Bianca Costa c’est la sensation musicale que l’on attendait depuis longtemps ! Née au Brésil, élevée au Portugal et en France, Bianca Costa a cultivé un univers musical riche et métissé. La jeune femme surprend aussi, avec son concept de bossa trap, inspiré de musique brésiliennes et urbaines. Sur son dernier EP Forianopolis, Bianca Costa parle de sa ville natale, de sa relation au Brésil et de féminisme… Rencontre.
Salut Bianca Costa, comment vas-tu ?
Ça va très bien en ce moment, j’ai pas mal de boulot pour la sortie de mon prochain projet. Tant que je bosse, je vais bien !
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, tu t’appelles Bianca Costa, tu as 22 ans et tu es née au Brésil sur la petite île de Florianopolis. Tu grandis au Portugal avant d’arriver en France à l’âge de 10 ans. Tu chantes, tu composes tes propre morceaux en français et en portugais. A la manière de MHD avec l’afro-trap, tu as toi aussi développé un style hybride : la bossa-trap.
Peux-tu nous en dire plus sur ce style de musique ?
La bossa trap c’est un mélange de plusieurs style de musique. J’avais vraiment cette volonté artistique de mélanger des musiques brésilienne à de la trap, et à des rythmiques plutôt urbaines. Donc, la bossa trap c’est ça : un mélange artistique entre mes 2 univers, l’univers brésilien, avec la samba, le baile funk, la bossa nova et l’univers plutôt urbain que je me suis construit en France.
Tu t’empares d’une multitude de sonorités pour créer, j’aimerais savoir quels sont les trois albums qui t’ont le plus marqués en tant qu’artiste ?
L’album de Nara Leao m’a beaucoup marqué parce que c’est un album de bossa nova où elle a commencé à politisé son texte. A l’époque ça m’a beaucoup marquée d’écouter quelqu’un qui revendique des choses. En grandissant, je me suis aperçue que moi aussi je voulais revendiquer des choses à travers ma musique.
Après il y a plein d’autres albums. J’ai beaucoup écouté Nelly Furtado, quand j’étais au Portugal, je sais que j’avais son CD à la maison. De la musique US aussi, avec Demi Lovato. Je ne suis pas vraiment une fille d’albums. Je pense que j’appartiens plus à la “génération playlist”. Au final quand j’étais petite, j’écoutais beaucoup d’albums, mais je retenais des morceaux à droite, à gauche. J’ai pas mal de compiles regroupant des titres notamment de bossa nova.
Tu fais beaucoup de reprises de rappeurs FR, est-ce qu’ils t’inspirent ?
Bien sûr cela peut être une source d’inspiration, mais je ne sais pas si ça m’inspire vraiment dans ma musique. Quand j’écris, quand je topline, il y a quelque chose qui vient plutôt du Brésil. Disons qu’ils m’inspirent plus dans la rythmique, dans le visuel, dans l’image…
Ton concept « bossa trap » plaît énormément sur les réseaux et tes vidéos cumulent des milliers de vues ! T’attendais-tu à un tel accueil ?
Je ne sais pas si je m’y attendais, je pense que j’espérais en tout cas (rires) ! Je l’ai fait dans le but de propager ma musique plus facilement. C’est vrai que c’est toujours compliqué d’imposer un nouveau genre. On le voit avec des artistes comme Tayc, avec des artistes comme MHD qui ont amené l’afrotrap, le Rnb, etc. La musique brésilienne c’est une musique qu’on apprécie en France, mais qu’on ne connaît pas tant que ça. C’est vrai que je m’attendais à des résultats car le concept était original, mais je ne savais pas si les gens allaient aimer la musicalité brésilienne.
Autre défi, c’était que l’on évite de me mettre dans une case. Je trouve ça compliqué pour une fille de reprendre des covers rap sans qu’elle soit mis dans une catégorie. A ce niveau là, je ne m’attendais pas à voir d’aussi bons retours. Koba La D m’a même partagé alors qu’il disait en interview détesté les filles qui font de la musique… C’est assez paradoxal mais au final j’arrive à m’imposer dans le milieu urbain à ma façon et je suis très heureuse du résultat !
Avant de parler de ton EP, j’aimerais te parler du cadeau que tu as reçu pour ton anniversaire… Des billets d’avion pour te rendre au Brésil. Tu n’y étais pas allée depuis 2016, quelles sensations as-tu ressenties à l’idée de retourner dans ton pays natal ?
Ça représente toute ma vie, c’est tout pour moi. Je suis très proche de ma famille au Brésil, et depuis 20016, je n’ai pas pu leur rendre visite. J’ai commencé à travailler, j’ai commencé à faire de la musique, ce n’était jamais le bon moment… C’est une thématique que j’aborde dans mon nouvel EP. Parfois à trop attendre la bonne occasion, on finit par ne pas faire les choses. J’ai tellement repoussé que mes amis ont compris que j’avais besoin d’un coup de boost. Là je n’ai plus le choix et je vais y aller !
C’est beaucoup d’émotions, beaucoup de joie. Ça m’a fait hyper chaud au cœur et ça m’a motivé aussi ! Je pense que pour la suite je ne vais pas attendre forcément la bonne occasion. Si c’est un besoin alors il faut s’écouter et prendre le temps.
Le Brésil, c’est le point de départ de ton EP Florianopolis. En Interview, tu as dit que c’était une ville que tu fantasmais beaucoup, et que tu connaissais à travers les récits racontés par ta maman et Google map. Pourquoi c’était important que l’EP porte ce nom ?
C’est la base de tout. j’ai quitté le Brésil quand j’avais 5 ans, et normalement, j’y vais tous les 2/3 ans. Florianópolis, c’est là où ma mère a vécu beaucoup de choses avec mon père, où il y a un passé. Même si c’est une ville que j’ai quittée très tôt pour aller vivre au centre du Brésil, c’est une ville qui compte énormément pour moi. Je pense qu’avec ces billets, je vais essayer d’y retourner. Ce sera ma première fois en tant qu’adulte, je vais pouvoir me faire de vrais souvenirs !
Musicalement, ça me donne un peu de réconfort de me dire que je viens de là bas, que c’est ma ville, que je le porte en moi. Même si, au fond, je connais moins bien Florianopolis que Paris.
Qu’as-tu voulu montrer avec ce projet ?
Pour moi, ce premier EP c’est vraiment une présentation, mes premiers pas dans la musique. Au-delà des bossa trap, c’est là où j’ai pu un peu raconter qui j’étais et un peu de mon histoire. Donc, pour moi, le principal sur cet EP, c’était de me présenter et de présenter ma musique. La bossa nova, la samba, le baile funk… De présenter le Brésil aussi, à travers des chansons comme “Luis” ou “Shoota”. Je ne voulais pas forcément tout dire, mais au moins me présenter pour que les gens comprennent mon histoire, mon identité artistique et visuelle.
Comment as-tu créé cet EP ?
Je l’ai commencé quand j’avais 18 ans et je l’ai fini l’année dernière. C’était vraiment très espacé. Je crée de la musique de façon très spontanée. Je m’entoure d’une très petite équipe avec qui j’enregistre en studio. Ca part toujours d’une topline, et ensuite on fait la prod autour de celle-ci.
Sur cet EP, j’ai eu la chance de collaborer avec un peu plus de gens, pour écrire mes textes. On partage tous cette volonté de raconter des choses sincères, c’est un processus très naturel, très spontané.
Il y a une personne très importante dont tu parles souvent dans tes titres, c’est ta maman. Pourquoi est-elle ta source d’inspiration?
Je pense que tout le monde a un lien assez particulier avec sa maman. Moi, je n’ai jamais vécu avec mon père, donc elle est devenue mon unique figure parentale. Je n’avais qu’elle après avoir quitté le Brésil, et c’est aussi la personne qui fait le lien entre le Brésil, le Portugal et la France.
On a tout vécu ensemble, les changements de pays et les problématiques que ça engendre… C’est mon pilier, ça c’est certain ! La musique et elle sont mes 2 piliers car c’est ce qui a toujours existé entre ces trois pays là.
J’admire aussi sa force. Elle m’a eu très jeune, à 16 ans, et elle m’a toujours inspirée à travailler, à donner le meilleur de moi même. Ma maman m’a vraiment transmis de belles valeurs. C’est hyper important que ça s’entende dans ma musique.
Justement tu parles de force féminine sur le titre “Pablito”. Qu’est ce que c’est cette force ?
J’ai compris en grandissant qu’être forte c’est aussi accepter ses faiblesses et accepter de pas être forte. Ma mère, c’est une femme qui a un caractère très dur, qui fonce et qui ne pleure pas. Moi, je suis tout le contraire. J’ai une sensibilité affreuse, je suis hypersensible. A cause de ça, on m’a souvent renvoyé ce truc de “tu n’es pas forte, tu es trop sensible et trop fragile… J’ai pris le temps de l’accepter et j’en ai fait ma force.
Le fait d’extérioriser ma sensibilité fait que je passe au dessus des choses beaucoup plus facilement. Je garde beaucoup moins de choses en moi. J’arrive toujours à transformer cette tristesse ou cette sensibilité en une envie d’aller plus loin. Le fait de vivre pleinement mes sentiments à été hyper important dans ma musique. Ça m’a permis de faire ces chansons-là et de ne pas abandonner.
Donc pour moi, c’est ça être forte accepter ses sentiments et en faire quelque chose de positif.
C’est un message que tu transmets dans ta musique et qui s’adresse aux femmes. Est-ce tu as envie de te servir de cette musique pour continuer à porter ce message ?
Je pense que je le fais de manière spontanée. Moi, j’ai été élevé par une femme qui m’a tout appris et qui m’a transmis de la force. J’ai deux meilleures amies qui m’inspirent énormément aussi. J’ai la chance de m’être entourée de femmes très ouvertes d’esprit. Je sais qu’il y a beaucoup de filles qui n’ont pas eu cette chance, de s’entourer de femmes qui vont tout simplement parler et savoir se questionner sur : c’est quoi être une femme aujourd’hui ?
Pour moi, c’est important de le transmettre dans ma musique. Quand j’étais plus jeune, c’est en écoutant certaines femmes comme Demi Lovato, Nara Leoa qui abordent ce genre de sujet que j’ai compris. Je ne suis pas là pour un étendard ou quoique ce soit… Mais si je dois le faire pour transmettre un message, pour le partager, je le ferai.
Et aux jeunes filles qui n’ont pas eu cette chance de s’entourer, tu aimerais leur dire quoi ?
Comme pour ma définition de la force : s’autoriser à être soi même, à accepter ses sentiments, à accepter ses faiblesses et à accepter ses peurs. C’est tellement complexe, il y a tellement de choses à dire… Je pourrais écrire au moins 4 albums sur ça (rires). Ce que j’ai envie de dire, c’est de s’éduquer sur ce que c’est d’être une femme. Même si c’est un monde qui ne nous est pas vraiment adapté, cultive-toi, regarde des documentaires sur le féminisme, sur la sexualité féminine, sur les relations toxiques… Entoure-toi aussi de filles bienveillantes qui pourront te comprendre et d’apprendre des choses !
Tu termines ton EP avec le “Shoota”, qui décrit ta relation avec le Brésil. C’est un titre que tu as écrit à 18 ans, est-ce que cela t’a aidé à poser un regard un peu différent sur ton pays natal ?
Je pense que mon rapport n’a pas encore changé. Je pense que j’ai un réel besoin en ce moment d’y retourner, surtout en tant que majeur, en tant que femme. Dans la musique, je me sens plus légitime, plus proche de mon pays. Ça m’a permis aussi de rencontrer des artistes brésiliens, de créer des liens, de faire des connexions qui vont bientôt sortir. Donc, c’est vrai que ça m’a permis de me rapprocher encore plus du Brésil et ça me fait un bien fou.
J’ai toujours ce truc dans “Shoota” de je vais y retourner, je ne sais pas encore où elle est ma place, mais je vais continuer à la chercher grâce à la musique. C’est sûr que ça m’aide énormément.
Tu es dans quel état d’esprit pour la suite ?
Là je suis en mode boulot à fond ! Je suis très, très heureuse de ce que je vais sortir prochainement, parce que qu’après cet EP j’ai un réel besoin de me de me focus sur moi même. J’ai fait des bossa trap tous les jours pour Noël, j’ai fait énormément de contenu, ce qui m’a beaucoup fatigué. Ça m’a permis de me chercher, de travailler ma voix, mes textes. J’ai pu aussi voir ce qui allait sur mon premier EP et ce qui n’allait pas. Je pense qu’en tant qu’artiste, on est obligé de faire un point, et aujourd’hui, je connais les défauts et les points positifs. Donc je suis vraiment dans un bon état d’esprit !
Maintenant, je me suis trouvée artistiquement, et je sais où je veux aller. Le prochain projet sera encore plus vrai et encore plus sincère. Même dans la musicalité, je pense qu’il est encore plus original et je suis hyper heureuse de ce que je vais sortir par la suite !
Une date de prévue ?
Normalement fin avril/mai je sors mon nouveau single. Je pense aussi que j’ai créé une réelle attente auprès des gens. OK, j’ai donné un premier EP, j’ai fait des bossa trap… Mais qu’est ce que ça va donner maintenant ? Je suis heureuse parce que là, je reviens vraiment avec quelque chose de vrai. J’ai hâte (rires) !
Y aura t’il des invités ?
Oui il y en aura ! Il y en aura déjà. Il y aura des collaborations qui se feront hors EP, et des collaborations au Brésil. Déjà, ce qui est trop bien ! il y aura des collaborations avec des artistes féminines françaises, ce qui est génial aussi ! Sur le prochain EP, j’ai un invité sûr, avec qui j’ai fait un morceau incroyable. Après, c’est tout, ce que je peux dire pour l’instant (rires) ! Mais je ne fais pas du feat pour faire du feat, il faut qu’il y ait un réel sens, un coup de cœur derrière chaque collaboration.
C’est quoi ton dernier coup de cœur musical ?
Et bien, j’ai eu un un gros coup de cœur pour une fille qui s’appelle Davinhor. Je l’ai rencontré sur des projets annexes au mien, mais ça été un vrai coup de coeur ! J’ai aussi découvert des artistes féminines dans le milieu urbain que je n’écoutais pas forcément. C’est vrai que j ‘écoute beaucoup de mecs et je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce qu’elles sont moins mises en avant… J’ai découvert des femmes comme Le Juiice, Vicky R,… Et ça m’a donné envie de découvrir encore plus de femmes dans l’urbain, parce qu’elles sont vraiment fortes !
Le mot de la fin ?
Merci beaucoup pour cet échange. Préparez-vous pour mon nouveau projet, il y a plein de collaborations qui arrivent, plein de nouveautés et encore plus de sincérité !
2 commentaires