Jeune, ambitieux mais surtout original et créatif. C’est à l’occasion de la sortie de son deuxième projet « Briques Rouges » que l’artiste nous a accordé cette entrevue.
Petite présentation pour les personnes qui ne te connaitraient pas ?
Moi c’est Bekar, j’ai 22 ans. Je suis un artiste originaire de Roubaix, aujourd’hui j’habite à Lille. Je fais partie du label North Face Records, affilié à Panenka Music. J’ai sorti mon premier projet « Boréal » le 22 Mars 2019. Je sors mon nouveau projet en plus gros format, « Briques Rouges » disponible le 25 Septembre.
Tu signes chez Panenka Music en Décembre 2019, notamment le label de PLK, Georgio. Incarné en partie par Fonky Flav, un membre du groupe 1995. Quel est le rôle de Panenka Music finalement ?
Tout d’abord, c’était mon choix premier. J’étais très content de signer là-bas. C’était comme un « rêve ». Comme tu l’as dit, c’est le label de Fonky Flav. Ça fait référence à ce que j’ai pu écouter étant plus jeune. Aujourd’hui c’est pas une grosse équipe de quinze personnes qui interviennent autour de moi. On est en petit comité, c’est un œil en plus sur ma musique. Un œil professionnel qui me permet de prendre plus de recul sur mes choix artistiques.
Dans une interview en début 2019, tu dis que l’objectif c’est de mettre un pied dedans, est-ce que aujourd’hui tu considères l’avoir mis ?
Forcément pour les jeunes artistes comme moi, on veut laisser une empreinte et être reconnus pour ce que l’on fait. Je ne pense pas avoir mis un réel pied dedans. Des portes se sont ouvertes. Le prochain projet sera décisif pour passer un cap. Je suis encore en plein développement.
Quel est ton processus de création ? Tu écris plutôt au studio ou en amont ?
Ca dépend des morceaux, déjà je dois être seul pour écrire un son. J’écris peu en studio. J’ai toujours fait du son avec mes potes, dans une chambre avec un micro. J’ai rarement été dans des grands studios. Pour moi, c’est avant tout une histoire de faire de la musique avec mon équipe. Donc j’aime écrire seul, et enregistrer en famille. Lucci, mon beatmaker m’apporte beaucoup à ce niveau là.
Pourquoi le titre « Briques Rouges » ?
Ça fait référence à l’architecture de ma ville. J’ai grandi à Roubaix, et il y en a beaucoup. C’est répandu dans le nord de la France. Des petites maisons mitoyennes en briques rouges, c’est représentatif de ma région.
Le projet est plus coloré et diversifié que le premier, est-ce que c’était volontaire ? Ou cette envie de tester est venue naturellement ?
C’est naturel, j’ai toujours voulu explorer plein de couleurs musicales , et ça se ressent sur le projet. Des morceaux comme « Boite à gant » ou comme « Kid Cudi » ressortent. Ils se démarquent du fil rouge établi sur le projet, et au final ça apporte beaucoup. Ils sont vus comme des ovnis, et je trouve ce décalage intéressant. Quand j’écoute un projet, j’aime retrouver les traits que j’aime chez un artiste, mais également être surpris.
Et justement, le projet est très riche musicalement. J’ai eu envie de me poser la question « Bekar il écoute quoi » ?
Honnêtement j’écoute de tout, et mes influences changent régulièrement. Le dernier album qui m’a marqué c’était celui de PLK. Le projet « Enna » qui est sorti cette année. Des fois je me remets des classiques à l’ancienne aussi, Booba, Lunatic. Tout dépend réellement du moment. J’écoute aussi du rap américain, Trippie Red j’aime beaucoup.
On remarque une envie de prendre position dans le social, notamment sur le morceau éponyme « Briques Rouges » ou tu crées un contraste entre la richesse et la pauvreté. Là d’où tu viens donc à Roubaix. Que changerais-tu en premier dans cette ville ?
Honnêtement, je ne me suis jamais posé cette question. Je ne sais pas ce que je changerais. Comme je dis, la mixité se trouve au cœur de ma ville. Je pense que c’est aussi l’une des forces de Roubaix. Pourquoi plus d’espaces pour les jeunes, pour la création et les loisirs par exemple. Au final, je ne sais pas si c’est mon rôle. Je pense que c’est encore un peu tôt.
On remarque également un engagement politique, notamment sur le morceau « anxiolytique ». Tu demandes notamment justice pour Adama et Georges Floyd. Est-ce que tu penses trouves ça important pour un artiste d’être engagé dans ses textes ?
J’aurais pu citer plein d’autres noms. Mais ce sont ces noms-là qui ont malheureusement été portes paroles de ces injustices récemment. Je ne sais pas si c’est important. Des artistes n’ont pas forcément envie de faire ça. A mes yeux, c’est primordial. J’ai beaucoup écouté de rap empreint de politique. Après je ne veux pas que ça soit une partie majeure de ma musique. Ce sont des sujets sensibles, et je considère ne pas être le mieux renseigné. Si ma musique peut servir à sensibiliser, ou changer des mentalités, c’est important.
L’outro de « Briques Rouges » est incroyable. Tu peux nous expliquer comment tu as fait ce morceau ?
Une outro c’est important dans un projet. C’était intéressant de faire deux parties distinctes. La première est très introspective, je parle d’une relation que j’ai encore aujourd’hui. C’est surtout l’impact qu’a eu la musique dans cette relation que j’ai voulu décrire. C’est un projet introspectif, c’était important pour moi d’y mettre ma copine. Elle qui a tout vu, et qui m’accompagne au quotidien dans cet univers. Je m’excuse de cette situation finalement. Et sur la deuxième partie, on voit que le rap est plus fort que moi. Le projet se finit de cette manière, comme si le rap m’avait toujours rattrapé.
Pour finir, tu pourrais nous parler de tes objectifs ?
Je n’ai pas spécialement d’attentes, car je n’ai pas envie d’être déçu. Honnêtement, je ne me focalise pas sur les ventes, mais sur la qualité de la mixtape. J’espère simplement que mon projet sera apprécié. Mon objectif, c’est aussi que les artistes que j’ai écouté dans ma jeunesse valident.
Youcef B
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