On vous propose aujourd’hui de partir pour Houston pour découvrir le groupe K-Otix. Alors que la capitale Texane s’est souvent présentée comme une ville au rap « Hardcore », K-Otix peut se présenter comme des descendants du Soul Rap des années 90. Retour en 2001 avec leur premier album nommé Universal, riche par sa production et ses lyrics.
Qui sont-ils ?
Damien et Micah sont deux lycéens texans lorsqu’ils se rencontrent en 1992. Passionnés de Hip-Hop, les deux adolescents de la classe moyenne perfectionnent leur style jusqu’à fonder leur groupe avec le producteur The Are en 1997. Durant la fin du millénaire, le groupe s’inscrit dans une dynamique à base de EPs et de Singles retranchés dans une vibe très jazzy. On retrouve respectivement Spontaneity en 1997, Do You Wanna Be An MC? En 1998 et Questions en 1999. Vient ensuite leur premier album nommé Universal qui réalise son succès au sein de l’underground américain. C’est à ce moment précis que le groupe dévoile son style musical. En samplant différentes musiques du monde, le groupe expérimente un son universel à l’image donc de leur album. KO ouvre la voie vers une musicalité plus large en contradiction avec le bling bling du début millénaire. « World Renown« , le titre phare de du projet les projette dans le grand bain. Ils parcourent le monde avec notamment une tournée Japonaise accompagnés du célèbre DJ Cash Money.
La suite est cependant moins flamboyante pour les texans. Leur second album The Black Album est moins consistant par ses productions et l’apport des mc’s est moins impactant. Le groupe se retire alors pour quelques temps pour revenir en 2008 avec The Reason. Un album un peu trop décalé avec l’émergence d’un son sudiste plutôt trap mais efficace par son côté old school.
Depuis 2016, KO est maintenant très actif en sortant EPs et albums à foison avec notamment 48 seasons sortie en août dernier. Concentrons nous maintenant sur leur masterpiece a.k.a Universal.
Le partage du Hip-Hop
Universal est un album complet par son écriture. L’ego-trip évidemment est présent mais d’une façon particulière. Les artistes de K-Otix aiment effectivement se montrer supérieurs dans leur capacité vocale sans pour autant jouer les gangsters.
« MCs are either pimps, players, Killers or murderers »
« Legendary » de K-Otix
C’est plutôt la positivité qui est mise à l’oeuvre dans Universal. Le Hip-Hop dans sa forme la plus pure est mis en-avant. Le morceau « The Word » notamment loue une éloge au rap ainsi qu’à toutes les formes de langages.
« Communicate from state to state, With the Word, Live by the Word, Die by the Word »
« The word » de K-Otix
« World Renown » titre phare du projet, parle lui d’un dégoût de la musique commerciale du début du millénaire. Damien et Micah se prêtent à un échappatoire et se voient comme le renouveau mondial du Hip-Hop. Autour de six couplets rapides et techniques, les mc’s déclarent ne pas pouvoir faire de « cette merde » (la musique commerciale).
« Can’t do that shit »
Refrain mythique de « World renown » de K-Otix
KO s’inscrit également dans une nostalgie. Ils racontent leur histoire sans mentir, assument leur déboires et clament leur volonté d’aider les autres par leur musique.
« I was born on a midtown street corner
The lovechild of an inner city street performer,
And when I came I brought about a change in the times,
The kick, snare and bass line were my vital signs »
Couplet de Micah sur l’outro de Universal
En tant que lyricistes qualifiés, Micah et Damien peuvent mener leur projet à bien grâce The Are à la production. Car si le son K-Otix est aussi reconnaissable c’est bien grâce à cette architecte de la musique.
Une musique mondiale
Sur YouTube, on peut trouver de nombreuses productions gratuites afin de s’exercer à l’art parolier qu’est le rap. L’une des plus célèbres se nomme « Kan Kick« , comptant 8 millions de vues. C’est une instrumentale très envoûtante par son sample de « Light it up », morceau de Kyne. Ce qu’ignore la plupart des auditeurs, c’est que cette production vient tout droit de « World renown« , morceau de K-Otix. C’est par là qu’on reconnaît la célébrité des artistes : la plupart de leurs instrumentales sont en effet connues sans pour autant en connaître la source.
Parmi l’album Universal, on retrouve des samples venus de tous les coins du monde avec à la clé des productions de grande qualité. Que ce soit de la musique classique sur « C.P.R« , des sonorités hispaniques sur « Looking glass » ou des influences funky sur « Mind over matter« , The Are prend à contre-pied l’auditeur à chaque tracks en s’orientant vers de nouveaux horizons. La magie de ces productions réside dans l’addiction qu’elles procurent. Elles sont plutôt minimalistes mais chaque mélodie, à l’image du synthé de « Take a breath« , est calculée pour plaire à un grand public sans pour autant devenir commerciale.
C’est finalement cela K-Otix, une musique ouverte mais paradoxalement différente de ce que proposait les différents artistes du début millénaire. On vous invite maintenant, si ce n’est pas déjà fait, à écouter cet album avec grande attention. Les trésors du Hip-Hop sont nombreux, reste juste à les trouver.