A la sortie de sa collaboration avec Quavo, BU$HI intrigue. L’explosion fulgurante et internationale du phénomène suscite l’admiration, mais surtout de nombreuses interrogations. La première et plus logique étant, comment le membre du collectif Lyonzon passe-t-il si rapidement du rang d’habitué des bas fonds de SoundCloud à une collaboration avec les plus grands noms de la scène rap US ?
Beaucoup en rêvent, peu l’ont fait. L’année dernière encore classé comme rookie du rap français, le lyonnais se présente maintenant en étoile montante certifiée en décrochant un featuring avec un membre des Migos. C’est à leur grande surprise que les publics français et américains ont pu assister à des événements inattendus : voir Quavo figurer au sein de son clip dans un parking du 92 ou encore apercevoir Asap Rocky flâner dans les rues parisiennes vêtu de Saturn, la marque de BU$HI et son groupe Saturn Citizen.
Alors repéré en compagnie de Quavo à la Fashion Week de Paris ainsi qu’à la fête de la musique cette année, il suffira de quelques semaines pour que l’annonce officielle d’un featuring entre les deux artistes embrase les réseaux sociaux. La sortie du tant attendu « What We Doing? » ou « Qu’est-ce qu’on fait ? » a su provoquer une hype folle du côté du public français. Déjà joué en exclusivité sur la scène des ardentes en 2023, le single a su faire mouche : le résultat d’une alchimie franco-américaine puissante, sur une prod signée 2K & Yakes.
Pluggé aux USA
Si la connexion de BU$HI avec des superstars internationales devrait être résumée en un nom, elle serait sûrement rattachée à celui de Bryan Countach. Manager de BU$HI ayant collaboré avec une grande quantité de noms non négligeables aux Etats-Unis, A$AP Rocky ou encore Travis Scott figurent dans son carnet d’adresse.
En plus d’être à la tête de plusieurs marques et médias dans la mode aux Etats-Unis, Bryan Countach aurait également occupé une place au sein de l’équipe artistique de Quavo, connectant alors les deux artistes ensembles et permis leur collaboration. En 2022, avant l’idée de ce featuring, un EP commun était prévu avec un autre membre des Migos, Take-Off, mais qui n’aboutira pas suite à son décès.
A noter également que dans la Bushi Tape 2, le rappeur de vingt-quatre ans s’est entouré de nombreux producteurs américains, dont la célèbre Wondagurl qui a notamment produit pour Travis Scott. Benty the Great a également contribué à la tape et produit pour Pop Smoke ou Rae Sremmurd, mais encore DJ Durel, un des producteurs des Migos.
Bien évidemment, toutes ces opportunités ne se résument pas à du piston et à des occasions en or pour le rappeur lyonnais. La recette du succès de BU$HI c’est bien du talent, du travail et un univers hors du commun, mais avoir un manager qui répond au nom de Bryan Countach ne se présente pas un inconvénient.
A des années lumières
BU$HI a toujours exprimé sa volonté de sortir du lot. S’extirper de la scène musicale française pour exceller et se perdre dans son univers. Basses 808, champs lexical de l’astral et une obsession pour Saturne, la musique de BU$HI amène une ambiance planante particulière, empruntée de la cloud music.
Doté d’un large éventail d’influences internationales, le membre de Saturn Citizen n’hésite pas à le faire ressentir à travers son travail. Lui-même mentionnant en interview des figures d’exemple comme Kanye West, XXXTentation ou encore Drake, le rappeur exprime la volonté puissante de se démarquer de la scène rap francophone.
D’autant plus qu’on ne remarque peu, voire aucune interview pour un média français donnée par le rappeur. Loin du rap mainstream, de la new gen ou encore du rap underground, il véhicule l’impression de faire part d’une catégorie de rap à part entière de laquelle il ne serait pas le seul représentant. Fréquemment comparé à Ateyaba par son public, le rappeur réunionnais en serait son disciple qui suivrait ses traces.
Placements particuliers, direction artistique bien orientée et égotrip affirmé, les deux rappeurs se rejoignent sur de nombreux points. Le plus évident se trouve cependant être la facilité déconcertante avec laquelle ils excellent dans leur discipline. Une attitude nonchalante et des excès de confiance en commun qui pourraient être perçus comme une manière hautaine de se positionner par rapport à la scène francophone. En auto marginalisation, tous deux expriment leur avant-gardisme avec aisance à travers instrumentales, textes et univers artistiques. Le même talent avec lequel le prétendu descendant d’Ateyaba a séduit les artistes américains et s’est frayé un chemin dans la cour des grands.
L’objectif atteint, le jeune prodige se doit, une fois de plus, de dépasser les frontières et ses limites. L’épopée est loin de s’achever ici, l’occasion de briller encore au milieu des astres et de continuer de faire ses preuves.
Après le drop de son featuring « What we doing? » avec Quavo, BU$HI laisse paraître un compte à rebours sur le site de son label Saturn Citizen Records s’achevant au 1er mars 2024. Le prochain projet de BU$HI est déjà annoncé et celui-ci s’intitulera « Bushi Tape 3 » et a encore tout à prouver.