Artiste parisien en pleine évolution, Jaysocold nous invite à plonger dans sa première mixtape « Blessed ». Un retour à la foi pour le jeune rappeur qui mêle des paroles personnelles à des rythmes entraînants sur des instrumentales léchées.

Jaysocold, recentré sur la foi

Peux-tu te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas ?

Moi c’est Jaysocold, 24 ans, d’origine béninoise, jeune artiste de la scène parisienne. J’ai débuté le son en 2020, en commençant par faire des prod sur mon ordinateur.

Quels sont tes premiers contacts musicaux en tant qu’auditeur ?

Mes premiers souvenirs sont avec ma mère. Quand j’étais petit, à la maison, on avait une chaîne hifi, elle écoutait des CDs des années 80, 70, avec du soul, du jazz. C’étaient des sons à l’ancienne, avec de vrais instruments, des sonorités authentiques. J’aimais bien Ray Charles, Louis Armstrong. SWV et Jodeci en R&B.

Quels sont tes débuts en tant qu’artiste ?

J’ai écrit mon premier freestyle en 2019, à la fin du bac. Je grattais sur des types beat sur Youtube. C’est en octobre 2021 que je me suis dit que je ferai mon premier son. Avec un pote, on faisait ça dans une chambre avec les moyens du bord.

Ta musique se mêle à un rap planant et rythmé. Où puises-tu tes influences ?

J’étais un gros consommateur de R&B. La mélodie est quelque chose qui m’emporte. Dans le rap découpé, on ne retrouve pas ça. Dès qu’il y avait ce passage au pré-refrain, j’avais automatiquement l’envie de chantonner au lieu de découper. Hamza, Don Toliver, Lil Tecca, Drake, sont des artistes qui m’inspirent car ils savent utiliser la mélodie même s’ils savent découper aussi. 

Dans « Jodeci », tu te livres avec des paroles personnelles où tu montres un peu tes failles, tes désillusions. Qu’est-ce qui t’a poussé à te livrer dans ce projet ?

Au début du projet, je me suis retrouvé avec moi-même. Alors, j’ai remis la spiritualité au centre de ma vie. J’ai recommencé à aller à l’église, à prier. C’est aussi pour ça que le projet s’appelle “Blessed” et que j’ai mis une croix sur la cover. Un jour, pour le cas du morceau “Jodeci”, je me suis séparé d’une personne alors que je ne m’y attendais pas du tout. Un conflit a eu lieu entre nous. J’étais contrarié et c’est ce soir-là que s’est produit “Jodeci”. Je n’avais pas l’habitude de me livrer. C’est la première fois que je donnais de ma personne, de mon énervement. En le réécoutant, je sentais le morceau plus profond que mes autres sons, et ça m’a donné envie de mettre davantage d’intention avec mes états d’âme et mes pensées comme dans “Mama proud” ou “BTS”. Je suis content du rendu. 

Tu parles de trahisons et de déceptions. Comment fais-tu face à ça et comment t’en relèves-tu ?

Sur le coup, c’est dur. Tu ne peux pas t’imaginer que ça puisse t’arriver. Tu te rends compte que tu n’es pas sur la même longueur d’onde que certaines personnes alors que tu pensais l’être. Face à ça, tu as plusieurs phases : le moment d’incompréhension, puis l’énervement, et enfin la déception. Moi, qui suis croyant, je me dis que Dieu m’a séparé de cette personne pour une bonne raison. Dieu ne voulait pas que cette personne fasse partie de ma vie. Ce sont des choses qui servent de leçon. C’est aussi pour ça que j’ai appelé le projet “Blessed”.

J’ai remarqué des sonorités différentes de ce que l’on entend habituellement. Quel soin apportes-tu à l’instrumental ?

Pour moi, dans un morceau, l’instrumental est le plus important. C’est l’instrumental qui va apporter en premier lieu l’émotion. Si je ne suis pas sûr à 100%, je ne pose pas dessus. La prod doit être à l’image de ce que j’ai en tête. Par exemple, pour “Coldest in the world”, la prod n’était pas du tout agencée comme le rendu final. Le pont n’existait pas. On a ajouté un synthétiseur. Le son a beaucoup évolué.

Pourquoi vouloir Smeels sur ton projet et comment la connexion s’est-elle réalisée ?

Smeels, ça remonte à 2022. J’avais fait un freestyle qui avait plutôt bien fonctionné. Quand il est sorti, Smeels a accroché et m’a suivi sur les réseaux. Il m’a envoyé un message de félicitations. Puis, pendant 3 mois, on a joué ensemble tous les jours à la play sur Warzone ! Enfin, je me suis dit que j’aimerais un featuring avec lui. On a calé la session et on a réalisé le son “Fast life”.

On trouve beaucoup d’egotrip dans tes morceaux. Pourquoi est-ce un élément essentiel pour toi et comment l’immisces-tu ?

C’est une manière de me drainer et de drainer les gens. J’écoute plus de rap américain que de rap français. Le rap américain est fort dans l’egotrip comme Young Thug, Future. En écoutant, j’avais l’impression que je pouvais surpasser tout le monde. Ils arrivent à communiquer cette énergie. Avec l’egotrip, j’ai envie de montrer que je me donne les moyens et que tout le monde puisse reconnaître que je suis trop fort. Ou des moments où je me sens bien et confiant. Comme sur les titres “New Lifestyle” et “Coldest in the world”, j’ai eu des retours de gens qui se sentaient motivés par mes sons et ça m’a fait trop plaisir.

Tu fais des références à ta mère comme dans « Mama proud ». Est-ce que tu peux dire maintenant que tu l’as rendu fière ?

Elle me l’a dit il y a deux jours. J’ai eu une page entière dans le journal Libération. Pour ma mère, c’est une victoire. En fait, elle est malade et handicapée. Alors, dès mon plus jeune âge, j’ai dû être placé en famille d’accueil. On a partagé beaucoup de combats ensemble, que ce soit sur le plan financier, santé ou moral. Maintenant, elle a vu que je peux commencer ma vie avec quelque chose qui me passionne. J’ai pu payer quelque chose grâce à la musique pour ma mère. Je suis touché de voir qu’elle est comblée par ma réussite. 

C’est quoi la suite ?

Je viens de faire mon premier concert à La Boule Noire le 19 octobre dernier. D’ailleurs, je suis en train de travailler sur mon deuxième projet. Je sens que j’ai pris beaucoup en maturité cette année-là. J’ai fait des sons que je n’ai pas mis dans le projet parce que je voulais que ce projet soit à l’image de moi qui me suis trouvé musicalement. Le prochain, je vais le penser plus réfléchi, mieux écrit et plus mûr. Je vais m’ouvrir un peu plus et pousser les visuels. J’ai pour projet de faire un festival aussi l’été prochain.

Dernier mot pour Hypesoul ?

Merci Hypesoul pour l’attention et l’intérêt portés ! Merci à Erwan pour le temps passé et les questions posées ! C’était cool ! Big love et allez streamer “Blessed” !

Ecrit par Erwan Lebigot

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