Savourant la mode et les arts visuels, le jeune artiste canadien Malko, influencé par des noms tels que Josman ou Laylow, s’est entretenu avec Hypesoul à l’occasion de la sortie de son dernier EP « Emotionnellement indisponible » le 11 octobre dernier. Une véritable thérapie musicale.
Peux-tu te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas ?
Je m’appelle Malko, je viens du Canada, plus précisément de Montréal. Je fais de la musique depuis 2018.
Quelles sont tes inspirations ou artistes ayant pu t’influencer ?
Il y a le goat Young Thug ! Puis Tory Lanez, beaucoup de rappeurs américains, le rap d’Atlanta avec Migos. En Europe, ce sera Damso, Hamza, Josman, Laylow, Luidji. Beaucoup de soul, R&B. Krisy, que j’ai découvert en 2020, est aussi un artiste que j’affectionne particulièrement ainsi que Smeels que j’ai connu avec “Rose”, où tout le monde pensait que c’était la voix de Damso.
C’était quoi l’idée derrière le projet ?
Je suis allé en thérapie. C’était une nouvelle expérience parce que d’où je viens la thérapie est mal vue. Je voulais me découvrir. Je n’avais pas tendance à être ouvert et vulnérable. J’ai voulu aller en thérapie pour devenir une meilleure personne. Je voulais me débarrasser des schémas répétitifs que je reproduisais dans ma vie. J’avais besoin de quelqu’un pour m’écouter, me conseiller et revoir mes relations avec les femmes. L’idée vient de là, puis “Émotionnellement indisponible” est sorti après ces années de thérapie.
Comment tu crées ta musique ?
Cela dépend. Soit je commence tout seul sur une loop, sans de prod précise. J’écris, je freestyle puis je fais écouter à mes beatmakers, Willy Wonder et Hypnotic. Je leur demande s’ils aiment. Des fois, je vais être en studio, ils me mettent l’instrumental et je rappe simplement. Et d’autres fois, on se casse plus la tête, on fait la topline et on écrit ensemble. On peut produire de différentes façons. Pour le son “Le plus beau des diamants”, j’ai le sujet en tête puis je leur fais part de mon idée et on travaille ensemble pour former un tout cohérent. Pour les chansons plus légères comme “Club Story”, c’est vraiment au feeling.
Comment as-tu fabriqué ton identité artistique ?
J’ai pris les influences de tout ce que j’ai écouté. Je combine le passé et le moment présent pour créer ma propre musique. Je vais écouter beaucoup de Travis Scott, qui se prête à des choses psychédéliques avec une prod prenante et de gros effets sonores. Tandis que Josman a une belle plume et des flows diversifiés. Je cumule ça et je mets mon histoire et ma façon de faire. C’est comme ça que je définis mon son, avec ce que je ressens, ce que j’apprends dans la vie. Par exemple, j’aime la mode, la photographie, les films, ainsi que les instruments organiques comme le piano, le violon. J’incorpore tout ça dans ma musique.
Que représente ce tableau artistique en guise de cover ?
C’est une toile tirée de mon ami Mathis. Je lui ai demandé un tableau par rapport à l’histoire d’Icare, personnage de la mythologie grecque. Dans la légende, il se trouve dans un labyrinthe avec son père et il doit s’échapper. Son paternel lui confectionne des ailes avec une colle. Il prévient Icare de ne pas voler trop proche du soleil sinon la colle va fondre. Icare commence à voler et finalement se brûle les ailes. Je voulais reprendre ce mythe car le ciel représente les émotions ressenties. Ces émotions se rapprochent de la mort. Plus je vole vers le ciel, moins je suis concentré sur ma carrière et je m’enfonce. J’accorde plus de temps à l’amour qu’à ma carrière parfois. C’est une balance entre les deux, l’amour et ma carrière, que je dois maintenir.
Penses-tu à des artistes avec qui tu aimerais collaborer en France ?
J’ai déjà collaboré avec Chanceko. Cependant, j’aimerai bien avec Gueko, Krisy, Smeels, MadeInParis, Luidji, Hamza. Ce sont des artistes que j’écoute et qui m’inspirent.
Ton projet évoquant souvent les femmes, crois-tu que la vie d’artiste est compatible avec une relation amoureuse ?
Pour moi, ce n’est pas compatible. En fait, c’est surtout un frein. C’est à toi de choisir. Tu dois accorder du temps à la personne que tu aimes. Cependant, en tant qu’artiste, tu dois toujours te surpasser, réaliser ton rêve et l’arroser. Je pourrai être au studio 24/24h parce que j’ai peur de manquer une opportunité. En fait, c’est une question de temps, à doser entre ta carrière et l’amour. Je reste un homme. J’ai tout de même besoin d’affection et d’attention féminine.
Ton son préféré de l’EP ?
“Le plus beau des diamants” car c’est tellement sincère et vulnérable, comme au niveau de l’écriture. Quand je le performe, je transcende, j’atteins une autre dimension d’une certaine manière. J’ai vraiment mis toute mon âme.
C’est quoi la suite ?
Musicalement, je vais me tourner vers quelque chose de plus organique. Je veux avoir de vrais instruments. Je souhaite emmener des influences de mon enfance et mixer plein de genres, R&B, blues, hip hop, rock, ainsi qu’exercer des flows plus mélodieux. De plus, j’ai pour projet de venir en France pour établir du lien, des contacts.
Ton mot de la fin pour Hypesoul ?
Merci énormément de m’avoir invité, j’apprécie beaucoup le média. Streamez “Emotionnellement indisponible” !
Ecrit par Erwan Lebigot