Quelques temps après la sortie de Jeune Bandit Serpent, son premier projet, Prototype revient avec Somnium. Entretien avec un artiste au parcours aussi chaotique que surréaliste.
Pourrais-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Je suis un rappeur mélodieux qui vient du 93 et qui raconte son vécu et la rue dans ses moindres détails.
C’était comment de grandir dans le 93 ?
Je pense que c’est similaire à toutes les banlieues de France. Néanmoins il y a un aspect plus dur dans ce département que tu ne trouves pas ailleurs.
Comment as-tu commencé le rap ?
J’ai commencé au collège, en 5éme précisément. C’est en regardant mon frère écrire des textes que j’ai eu envie de me lancer et tout s’est ensuite enchaîné naturellement.
A part ton frère, qui sont les personnes qui t’ont influencé ou marqué ?
En France je peux te citer des rappeurs comme Mister You, Booba, Kery James et Mac Tyer. C’est encore une fois grâce à mon frère que j’ai découvert tous ces artistes.
D’où vient ton nom de scène ?
Dans la musique je ne serais jamais à mon niveau. Il y aura toujours une marge de progression, voilà pourquoi je me considère comme un prototype.
Quel retour fais-tu de ton expérience en groupe avec Lutheck ?
Lutheck était constitué d’amis d’enfance, avec qui j’allais en cours, avec qui je trainais tous les jours. On s’est lancés dans le rap en prenant exemple sur les grands de notre quartier. Notre premier clip a bien marché et on a donc persévéré dans ce domaine. J’ai vu cette expérience comme une possibilité de m’en sortir et voilà pourquoi je me retrouve en solo aujourd’hui. Peut-être que j’y ai cru plus que les autres.
Tu sembles très proche de Tiakola, comment l’as- tu connu ?
Je connais Tiako depuis tout petit. Il a un cousin qui habite dans ma cité et il venait donc souvent lui rendre visite. Etant donné que son cousin est un pote à moi, on s’est rapprochés tout naturellement.
Tu es également proche du duo Key Largo, comment les as-tu rencontré ?
Je les ai rencontré via un producteur en commun. J’ai toujours guetté leur musique et j’avais cette idée de collaborer avec eux bien avant d’être en solo. On s’est ensuite rencontrés en studio et le feeling est passé super facilement. Depuis on ne se lâche plus.
On connaît le respect que tu portes pour Young Thug, en quoi t’a-t-il marqué ?
Son audace m’a beaucoup marqué. Ce type est capable de prendre des voix totalement poussées, des flows inhabituels. Il m’a aussi influencé dans la façon de se saper par son excentricité.
C’est quoi ton projet préféré de Young Thug ?
Je dirais Slime Season 1, il m’a vraiment choqué ce projet.
Tu es un rappeur très polyvalent au niveau mélodique en mélangeant pop, rap et sonorité africaine. Est-ce essentiel pour toi de ramener cette diversité dans ta musique ?
En fin de compte, toute cette diversité me représente. Je n’ai pas besoin de me casser la tête à chercher quelque chose qui va marcher, j’ai juste à puiser dans mon vécu. J’ai grandi avec des musiques africaines, des musiques américaines et du Michael Jackson. Tout cela donne Prototype aujourd’hui.
Quel retour fais-tu de ton premier projet ? (Jeune Bandit Serpent)
J’ai été surpris par les retours, je ne m’attendais pas à choquer autant. J’ai eu l’impression de faire découvrir un nouveau délire au public. La suite va être encore plus méchante.
Tu reviens maintenant avec Somnium, qu’as tu voulu démontrer principalement autour de projet ?
Ce projet est un pont entre Jeune Bandit Serpent et l’album qui arrivera l’année prochaine. J’ai davantage travaillé Somnium en ayant fait un séminaire et j’ai plus respecté l’aspect “album”. Enfin j’ai essayé d’apporter une nouvelle couleur à ma musique.
On remarque que tes intros sont toujours particulières avec un côté mystique. Sur ce projet, une voix féminine dit “Réveille toi”. De quoi parle t-elle ?
Somnium signifie “Rêve” en latin et tu as vu ce que je vis aujourd’hui ? J’ai toujours voulu cette vie, être signé en label, avoir de la reconnaissance. Je suis en train de vivre un rêve éveillé alors que je sors d’un flop en groupe. Néanmoins je me demande si ce rêve va encore durer.
La grande différence avec ton dernier projet semble les thèmes. On sent que tu as développé des aspects personnels sur “Amour & Tess” et “Pas ma Faute”.
C’est exactement cela. Sur Jeune Bandit Serpent j’avais plus envie de m’amuser. Dorénavant je veux me livrer, j’ai envie de parler de mes dépressions. Ma musique est dansante mais ce qui est caché derrière est bien plus sombre.
On retrouve un aspect Young Thug dans cette façon d’aborder ta musique car ce dernier peut aborder des thèmes très tristes sur des morceaux trap.
Il y a chez lui une façon de prendre à contre-pied que j’adore. Le morceau « Sous l’eau » est sûrement celui qui définit cette démarche dans le projet. En effet l’ambiance du titre est très aquatique, très mélodieuse tandis que mes paroles sont gores.
Est ce qu’il y a un morceau dans ta carrière où tu t’es surpassé ?
Je te dirai l’intro de Jeune Bandit Serpent. C’était une fin de séance en studio, il me restait 30 minutes. Mon beatmaker me faisait écouter différentes prods. Il y en a une que j’ai kiffé direct mais il lui manquait un je ne sais quoi. On l’a légèrement changé et j’ai eu de l’inspiration comme jamais. Au tout départ je lâche quelques toplines puis en réécoutant la prod, je me rends compte que j’ai envie d’en faire l’introduction de mon premier projet. je suis ensuite parti dans un délire mystique en ajoutant mes adlibs, des chants d’oiseaux et j’ai surpris tout le monde, moi inclus.
Une co-interview réalisé par Youcef Benouada et Malo Herve.
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