Son nom ne vous dit rien ? Pourtant Haïlé Dasta un artiste aux multiples facettes ! Chanteur, musicien, auteur, compositeur et producteur, il accompagne depuis plusieurs années en studio et en concerts live des stars françaises telles que Amel Bent, Maître Gims ou encore M.Pokora.
A l’occasion de la sortie de son titre « NWAR », Haïlé Dasta revient pour nous sur sa carrière et ses nouveaux projets en solo. Rencontre.
Bonjour Haïlé Dasta, tu vas bien ?
Ça va et toi ?
Super merci ! Tu es un artiste qui fait beaucoup de scène, comment as-tu vécu ton confinement ?
Financièrement c’était embêtant, on ne savait pas si on allait être payé et quand. Mais du point de vu de ma musique ça a été plutôt bénéfique !
J’ai toujours été en tournée à accompagner des artistes. A côte je faisais ma musique, mais je n’ai jamais pris vraiment le temps de me concentrer dessus. Là avec le confinement je n’ai pas eu trop le choix.
Un petit retour sur ta carrière pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore. Comment tu as commencé la musique ?
J’ai grandi dans une famille de musiciens, mes deux parents sont musiciens. Il y avait beaucoup de musique à la maison. J’ai commencé à jouer de la guitare après avoir vu un documentaire sur Jimi Hendrix ! Je me se suis dit « ce gas est trop fort, comment il arrive à faire ça ? ». C’est là que j’ai commencé la guitare en essayant de reproduire ce qu’il faisait. Je me rappelle avoir enregistré le documentaire sur cassette à l’époque, je le regardais en boucle pour pouvoir apprendre. J’ai aussi acheté des CD, et j’essayais de refaire tout ce que j’entendais.
Tu partages pas mal de covers d’artistes comme Pharrell, Diddy, Justin Timberlake, … sur Instagram. Quelles sont tes plus grosses inspirations ?
Forcément Jimi Hendrix que je mets en premier, il y a aussi D’Angelo. J’ai eu une grosse période RnB aussi. Je suis très inspiré par la Black Music des années 90 et le mouvement nu-soul. Je suis aussi très hip-hop avec A Tribe Called Guest, Busta Rhymes ou encore Dr Dre.
Des inspirations françaises ?
En France j’étais très fan de Saïan Supa Crew, pour moi ça sonnait cainri, parce que je ne comprenais pas trop les paroles. Je répétais tout sans être trop sur du sens.
Je pense qu’aujourd’hui dans mon écriture il y a un truc comme ça. On me demande souvent ce que je raconte.
Et comment tu t’es dit que tu allais faire de la musique ton métier ?
En classe je n’écoutais pas vraiment. A 14/15 ans j’ai quitté l’école, j’avais des facilités mais je n’étais pas vraiment attentif. J’étais physiquement là mais ma tête était complètement ailleurs.
Je ne me voyais pas non plus faire une école de musique car j’avais tout appris tout seul. C’est là que j’ai commencé à jouer avec d’autres artistes.
C’était quoi ton premier concert ?
Mon premier concert ce n’était même pas à la guitare mais au piano. C’était avec Les Nubians, j’ai remplacé à la dernière minute le pianiste. J’ai eu 2 jours pour apprendre une vingtaine de morceaux. A l’époque je ne savais pas lire une partition, j’ai donc tout fait à l’oreille et en prenant des notes. J’en garde un bon souvenir même si avec le recul je me demande comment j’ai fait !
En 2012 tu participes à The Voice, tu peux nous en parler ?
Dernière The Voice il n’y avait pas vraiment de projet, c’était plus une expérience. J’étais avec mon amie de l’époque que j’avais accompagnée sur le casting, car il y avait une audition dans un studio
Moi j’étais déjà actif dans le milieu et je venais de participer à l’album de Ben Oncle Soul à la guitare. Pendant l’audition une personne de la maison de disque m’a reconnu, et m’a demandé si je voulais participer tout simplement.
Si j’avais eu un projet derrière, ça aurait été un plus pour ma carrière c’est sûr, mais comme j’y suis allé en touriste ! (Rire) C’était juste une belle expérience !
Tu as travaillé avec Ben Oncle Soul, Amel Bent, Gims, … Comment tu choisis avec qui tu travailles ?
J’ai eu pas mal de chance car j’ai commencé très tôt et je me suis fait une bonne réputation dans le milieu. On m’a toujours appelé.
C’est souvent le directeur musical qui monte une équipe de musiciens, il sélectionne et ensuite on part en tournée. Avec Gims, M Pokora, c’était la même logique et le même directeur musical d’ailleurs.
Gims et M Pokora, se sont de gros artistes français, comment tu t’es senti de travailler avec eux ? J’imagine que l’environnement change complètement.
La scène c’est vraiment quelque chose que j’aime et sur des shows comme ceux-là, il y’a de gros moyens. Avec Gims on a fait le Stade de France, c’était un show à l’américaine avec beaucoup de monde sur scène, de la pyrotechnie, des cascades, …
On a tous un rôle bien défini mais on garde une certaine liberté. Comme cela reste du live, il faut savoir proposer des arrangements, sans être trop gourmand non plus. Entant que guitariste je prends énormément de place, je peux faire le show ! Il y a des parties musicales qui mettent en avant chaque musicien, chacun a son moment.
Ton plus beau souvenir sur scène ?
Il y’en a plein ! Mais le Stade de France c’est quand même assez marquant. J’ai fait d’autres salles dans le monde mais le stade c’est quand même historique !
Ton titre NWAR est sorti il y a 2 semaines, tu as écrit ce texte en 2014 après le meurtre d’Eric Garner, pourquoi ne l’avoir sorti que maintenant ?
J’ai fait beaucoup de scènes en 6 ans, j’étais tout le temps en tournée et je n’ai pas trouvé le temps de me poser sur ma musique, mais le premier titre que je voulais sortir c’était celui-là.
Avec tout ce qui se passe aujourd’hui, je ne me voyais pas sortir un titre léger. Avec l’expérience que j’ai dans le milieu je ne me voyais pas arriver avec un titre trop solaire. Ce n’était pas en accord avec moi-même, il fallait que je reste crédible.
6 ans sont passées, pensais-tu que cette thématique serait encore autant d’actualité ?
J’aurais pu sortir ce titre il y’a 6 ans, il y’a 10 ans ou même dans 15 ans, je pense que malheureusement la situation ne va pas évoluer, du moins pas tout de suite.
Pourquoi c’est important que les artistes prennent part au débat ?
Entant qu’artiste je pense que tu dois parler de choses qui te touche, et si tu n’es pas touché par ce sujet-là c’est qu’il y a un problème. Je ne sais pas si tout le monde devrait s’exprimer sur cette question, mais moi je tenais à le faire.
Aujourd’hui dans le milieu du rap par exemple il y a plusieurs genres d’école. Du rap conscient avec des artistes clairement engagés, et du rap plus axé sur l’Entertainment, pour divertir. J’ai l’impression que celui-ci a pris beaucoup trop de place. Selon moi il ne devrait pas y avoir ce clivage. Tous les artistes devraient pouvoir proposer les 2 genres sans être mis dans une case, et malheureusement je trouve que c’est quelque chose qu’on ne voit pas assez.
Je pense qu’il en faut pour tout le monde, la musique est là aussi pour nous aider à nous échapper. Mais il est possible de faire passer des messages positifs et réagir à des sujets de société tout en vendant des millions de disques, comme c’est le cas pour Kery James.
Est-ce que tu penses qu’en France on passe un peu à côté du sujet ?
Je n’ai pas l’impression.
Les voix que j’entends sont celles de personnes que je suis donc j’ai le sentiment qu’on en parle beaucoup. Ici aussi c’est devenu un sujet d’actualité porté entre autres par le collectif Justice pour Adama d’Assa Traoré.
Les médias et les politiques en parlent car c’est de l’actualité. Ils se sont emparés du sujet car cela devenait viral sur les réseaux sociaux du monde entier, malheureusement ils sont vite passés à autre chose.
Revenons un peu sur le clip. Tu mets en scène des esclaves noirs, et l’état de soumission qu’exerce leur maître blanc sur eux. Pourquoi as-tu choisi cette représentation pour illustrer ton texte ?
J’ai longtemps hésité avant de proposer cette version. J’aurai pu faire quelque chose de plus moderne avec des images actuelles mais je suis rentré dans une démarche plus artistique en dressant un portrait un peu plus colonial. Je voulais montrer que finalement cela n’avait pas vraiment évolué.
Comment ton public a accueilli ton titre ?
Très bien ! C’est mon premier titre, et le gens l’ont très bien reçu. C’est super motivant pour la suite.
Un mot sur tes prochains projets ?
On va rester dans quelque chose d’assez « produit », de très lourd ! Mais aussi de la guitare voix car c’est ce que ma communauté Instagram à l’habitude d’entendre. Beaucoup de mes morceaux sont déjà prêts ! On laisse un peu s’installer le premier titre et puis on enchaînera dans les prochains mois.
Là j’ai appris à travailler en équipe, avant j’avais l’habitude de tout faire tout seul. Mais je me dis que plus on est nombreux plus on est forts ensembles. Pour ce projet j’ai fait appel à 2 amis avec qui je n’avais jamais travaillé, et je pense que cela ne peut qu’être positif !
Tu parles aussi l’anglais, des envies de travailler dans cette langue ?
Je suis de la Dominique donc l’anglais est aussi une langue que je maîtrise, mais j’aime beaucoup le français et c’est plus naturel pour moi. J’assume maintenant mieux ma musique en français, et mon prochain projet sera destiné à un public francophone.
Comment tu vois la suite ? Hormis ton projet perso, tu as hâte de refaire des tournées ?
Normalement là j’aurai dû être en tournée, mais elle a été annulée. Si l’occasion se présente pourquoi pas. Pour l’instant, ça tombe bien pour ma promo !
NWAR est maintenant disponible sur toutes les plateformes de streaming !