Le 20 Juin dernier, cela faisait trois ans que Prodigy, rappeur emblématique du Queensbridge et membre du duo Mobb Deep, nous quittait. Retour sur la carrière du plus gangster de tous les rappeurs.
Naissance et formation.
Prodigy, plus connu sous le nom de Albert Johnson, naît dans le milieu des 70s à New York. Bien que né à Long Island, il grandit dans le Queens, un des quartiers les plus chauds de New York. Il fera partie de cette génération dorée qui a vu naître des Nas, Kool G Rap, Capone-N-Noreaga ou Blaq Poet pour ne citer qu’eux. Ayant grandi dans une famille d’artistes, c’est tout naturellement qu’il intègre une école d’art et y fait la rencontre de Kejuan « Havoc » Muchita. Ils formeront le groupe Poetical Prophets, avant de changer le nom en Mobb Deep.
Sur Les Chemins Du Succès.
C’est en 1993 que sort leur premier album Juvenile Hell. Malgré la présence de DJ Premier sur le tracklisting, l’opus est un échec. C’est finalement deux ans plus tard qu’ils sortent l’album The Infamous, dans la lignée des Illmatic ou Enter The Wu-Tang :36 Chambers. L’album est sombre et glacial, il sent la rue et le vécu. C’est d’ailleurs sur cet album que nous retrouvons le célèbre titre Shook Ones Pt. 2 reprit plusieurs fois dans 8 Miles lors des fameuses battles du film. Une année plus tard, ils sortent Hell On Earth, qui n’est ni plus ni moins qu’une suite à The Infamous.
Prodigy & Havoc sont maintenant dans la cour des grands et commencent à être invités en featuring un peu partout. LL Cool J, Big Pun, Nas, Kool G Rap, même Mariah Carey fera appel à eux pour le remix de The Roof.
Eternel combat contre la maladie.
Prodigy est atteint de Dépranocytose, une sorte d’anémie. Cette maladie lui vaudra plusieurs séjours à l’hôpital pour se soigner. Durant ces périodes d’hospitalisation, il en profite pour écrire quelques uns de ses morceaux, notamment Quiet Storm qui aurait dû finir sur son album solo et qui servira finalement de single pour le troisième album du groupe Murda Muzik. Il écrira également sur son lit d’hôpital, le titre You Can Never Feel My Pain, morceau puissant où il raconte comment il est devenu accro au cannabis et à la morphine afin d’apaiser ses douleurs.
Son premier album solo H.N.I.C., acronyme pour Head N***a In Charge, sort en 2000 et sera porté par le single Keep It Thoro. La moitié du rap game posera en freestyle sur cette instru d’ailleurs. Si Havoc est toujours présent, Prodigy confie une partie de la production de cet opus à un nouveau venu répondant au nom de The Alchemist. Fun fact : P, toujours très méfiant dans la vie, a cru pendant un moment que The Alchemist était un agent infiltré du FBI, il a longtemps refusé de travailler avec lui.
I fly solo.
Le début des années 2000 est assez compliqué pour le groupe. Le rap change et le duo négocie mal le virage en enchainant les mauvais choix artistiques : featurings douteux (avec 112, Nelly ou encore Lil Jon), signature sur le G-Unit Records de 50 Cent, sans parler de l’état de santé inquiétant de Prodigy qui se fait sentir sur ses performances au micro. Sentant le vent tourné, il décide de reprendre sa carrière solo en indépendant, afin d’être maître de ses choix. Il sort en 2007 et 2008 Return of the Mac en commun avec The Alchemist, H.N.I.C. Pt. 2 et Product of the 80’s, qui seront tous adoubés par la critique.
Le chant du cygne.
Après un hiatus forcé de trois ans et demi, le temps de purgé une peine de prison pour possession illégal d’arme à feu, il sortira le dernier volet de la série des H.N.I.C.. Suivront un nouvel album en commun avec The Alchemist et un dernier opus en 2017, Hegelian Dialectic (The Book of Revelation).
C’est à Las Vegas, le 20 Juin 2017, que Prodigy s’éteint à l’âge de 42 ans des suites de son long combat contre la Dépranocytose.
Capital P
Prodigy ne répondait qu’à une seule chose : la street crédibilité. La rue et le vécu était au centre de tout. De ce fait, il n’hésitait jamais à dire tout haut ce que d’autres pensaient tout bas. D’où ses nombreux clashs avec ses collègues rappeurs (Keith Murray, Jay-Z, Dogg Pound, Tupac). Il écrit d’ailleurs une lettre ouverte au rap game, lorsqu’il est incarcéré en 2009, et raconte être triste et déçu de la tournure que prend le rap à l’époque, citant les noms de Flo-Rida ou Rich Boy. Toujours proche des siens et de son quartier, on se souviendra également de cette vidéo qui circulait sur Youtube où on le voit apprendre à tirer au fusil à pompe à son fils.
Alimenté par les meilleurs productions d’Havoc ou de The Alchemist, Pee rappait la rue comme personne. Ses lyrics torturés et son flow glacial ont inspirés bon nombre de rappeurs dans le monde. Il jouissait également d’une grosse cote de popularité chez nous en France. Très souvent le duo Lunatic, de Booba et Ali, ont été comparé à Mobb Deep. L’album Mauvais Œil sortit en 2000 est un pur produit de « The Infamous » de 1995. Seth Gueko, Kery James, Rohff ou le 113 s’inspiraient énormément de Prodigy. Le trio de Vitry sur Seine invitera d’ailleurs Mobb Deep sur leur album 113 Degrés.
Si Jay-Z et Nas se sont affrontés pour le titre du King of New York durant les années 2000, P avait lui le titre de Roi de la Rue. Trois ans après son décès, on attend toujours les prétendants.
Déjà c’est la drépanocytose.
On sent l’effort d’écriture de l’auteur malgré des fautes d’orthographe horribles, mais le ton général laisse penser à un article de skyblog à moitié copier-coller depuis Wikipedia, par un pseudo-backpacker boutonneux de 13 ans.
Et puis parler de street cred sur un site racoleur de la sorte, c’est assez osé 🙂