Une voix chantée avec douceur, un flow cadencé avec minutie, et des textes structurés au millimètre près. Telle est Dirtsa, une artiste passionnée et animée par ses créations et les messages qu’elle véhicule. Alors même qu’elle vient de sortir son premier projet studio ALETHEIA’S CALLING, Dirtsa a déjà une belle expérience de la scène. C’est d’ailleurs avant sa performance à l’Urban Week sur le Parvis de La Défense que j’ai pu faire sa rencontre. 

Peux-tu nous parler de l’avant Dirtsa, comment cela a commencé ?

Tout a commencé quand j’ai commencé mon cursus universitaire. J’ai eu en parallèle des opportunités de reconnecter avec la musique, à travers le parcours associatif de mon université. Et la musique s’est présentée à moi comme vocation durant ma dernière année de licence.

En tant qu’auditrice, la musique était déjà dans ma vie. Mais je n’étais pas consciente du fait que je voulais en faire un métier. Je devais sauter ce pas, me dire « je vais faire de la musique en mon nom. » C’est arrivé autour de mes vingt ans.

Depuis je pense personnellement m’être trouvée [musicalement]

Et ça s’entend !

(rires) Merci ! Mais sincèrement, je prends beaucoup de plaisir à créer, à écrire. De fil en aiguille ça s’est concrétisé, c’est devenu plus sérieux. Le fait de rencontrer plus de personnes aussi joue pas mal. Par exemple, j’ai rencontré mon booker. Il m’a inscrit au tremplin Pernod Ricard France Live Music pour l’année 2021. J’ai pu gagner.

Je dirais donc que tout ça est un travail d’équipe dans le fond.

C’est plus clair maintenant. Mais plus jeune, étais-tu une chanteuse ou une rappeuse ?

Ni l’une, ni l’autre en réalité. J’étais auditrice. C’est vrai que comme tout le monde, je chantais sous la douche, mais rien de plus. Ce n’était pas prédéfini du tout.

Comment es-tu parvenue à devenir les deux ?

Je m’étais dit que je n’allais pas faire de distinction. En fonction de l’instru que j’écoute, ça sort comme ça sort. Mais réellement. Je n’ai pas beaucoup de filtre à ce niveau-là.

Je me laisse beaucoup emporter par les choses que j’entends et les personnes avec qui je travaille. C’est une question de feeling. Je doute qu’il y ait une scission entre la chanteuse et la rappeuse, parce que c’est l’union de ces deux-là avec l’écriture qui me définissent. Donc pourquoi choisir en soi ?

Au moment où tu as lancé ta carrière, quel(le)s ont été les artistes qui t’ont motivé ou donné de l’inspiration ?

Pour [commencer], Skepta (rires), il y a une certaine assurance chez lui que j’admire beaucoup. Et il a un son très particulier ainsi qu’une façon très assumée de le porter. Ça m’a fortement inspiré. Il y a aussi des artistes old-school comme Tupac, Biggie. Cette époque de hip-hop old school où le style était très assumé. La musique était aussi un moyen de se lever contre les inégalités, tout en touchant les gens et créant un vrai contact entre personnes. Une vraie écoute, une vraie symbiose. C’est autant de choses quand je regardais les artistes que j’écoutais, ça revenait beaucoup. Avec le fait de s’assumer, son parcours, son passé. Ça m’a énormément touchée. C’est je pense, le bagage avec lequel j’ai démarré.

 Comment la pandémie de COVID t’a affectée en tant qu’artiste ?

Ça a été un moment difficile d’être confrontée à soi-même comme pour n’importe qui d’autre. Être enfermée dans son petit espace de vie, de se remettre en question. Mais j’ai d’abord pris le temps de me poser un moment. J’ai préféré ne pas m’arrêter parce que le monde lui semble s’être arrêté.

Tout le monde voulait s’évader, donc autant aider les gens à s’évader. J’ai beaucoup écrit, et j’ai réussi à faire avancer mon projet malgré cette pandémie. Et c’est incroyable d’ailleurs. Ça devrait être un message pour tout le monde. Le vrai obstacle à affronter quand on se lance dans quelque-chose, c’est soi-même.

Il était question de prendre ce temps-là pour me chercher, à savoir ce que je voulais faire. Une fois ce travail fait, il ne me restait plus qu’à se retrousser les manches. Il y avait énormément de choses à faire. Et même maintenant d’ailleurs. Mais si je n’avais pas été aussi impliquée, je n’aurais pas été en mesure de sortir mon EP.

« Pour tous ceux qui liront cette interview, je veux qu’ils sachent une chose : il est important de se connaître et d’expérimenter »

Dirtsa
Ce qui est incroyable dans tout ça, c’est ton rapport à l’authenticité qui est omniprésent dans tout ce que tu entreprends. Et surtout, tu tiens à le retranscrire.

Ah mais totalement ! Je ne tiens pas à arriver dans le paysage musical et ne pas être vraie. Je ne parle que de ce que je connais. Et je préfère à la limite prendre un temps pour me documenter sur un sujet que je ne maîtrise pas. Ce n’est pas grave pour moi. Je prendrai la parole quand je serai apte à le faire. Même dans mes textes je cherche à être terre-à-terre. Faire semblant d’utiliser des mots compliqués… L’objectif est de toucher les autres. C’est en ça que ça reste important de rester authentique dans ma musique pour moi.

Dans quel état d’esprit t’es-tu retrouvée en enregistrant ton tout premier single « Straight Out of France » ?

C’était un single que j’avais enregistré en m’amusant avec le son, de ce que je pouvais faire avec ma voix, les cadences. La réception d’ailleurs m’avait vraiment surprise ! Les gens ont vraiment apprécié. Et pour tous ceux qui liront cette interview, je veux qu’ils sachent une chose : c’est important de se connaître et d’expérimenter.

Tu as un morceau avec Apocraphe. Comment est-ce arrivé ?

J’ai rencontré Apocraphe à mes débuts dans la musique. Il a été comme un mentor pour moi. De fil en aiguille, on a été amené à travailler ensemble sur des projets live. Puis il a voulu sortir un album, et il a demandé aux artistes avec lesquels il était en lien de collaborer. Donc ça s’est fait assez naturellement. On s’est retrouvé à Toulouse pour l’enregistrement et ça s’est fait. D’autant plus qu’il fait partie des artistes qui m’ont aidé à grandir en tant qu’artiste.

Rien à voir, mais si tu devais citer tes cinq plus grands rappeurs maintenant. Qui seraient-ils ? 

Oh (rires) ! Alors Skepta doit l’être (rires), Kanye West, Tupac. Je dirais Roddy Ricch pour cette génération et j’ai vraiment envie de le voir évoluer. Et je terminerais avec Kendrick Lamar. Je mettrai en bonus J. Cole, il est incroyable et il doit être mentionné quelque-part ! (rires)

Belle liste ! Et ton top féminin ?

Aaliyah, Kelly Rowland, Ashanti, Eve (même si elle est une rappeuse), et je finirais avec Rihanna.

 Une dream collab pour toi ?

Skepta (rires), obligée !

T’essaierais-tu à d’autres genres musicaux ? En prenant en compte le fait que tu en fais déjà pas mal !

On essaie ! Je ne suis pas du tout fermée à l’idée. Comme je te le disais tout à l’heure, il est important de découvrir de nouvelles choses. Selon moi, si on a envie de découvrir de nouvelles choses, il faut ne faut pas se fermer des portes. Je ne suis pas fermée musicalement, tout dépend de la manière dont on prépare la sauce !

Et comment te vois-tu dans 10 ans ?

Je la vois bien Dirtsa (j’espère, elle travaille beaucoup !). Je la vois accomplie, avec une belle carrière et sans regret. Il y a encore beaucoup de travail, mais il paiera !

Que peut-on attendre de Dirtsa prochainement ?

J’arrive avec mon EP. Mon premier EP. Mon premier skeud (rires) ! Début octobre il sortira et il a été fait avec beaucoup d’amour. Donc j’espère que vous êtes prêts !

L’EP de Dirtsa ALETHEIA’S CALLING est disponible sur toutes les plateformes de streaming.

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