes relations amoureuses ?
Je ne sais pas si elle a changé quelque chose mais elle m’a permis de réfléchir, de prendre un certain recul et de gagner en maturité. Ma musique c’est mon exutoire, cela me permet de poser les choses et de tirer les conclusions des mes précédentes expériences.
Si on parle de projets un peu plus récents, Tu as sorti en EP cet été LOFI composé de 8 titres au total, 4 sons et 4 instru. Pourquoi l’avoir présenté de cette façon ?
Les instru c’est parce que souvent dans le lo-fi le public écoute les instrumentales car elles sont reposantes, cela crée une ambiance assez posée. Je l’ai fait aussi pour que les gens puissent faire des covers de mes sons.
Pour les autres sons c’est un petit mood que j’avais. J’ai sorti cet EP en une semaine. C’est mon meilleur ami qui ma mis au défi de sortir un EP en 7 jours. Si je réussissais on partait à Montpellier dans une super villa pour finir l’album là-bas. C’est d’ailleurs là que j’ai écris “Plus d’amour à te donner”, mais je voulais réserver ce titre pour l’album.
L’EP s’ouvre avec le titre “Evadé”, c’est un texte avec un message assez fort, tu peux m’en dire plus ?
Dans les thèmes que j’aime aborder il y a l’amour mais aussi beaucoup d’introspection. “Evadé” c’est une prise de conscience de ma part, j’ai l’impression qu’on est enfermés dans une matrice. La société, notre éducation, les gens que l’on rencontres, notre vécu,… Cela participe à nous enfermer dans un schéma précis. On ne s’en rend pas compte mais tous nos actes dépendent de cette condition. Si on se libère de tout ça, si on en prend conscience alors on pourra se libérer, s’évader.
Sur ce titre il y a des passages forts, dont celui-ci : “Les détenus, c’est toi c’est moi c’est nous tous. La même tenue orange et noire qu’on enfile et qu’on épouse”. Quel message tu voulais faire passer ?
On est tous dans la même matrice et quand on se rend compte qu’on y est prisonniers, il faut toujours garder à l’esprit que l’on peut s’échapper. Moi cela fait longtemps que je le vis. La première fois que je me suis questionné sur ce sujet, je devais avoir 10 ans. Je pense que l’une des raisons pour lesquelles j’ai fait de la musique c’est pour m’évader, avoir le plaisir de créer et ne pas subir la création des autres.
Je pense que chacun doit trouver son moyen d’expression le plus fort, et c’est ce que j’ai essayé de véhiculer dans ce son. Moi j’essaie de le faire, et aujourd’hui je suis 100% moi-même, je m’exprime au travers de mes vêtements, ma musique et j’incarne qui je veux.
Et d’ailleurs si tu n’avais pas fait de musique, tu aurais fait quoi ?
Et bien dis-toi que j’étais en éco-gestion. J’ai un BAC S, j’ai fait une licence et j’y allais vraiment sans envie. Dans tous les cas je faisais de la musique à côté. Je pense que dans tous les cas j’aurai fait de la musique. Je veux passer ma vie à créer, avec le don que j’ai. La musique c’est vraiment la seule chose qui me fait vivre et qui m’anime ! Quand je me sens mal c’est de la musique que je fais et je ne me voyais pas faire autre chose.
Sur garçon préféré, tu finis sur une partie chantée en accapela de “Plus d’amour à te donner” mais pas que… Tu annonces aussi un album. Tu peux m’en dire plus ?
Là je suis sur la fin de l’album, je suis en train de boucler mes featuring. Je ne te dirai rien d’autre concernant mes prochains feats (rire), je peux juste te dire qu’il y en aura !
On garde la surprise alors ! D’ailleurs tu n’as pas proposé beaucoup de feats sur tes derniers projets, c’est une volonté de ta part de ne faire collab?
Sur mes derniers projets je ne ressentais pas le besoin d’en faire. Je suis content car sur Diavolana, les feats se sont faits très naturellement. Je me dis qu’en faire c’est bien mais je pense déjà à moi, le feat ça reste du plus. Si je l’ai tant mieux car ça peut apporter une couleur en plus, sinon tant pis. J’ai réfléchis de la même manière sur l’album.
Par rapport à l’album je pense que l’on pourra ressentir une certaine maturité au niveau de l’écriture. Un retour aux sources aussi avec des sons qui ressemblent à ce que je faisais au début, car beaucoup de gens sont nostalgiques de cette époque. J’essaie d’inventer de nouvelles sauces aussi, mais en restant cohérent avec ce que les gens aiment chez moi. Ce que j’essaie de construire est très authentique, il y aura quelque chose de très fort dedans.
J’aimerai revenir sur ta collaboration avec Alicia. et votre titre “Encore Temps”, vos deux univers match vraiment bien, comment s’est passée la connexion ?
Alicia je la connais depuis bientôt 2 ans. On s’est rencontrés sur 1 minute de rap sur Instagram. A l’époque elle avait 1000 ou 2000 abonnés, elle a ensuite sorti un son sur les violences policières et elle a bien percé sur Instagram. C’est là qu’on a commencé à grandir ensemble. Ce que j’ai toujours aimé chez elle, c’est son aura, elle s’affirme et ça de façon très naturelle. Elle est aussi très forte en musique, elle progresse très vite. Un jour on s’est dit “pourquoi on ferait pas un feat tous les 2 ?”, et ça s’est fait tranquillement pendant le confinement.
Tu chantes, tu rap : comment aimerais-tu faire évoluer ta musique ?
Je ne sais pas du tout. Pour l’instant je vis l’instant présent et il y a tellement de chemins différents que j’aimerais prendre que je me laisse la surprise !
Diavolana à streamer ci-dessous :
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