Beeby rappeur originaire d’Aubervilliers, a dévoilé un EP plein de promesses ! Après une dizaine de projets, le « Saigneur » surprend encore avec Morningstar un projet solide composé de 7 titres. Retour sur les influences et les envies futures d’un artiste ultra-créatif et autoditacte. Rencontre.
Salut Beeby, pour celles et ceux qui ne connaissent pas, tu peux te présenter ?
Moi c’est Beeby, Aubervilliers. Ça fait des années que je rappe et que je développe mon bail. On peut m’appeler le “Saigneur” ou le “Triple Dollar Boy” ($$$) ça dépend. Enchanté !
Quand as-tu commencé la musique ?
J’ai commencé au collège, j’avais 14 ans il me semble avec mes potos de classe et FSS qui est toujours en activité d’ailleurs. Pendant des années je me suis amusé en rappant car c’était “le” truc un peu à la mode dans les cours de récréation. Ça s’est développé ensuite au fil du temps avec l’apparition du stream, on a pris les choses un peu plus au sérieux.
C’est quoi le premier morceau que tu as écrit ?
Le premier truc que j’ai réellement écrit, c’était à la maison de jeune. J’avais fait un texte, avec des figures de style. C’était vraiment pour la technique, comme j’écoutais pas mal de rappeurs assez techniques à l’époque, c’était pour faire comme eux.
J’ai retrouvé ce texte il n’y a pas longtemps quand j’ai rangé ma chambre, c’était très drôle !
Quand tu étais plus jeune, à quels rappeurs tu voulais ressembler ?
J’étais déjà marginal quand j’étais jeune. J’étais plus dans l’optique de prendre un peu de partout pour développer ma personnalité. J’ai essayé de me retrouver dans certains artistes mais on ne peut pas se calquer à 100%.
C’est quoi le « Beeby Style » ?
Assez new-yorkais car la génération dans laquelle j’ai grandi plaçait New-York au cœur de tout, c’était la musique au sommet à cette époque là. J’ai plein d’amis qui sont plus Chicago, donc je m’en inspire aussi. Il y a aussi tout ce qui était rap français avec Booba, La Fouine, Disiz, Salif, … Des mecs qui avaient des schémas de rimes assez carrés. Les choses que j’aimais chez ces artistes, j’ai essayé de le garder pour développer mon propre style.
Les 3 albums qui t’ont le plus inspiré ?
N°1 The Eminem Show, N°2 The Eminem Show, N°3 The Carter 3 (rires). On laisse pas de place aux autres (rires).
Il n’y a pas de rappeurs FR…
Ils ne peuvent pas dépasser Tha Carter 3 et The Eminem Show ! L’album d’Eminem a pris trop de place, et c’est d’ailleurs pour ça que j’ai commencé le rap. J’ai grandi avec cet album.
De quoi parle ton EP Morningstar ?
C’est un peu mes états d’âme, ma vie. C’est un constat de ce qui est bien et de ce qui est mal, et pourquoi j’ai fait le mal… Est-ce que je recommencerai ou pas ? C’est une question que tu peux te poser quand tu rentres chez toi le soir et que tu as passé une sale journée, que la routine s’installe. Quand tu vois le soleil se lever, tu as une réelle prise de conscience. Tout au long du projet, tu peux voir que je commence de façon assez brute et que je commence à m’adoucir. Je repars ensuite dans la noirceur, en me disant que finalement c’était pas mal.
Comment as-tu créé ton projet ?
Tous mes projets ont été créés de manière différente. Sur ce projet là, le premier son que j’ai enregistré c’était “Répondeur”, post-confinement, c’est le son le plus ensoleillé. Puis j’ai commencé à m’orienter dans un truc un peu plus authentique où j’avais besoin de parler de façon plus sincère. J’ai beau faire des projets, au final je ne parle pas vraiment de moi. Là j’avais envie de me livrer un peu plus. Je me suis concentré sur les parties de moi que je pouvais mettre en lumière sans tout donner car la suite est intéressante…
Quel est le titre dont tu es le plus fière ?
Je pense que c’est le titre éponyme “Morningstar”. C’est le dernier son que j’ai enregistré après 2 mois sans n’avoir rien sorti, rien écrit… C’est vraiment sorti des tripes. Celui-là je le porte vraiment dans mon cœur.
A l’inverse, le son qui t’a été le plus difficile à enregistrer ?
Aucun. C’est vraiment sorti tout seul. Après je ne peux pas te dire que je n’ai pas galéré sur certains titres, mais ça coulait tout seul. Ce projet là est un peu différent des autres, car j’étais à la base de toutes les prods. J’avais déjà le jeu que je voulais envoyer, les topline, la direction que je voulais suivre.
Pourquoi ce projet est-il différent des autres ?
C’est la première fois que je développais mes prods. Là j’ai vraiment travaillé mes prod pour sortir un projet fini.
Finalement, est-ce que Morningstar est le commencement d’autre chose…
Pas le commencement d’autre chose mais une nouvelle vague. J’ai voulu envoyer quelque chose de plus rafraîchissant sans trop dénaturer ce que je fais de base. Je dirais que le projet qui marquera un tournant est le projet sur lequel j’ai travaillé en parallèle… Je le garde au chaud pour l’instant (rires).
Ton univers visuel est aussi très marqué et très esthétique, on retrouve une pâte bien à toi dans tes clips. Quelles sont les choses qui t’inspirent le plus plus visuellement parlant ?
J’ai un ami qui est parti s’installer aux Etats-Unis et qui a monté sa boîte de prod. Il a clippé un artiste que je suivais depuis longtemps, et j’ai adoré sa pâte ! Mes clips ont toujours la même pâte visuelle car c’est moi qui m’occupe du montage. J’essaie de garder les mêmes textures d’image pour assurer une certaine cohérence.
J’ai vraiment envie de capturer des moments, pas besoin d’être dans un lieu incroyable pour ça. Je sais que je peux mettre ces images facilement dans un clip parce que l’inspiration va venir de ces moment-là.
Sur le son “Répondeur” par exemple, j’ai récupéré les images que l’on avait captées lors d’un voyage à Los Angeles. Comme il n’y avait pas de son, j’ai essayé de créer une chanson à partir de ces images. C’est un peu un challenge car sinon je peux vite m’ennuyer en créant.
Le visuel te fait écrire de la musique…
Oui, ça m’inspire. Les voyages, le simple fait de voir des choses te permettent d’ouvrir ton esprit. Tu vas alors chercher dans ta mémoire des sensations, des odeurs, la couleur d’un ciel… Tout ça va aider à te remémorer des instants de ta vie.
C’est comme ça que tu te crées une histoire ?
Non mais c’est comme ça que je me souviens de la mienne (rires) !
As-tu des réalisateurs avec qui tu aimerais travailler ?
Oui bien sûr, j’aime beaucoup TBMA qui a travaillé avec Laylow, ça a été une belle inspiration pour moi. Il y a aussi Marius Gonzalez qui a collaboré avec Josman. DISSIDENCE aussi, ils sont très très forts. Je les ai vu monter à travers les visuels qu’ils proposaient, c’est juste incroyable !
Un mot sur ta cover ?
L’élément le plus compliqué du projet… On devait être au sixième test. et je ne trouvais pas l’alchimie parfaite avec ce que j’avais pu faire auparavant. Un jour, en cherchant des trucs sur internet j’ai réussi à trouver les éléments dont j’avais besoin et à faire une compo intéressante que j’ai envoyée à Furlax. Il m’a ensuite proposé de faire un son pour cette cover, et là j’ai compris qu’on avait enfin trouvé la bonne cover ! Au final c’est Donatien, qui a ajouté sa touche à l’acrylique, il a apporté sa science et ça a donné la cover que l’on connaît aujourd’hui !
Il y a sur la cover de Morngingstar de belles nuances de vert, de bleu… Tu choisis toujours avec soin les coloris, quelles couleurs aimes-tu particulièrement ?
Je me pose souvent la question. Je pense que cela dépend de mes humeurs. Le turquoise sur la cover c’est une des couleurs que j’affectionne le plus quand j’ai besoin de me relaxer. Ma couleur de prédilection je dirais que c’est le bordeaux, et la couleur que j’aime vraiment bien c’est le bleu marine.
Pourquoi ne pas passer à côté de “Morningstar” ?
Vous avez le droit de passer à côté, mais ça serait dommage ! (rires).