Entrevue avec Lyna Mahyem
La chanteuse Lyna Mahyem a sorti son dernier album intitulé « Mon âme » le 9 février dernier. La jeune femme, avec sa musique aux sonorités RnB, détient de valeur sûre sa place sur la scène musicale française. Hypesoul s’est entretenu avec elle pour en apprendre plus sur son projet.
Est-ce que tu pourrais te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Je suis Lyna Mahyem, artiste chanteuse. Franco-algérienne, je viens d’Argenteuil. Je n’ai pas vraiment de catégorie musicale définie. Je ne suis pas seulement artiste pop urbaine. Ma musique se prête aussi à la variété française ainsi qu’à la musique maghrébine.
Tes premiers contacts musicaux en tant qu’auditrice/artiste ?
J’étais très branchée RnB français. Mes parents étaient commerçants et j’entendais beaucoup de variété française et orientale. Le rap et la musique américaine étaient ce qu’écoutaient mes frères et sœurs. Mes références à moi, c’était surtout Wallen, Edith Piaf, Charles Aznavour, Jacques Brel. J’ai commencé en tant qu’artiste bien jeune. Il y avait un pôle à Argenteuil, le Studio Musique et Danse, un collectif des grands du quartier qui tournait autour de la création, de la danse. J’ai posé mon premier texte à 14 ans dans le studio du frère à Sefyu, dans le G8.
T’es dans quel état d’esprit à quelques jours de l’album ?
Je suis très contente. J’avais très hâte qu’il sorte. J’ai pris du temps pour pouvoir le délivrer. Chaque album pour moi est thérapeutique. Je n’ai pas vraiment d’appréhension. C’était surtout lors de mon premier album “Femme forte”, sorti en 2020, où j’étais assez stressée. J’en avais des cheveux blancs. Maintenant, j’ai acquis assez de confiance et de maturité. Je sais que ça parlera aux gens. D‘ailleurs, on ne peut pas faire l’unanimité. J’ai essayé à travers cet album de chercher de nouveaux horizons pour ramener un public qui ne me connaissait pas.
C’était quoi la volonté avec ce projet ?
Le but était de me livrer entièrement dans ce projet. J’y ai mis toute mon âme. J’ai mis deux ans à créer cet album. Cet album-là, c’est vraiment toute ma personnalité. C’est une consécration dans ma carrière.
Dans quelles mesures tu penses avoir évoluer depuis ton dernier album « AUTHENTIC » sorti en 2022 ?
C’est le fait d’avoir été chercher d’autres univers musicaux. Je ne voulais pas que ce soit redondant. Le désir était de s’aventurer sur de nouveaux formats, des prises de risque. Je n’ai pas envie d’avoir ce sentiment d’être frustré de ne pas avoir sorti quelque chose qui me plaît. J’ai cette âme d’artiste. Je n’ai pas peur de l’échec. Avant-gardiste, j’apporte de nouvelles tendances. Je me sens totalement dans l’évolution avec cet album-là.
Comment tu as crée cet album ?
Il faut dire que j’ai repris le studio le 22 décembre 2022. Ce qui est compliqué quand on est artiste, c’est la volonté de toujours vouloir créer. J’interprète, j’écris, je compose, j’ai plusieurs cordes à mon arc. Si je ne mettais pas de barrière à ma créativité, je serais encore en train de travailler sur mon projet actuellement. On a passé deux ans à construire ce projet. La sélection des morceaux est le plus compliqué pour un artiste. J’ai de la chance d’être bien entourée. Mon équipe, ma famille et mes amis sont là pour moi. Quand je vous parle de cet album, quand je dis que j’y ai mis mon âme, c’est le cas. Quand tu es productrice, tu n’as plus les “mains liées”. Tu peux créer ta musique comme tu l’entends tout en respectant les choix de ton équipe.
Aucun être humain n’est prêt pour la notoriété, ce n’est pas normal d’être connu, comment tu l’as vécu au départ ?
Ce n’est pas une situation évidente mais j’ai décidé d’être au-devant de la scène de mon plein gré. J’ai un caractère de fer, je ne suis pas quelqu’un qui va se laisser faire. Je suis souvent dans l’autodérision. Toutefois, le fait d’être exposé est un jeu qui comporte des risques. Ensuite, Les internautes ont plus de facilités à te critiquer derrière un écran. A partir du moment où tu connais les risques, tu ne peux qu’avancer. La notoriété a ses avantages et ses inconvénients. Cela m’a réellement permis de savoir qui de mon entourage était la pour moi et qui ne l’était pas. J’ai accepté d’être exposé et de recevoir aussi bien les compliments que les critiques, constructives ou méchantes. Le plus important pour un artiste, c’est d’être bien entouré.
Tu lis les critiques sur Twitter ?
Parfois, ça m’arrive de les lire et quand c’est drôle, j’y réponds de temps en temps. J’ai la chance d’avoir ce recul et d’avoir ce niveau d’autodérision. Autrement, je l’aurais mal vécu honnêtement. J’ai fais de nombreux morceaux concernant le harcèlement. J’ai beaucoup de personnes qui viennent se confier à moi, je suis assez proche de mon public. Pour mes auditeurs, j’ai comme un rôle de grande sœur. Chanter est une chose. Le marketing en est une autre. Il y a une image à tenir.
Si tu avais le choix, tu voudrais retrouver ton anonymat ?
Honnêtement, ça m’arrive parfois d’en avoir marre. Je dois porter un masque quand je souhaite sortir. Cependant, j’aime bien être au naturel, en jogging, pas forcément apprêtée. Seulement, c’est là que mes fans me reconnaissent le plus. Je n’aime pas le terme de “star”, je suis juste une femme qui produit de la musique, à qui les paroles sont appréciées. Je n’ai pas à me plaindre, j’ai un public hyper bienveillant. Parfois, il est vrai que j’ai envie d’avoir mes moments de vie quotidiens. Je fais mes courses, je vais au restaurant comme tout le monde. Quand je suis avec des amies, je n’ai pas envie qu’elles soient exposées à leur insu. En fait, c’est le seul point sur lequel la notoriété me dérange.
Est-ce que la vie d’artiste est compatible avec une relation amoureuse ?
De mon point de vue, l’amour peut sonner à toutes les portes dans le sens où il faut trouver son partenaire ainsi qu’une complémentarité avec lui. Il est important d’être sur la même longueur d’onde sur certains points essentiels. De mon côté, je suis marié. J’ai la chance que mon partenaire de vie soit très ouvert d’esprit. Il est toujours derrière moi. Il sait que la vie d’artiste n’est pas une mince affaire. En plus, je suis souvent en déplacement. C’est primordial de s’adapter à l’autre et quelquefois, faire des concessions. Quand tu es artiste, tu ne peux plus être anonyme du jour au lendemain. C’est impossible.
Est-ce que tu as pu avoir des influences au niveau du mindset ?
Ma mère m’a fortement inspiré. C’est une femme forte. Elle gérait plusieurs commerces, des restaurants, des cafés. C’était vraiment une figure pour moi. Puis, les coups de la vie, les échecs, les blessures, m’ont forgé. Mon associé, manager et producteur, Moussa, a aussi fait un gros travail pédagogique sur moi.
A partir de quel moment la musique est-elle devenue un métier pour toi ?
La transition s’est faite en 2016, à mes 20 ans. J’étais à la fac et je travaillais à la boulangerie. Alors, j’ai commencé à avoir des propositions de showcases. Je devais m’arranger avec les collègues pour me remplacer. A la boulangerie, ma patronne me convoquait plusieurs fois et finalement, elle m’a mis un ultimatum : la boulangerie ou la musique. Je n’étais pas sûre pour la musique. C’était sûrement la chance de ma vie à ce moment-là.
Ça a été quoi le morceau le plus dur à faire sur ton nouvel album ?
Je pense que c’étaient “Si tu savais” et “Mon âme”. Pour “mon âme”, j’étais en pleine réflexion sur plein de choses de ma vie, de mon couple, beaucoup de remises en questions. “Si tu savais”, c’est une thématique qui fait mal au cœur. J’évoque une personne qui m’était chère et qui est partie. N’importe qui peut partir à n’importe quel moment. C’était dur émotionnellement.
Tu te vois où dans 10 ans ?
Aucune idée. J’espère juste être épanouie et avoir fait toutes les choses que j’avais envie de faire dix années en arrière.
Ton feat de rêve s’il a pas déjà eu lieu ?
J’aurai aimé faire un feat avec Edith Piaf et France Gall. Malheureusement, elles sont décédées. Pour ceux qui sont vivants, je serais heureuse de partager ma musique avec Stromae, Gims et Cardi B.
Ton mot de la fin ?
Allez streamer l’album, j’espère qu’il vous parlera ! Merci pour la force quotidienne et restez comme vous êtes.
Par Erwan Lebigot et Alban Nectoux