C’est sa passion pour la musique et la rigueur qu’elle met dans son travail de création qui font de Maud Elka une artiste authentique. Après avoir tenté le barreau à la suite de ses études de droit, la jeune femme décide de se consacrer à sa carrière musicale. En 2020, elle sort un EP qui va la faire connaître dans le milieu. En 2022, elle revient avec un projet plus abouti qui laisse présager un beau succès et de beaux horizons pour le R&B français. Rencontre avec Maud Elka pour une discussion sur ses inspirations, sa manière de créer et ses envies.
Salut Maud, tu viens de sortir ton nouvel EP Drama, comment te sens-tu ?
Je me sens vraiment bien et soulagée. L’EP était prêt depuis un moment et on l’a fait sur un an. En un an t’as le temps de vouloir que les gens écoutent tes sons, qu’ils découvrent ta nouvelle musique et ton univers. Donc je suis super soulagée, il y a un bon démarrage, on est rentrés dans des playlists. Franchement je suis super contente !
Que représente ce projet pour toi par rapport au précédent Seven sorti en 2020 ?
Je me sens plus mature dans la musique. Seven je l’avais fait pendant le confinement. J’étais rentrée chez mes parents. Il y a un côté plus enfantin, t’es dans ta chambre d’enfant avec tes posters et tout. Du coup c’était plus immature. Mais j’aime beaucoup Seven, c’est ce qu’il m’a permis de me faire connaître de beaucoup de personnes. Et là sur Drama je me sens beaucoup plus mature et aboutie. L’univers est plus précis.
Quelles ont été tes inspirations ou tes rencontres pour ce nouveau projet ?
La première rencontre que j’ai faite c’était S.Pri Noir. Il avait beaucoup aimé “Tiki” et du coup on l’a rencontré. Il a écrit un morceau dans l’EP avec Still Fresh, c’est “Tout Donné”. C’est un des moments qui m’a donné l’énergie pour l’EP. Ils sont venus me voir pour me dire : “on veut écrire un morceau pour toi, topliner”. Moi j’avais l’habitude de tout faire toute seule parce que j’étais pas dans le monde de la musique avant. Et pour moi c’était inimaginable que S.Pri Noir m’écrive un son ! Et finalement ils ont écrit “Tout Donné” et je l’ai trouvé tellement bon que je me suis dit qu’il fallait que j’ai cette même énergie pour tout le reste. Donc c’est le déclencheur qui m’a dit que c’était par là qu’il faut aller, c’est ce niveau d’exigence qu’il faut avoir, des toplines comme ça bien efficaces et avec des choses qui me ressemblent quand même.
As-tu un morceau dont tu es la plus fière sur le projet ?
J’hésite entre “Doucement” et “Si tu savais”. Ce dernier je l’ai fait toute seule, chez moi. C’était après les séances que j’ai faites avec S.Pri Noir, Still Fresh ou mon producteur et beatmaker John Scorp. Je me suis dit je vais prendre tout ça et je vais essayer d’appliquer ces leçons à la maison. Et “Si tu savais” c’est vraiment ça. C’est une prod d’Ashka, il me l’a envoyé, j’ai kiffé et j’ai essayé d’appliquer ça. Je suis vraiment fière de ce son.
Après t’as le morceau “Doucement” qui est grave pas chanté, très bas vocalement. Et là c’est la prod de Noxious. Je pense que j’ai réussi à faire l’interprétation qu’il voulait que je fasse. C’est un son qu’on a fait à 3 mais c’est sorti de sa tête. C’est pas ce que j’ai l’habitude de faire mais c’est une partie de ce que je suis musicalement. Et j’en suis fière parce que je suis sortie de ma zone de confort et je kiffe ce morceau.
Tu peux nous parler plus en détails du 1er single “C’est mort” qui est en train de cartonner ? Avais-tu prévu son succès ?
Au début, pas du tout. On a d’ailleurs fait “C’est mort” et “Doucement” en même temps. On est parti à Bordeaux, c’est des bons souvenirs. Et quand on a fait “C’est mort”, j’ai entendu la prod et on s’est dit que c’était une dinguerie. Mais on avait pas entendu que c’était actuel. On me dit souvent que j’ai des influences old school, du coup j’ai pas entendu ça. C’était une belle prod qui m’a touchée. Et c’est seulement à la fin que je me suis rendue compte que c’était très actuel et que ça pouvait marcher. Moi je suis plutôt dans la vibe de faire des choses que je kiffe, peu importe comment les gens le prennent.
T’as publié des capsules vidéo pour faire la promo de Drama, c’est important pour toi de construire ce storytelling autour de ta musique ?
Oui, cet EP là contrairement à Seven, il est très focus sur l’amour et ses différentes facettes. Soit de différentes histoires d’amour, soit d’une même histoire d’amour. J’avais envie de lui donner plus de substance, je n’ai pas juste envie de balancer des sons. Pour une fois je peux faire un peu un truc à la Beyoncé en mode mini-série. Et c’est là qu’on a créé la mini-série Drama avec Noah Lunsi. Je pense que c’est important parce que t’as l’occasion aujourd’hui de faire vivre ta musique autrement. Il y a d’autres moyens de communiquer sur ta musique. Donc la mini-série c’est une manière de la faire vivre et de montrer aussi une autre facette de moi aux gens. Ils me voient en train de chanter mais rarement en train de jouer la comédie.
À quel point t’inspires-tu de tes histoires perso pour créer ta musique ?
Sur Seven c’était totalement toutes mes histoires perso. Après je n’ai pas eu 1000 histoires donc à un moment je suis à court ! Mais je m’inspire souvent d’un sentiment que j’ai déjà eu. Sur Drama, je me suis beaucoup nourrie des histoires de mon entourage. Et j’essaye de créer un truc. Je pense que parler de ce que t’as vécu c’est bien et si ça peut toucher les autres c’est encore mieux. Si eux ils l’ont vécu et d’autres aussi, c’est que c’est un sentiment récurrent. Par exemple “Si tu savais” c’est l’ex qui revient alors que t’as déjà fait ta vie et que t’es passée à autre chose. “C’est mort” c’est les dernières chances que tu lui as données et il a pas su en profiter. C’est important de prendre de sa vie et un peu des autres puis d’en faire une espèce de mosaïque de sentiments.
Qu’écoutais-tu quand tu étais plus jeune ?
Beyoncé, Brandy que mon grand frère me faisait beaucoup écouter. Il me disait “si tu fais de la musique plus tard, il faut que tu chantes comme elle”. C’est vraiment une super vocaliste. Mariah Carey je l’écoutais beaucoup aussi. Elle a une voix extraordinaire, des aigus laisse tomber. Et je suis tombée amoureuse d’Ariana Grande après justement. J’écoute aussi beaucoup de musique congolaise comme Koffi Olomidé, Fally Ipupa. Et je suis obligée de citer aussi des musiques comme The Cors, Phil Collins, c’est pas du tout de mon époque mais mes parents me faisaient beaucoup écouter ça. J’ai beaucoup grandi avec ça.
À quel moment t’es-tu dit que tu voulais et que tu pouvais en faire ton métier ?
C’est arrivé quand j’ai raté le barreau. Et en fait ça m’a rien fait. Je n’étais pas triste. Ça m’avait pas vraiment affecté. Et je me suis dit que c’était le moment pour donner une vraie chance à ma musique. Le deal que j’avais avec mes parents c’était de finir mes études, je l’ai fait. Là, maintenant, on y va. Et j’ai fait une séance studio avec un beatmaker. C’était super rapide et je me suis dit que c’était ça que je voulais faire. Il faut vraiment travailler et je vais tout mettre en place pour que ça bouge.
Quel regard as-tu sur l’évolution de la scène R&B/soul en France ?
Hyper positif mais depuis peu. Avant, c’était compliqué. Dès que tu faisais du R&B on disait “le R&B est mort, il y a plus de R&B en France, arrêtez de vous prendre pour des cainri”. Et en fait des mecs comme Dadju ou Tayc ont ramené le R&B sur le devant de la scène. Il y avait un truc en mode c’est la honte de faire ça et te clamer chanteur de R&B c’était pas possible. Et là c’est beaucoup plus affirmé. Par exemple ce qu’Ocevne elle fait c’est archi lourd, c’est 100% R&B et elle l’assume à fond. Aujourd’hui c’est quand même assez rare. Et c’est d’ailleurs comme ça qu’on a cliqué avec mon producteur. Il m’a envoyé une prod R&B à mort, c’est le son “RIP” et je me suis dit que j’aimais trop ça ! Peu importe si les gens aiment pas, il faut que toi tu aimes ta musique.
Tu as participé au Planète Rap de Ronisia, peux-tu nous en parler ?
J’ai rencontré Ronisia parce que mon producteur travaille avec elle et nos producteurs respectifs sont très proches. On a pas mal de personnes en commun dans nos équipes et on s’est super bien entendues. C’est une des meufs les plus chill que j’ai rencontrée. Elle est vraiment détente ! Très humble et accessible.
Le Planète Rap était trop bien, c’était 100% féminin. J’ai découvert Leila AD que j’avais déjà écouté et j’aime bien ce qu’elle fait. Mallaury, on se suit sur les réseaux mais je l’avais jamais rencontrée et je kiffe sa musique. Et Melina aussi trop bon délire. On a bien rigolé. C’est de la vraie force, c’est pas hypocrite.
Avec qui aimerais-tu collaborer prochainement ? Quelle est la suite pour toi ?
On va sortir une réédition avec des featurings. J’aimerais trop collaborer avec Fally. Je pense à des artistes internationaux, on est allé en Afrique “Songi Songi” a bien marché. On a rencontré des artistes là-bas. C’est tellement nourrissant de travailler avec d’autres artistes. Surtout quand tu viens de commencer. T’apprends toutes les méthodes de travail. La facilité avec laquelle ils font des trucs et tu te dis c’est ça la musique, c’est ce qu’il se passe en studio, c’est trop beau. Restez connectés parce que la suite arrive très fort !