Pionnier en France, Singuila était le premier artiste R&B à signer sur le label Secteur Ä en 1998. Ses 1ers morceaux tels que « Ma Conscience » ou « C’est Trop » ont bercé toute une génération. Auteur-compositeur, il s’est imposé comme l’un des artistes R&B français les plus populaires.
Pour la sortie de son 5ème album studio Docteur Love, il nous a parlé de sa vision de l’amour et des relations, de ses influences musicales et de sa vision du R&B aujourd’hui.
Les 1ers morceaux de l’album ont été dévoilés il y a plus d’un an, ça te fait quoi de présenter l’album en entier à ton public ?
Ça fait 1 an et demi que j’ai présenté les 1er morceaux de Docteur Love avec “La Trilogie”. On a mis du temps avant de sortir le projet. Il y a eu l’année du Covid qui nous est tombée dessus et on ne savait pas exactement quand on allait sortir l’album. On a hésité plusieurs fois et finalement on a pris notre courage à deux mains. Et enfin, il est là ! Ça faisait un moment que le public attendait un projet de moi et voulait savoir ce que le Docteur Love allait leur proposer !
En tant que Docteur Love, as-tu un remède contre le cœur brisé ?
Il faut écouter l’album justement ! Je pense qu’il faut faire une introspection et savoir ce qu’on veut, ce qu’on est capable de faire, d’endurer dans une relation. Et surtout il faut apprendre à supporter l’autre et à comprendre l’autre.
Dans tes chansons, on sent une progression et plus de maturité, tu as un côté beaucoup plus philosophique qu’avant sur cet album, qu’est-ce qui t’a amené là ?
Ce sont les galères que j’ai connues. J’ai rencontré des femmes très très bien et quelques énergumènes qui m’en ont fait voir de toutes les couleurs. Et j’ai aussi rencontré des personnes qui m’ont fait me remettre en question, énormément. J’ai appris aussi en discutant avec mes amis ou avec les internautes et apprendre de leurs expériences m’a aussi fait évoluer.
Comment as-tu choisi les collaborations ? Ça te tenait à cœur de collaborer avec de grands artistes africains ?
Ça me tenait vraiment à cœur de collaborer avec des artistes africains parce que mon projet Docteur Love est un projet afro musicalement parlant, parce que sinon l’amour c’est universel. Mais en termes de sonorités, de flow, c’est différent. Et les artistes que j’ai choisis ont des qualités que je n’ai pas forcément et ils m’ont permis d’apprendre et de passer à une étape supérieure.
Quel est le message que tu souhaites faire passer dans cet album ?
C’est qu’un cœur cassé ça n’existe pas. Il y a toujours un remède. Il y a toujours des bons et des mauvais moments dans la vie, dans les histoires de cœur. Mais il y a un remède à tout.
C’est quoi une relation d’amour idéale selon toi ?
Pour moi, une relation d’amour idéale n’existe pas. Chaque histoire est différente, toutes peuvent être très bien et ont leur charme. C’est comme si tu me demandais quel est le film ou le scénario idéal, pour moi ça n’existe pas. Quand tu tombes sur un super bon film et que ça se finit, tu souhaites tomber sur un autre film aussi bien, mais pas pareil. L’amour c’est pareil. Quand on est dans un bon film, on est dans une bonne relation. Et il faut qu’il y ait des moments hauts et des moments bas parce que quand c’est plat ou monotone, c’est pas intéressant.
C’est quoi le sentiment que tu voudrais que tes fans aient après avoir écouté l’album ?
Après avoir écouté Docteur Love, après la 1ère écoute, je veux qu’ils sachent déjà la ou les chansons qu’ils veulent réécouter et qui correspond à la problématique qu’ils ont sur le moment. Je veux qu’ils aient les chansons qu’ils veulent réécouter parce que la mélodie les a envoûtés. Je veux qu’ils appellent directement un ou une amie pour lui dire “faut absolument que t’écoutes cette chanson”. L’album Docteur Love c’est moi qui l’ai composé mais je veux vraiment que les gens se l’approprient.
J’ai beaucoup aimé la chanson “Du lion au canard” !
Pour l’anecdote, “Du Lion au canard” c’est l’histoire d’un très bon ami. Et depuis qu’il est avec cette femme, le lion qu’il était a changé. Elle a voulu le changer et le calmer et il est devenu au final ce qu’elle voulait qu’il soit, le canard. Mais elle s’est rendue compte que ce canard ne lui plaisait pas. Elle préférait le lion. Ça arrive parfois à certains d’entre nous d’être puissant puis de devenir un canard mais il faut pas ! De temps en temps, c’est bien mais sinon il faut rester un lion. La personne avec qui tu vas partager ta vie a été charmée par la personne que tu es donc il ne faut pas tout changer chez toi.
Quelle est la première chanson que tu as écrite sur ce projet ?
Je ne saurais pas te dire. Quand je commence un projet, je n’ai pas forcément tout le squelette. Je vais le faire en fonction des émotions que j’ai sur la période et mes envies et ce qui m’attire. Ensuite je vais voir au bout de 4 ou 5 morceaux je me rends compte qu’il y a une certaine colonne vertébrale qui se tient et aussi d’autres qui ne correspondent pas. Et je vais construire autour de tout ça.
As-tu une chanson préférée sur l’album ?
J’aime toutes les chansons mais on va dire que “La femme de quelqu’un” c’est l’expérience avec Koffi Olomidé qui m’a vraiment plue. Parce que sur mon 1er album, j’ai fait une chanson qui s’intitulait “J’avance en chantant” et sur le dernier couplet que j’ai fait en lingala je disais que ma mère attend le jour où je deviendrai comme Koffi Olomidé. Je ne dis pas que je suis devenue comme Koffi Olomidé, mais j’ai fait ma chanson avec Koffi Olomidé ! Au bout d’une vingtaine d’années finalement. Donc voilà pourquoi j’aime beaucoup cette chanson. En plus, on l’a faite sur la musique de mes origines, la rumba, moi je suis d’origine centrafricaine et congolaise. Donc voilà, j’ai réussi à faire une rumba validée par le boss Koffi Olomidé.
Est-ce que c’est aussi la chanson dont tu es le plus fier ?
Oui, c’est aussi celle-là. Même s’il y a aussi d’autres chansons que j’aime beaucoup comme “Tu te laisses aller”. Cette chanson, c’est une sorte de métissage. Il y a une chanson d’Aznavour qui s’appelle “Tu t’laisses aller” justement. La musique qui est sur ma chanson à moi est plus à tendance rumba mais c’est un mélange.
Est-ce qu’il y avait une chanson qui était la plus difficile à composer ?
Il n’y a pas eu vraiment de difficultés à composer parce je ne me rends pas compte des étapes. Chaque partie est intéressante. Quand j’écris le texte, quand je crée la mélodie etc. Je me régale. C’est comme s’il y avait un puzzle et tu me demandes quelle est la partie la plus dure. Je ne saurais pas dire parce que j’aime ça, quand toutes les pièces se mettent en place.
Comment définirais-tu ton univers visuel sur Docteur Love ?
Comme c’est un album afro, en termes de couleurs et même au niveau des clips, j’ai essayé de mettre ce côté un petit peu chaud. Sur le clip “Les gars” par exemple, on était bloqué en France donc j’ai fait le clip ici. Toujours avec le même réalisateur, Hibiscus qui a apporté une certaine touche. Il fait des publicités normalement donc il a un autre regard et il m’a permis justement d’améliorer le mien. Et il a réussi malgré tout à donner un côté chaleureux sur ce clip. Sur le clip “Chéri, chérie” qui est le seul clip que j’ai fait sans lui, on l’a fait au Cameroun. Et il y a la chaleur africaine, les rues, les personnages… L’histoire est très dure mais le fait que ça se passe en Afrique, ça apporte quelque chose de lumineux.
Qu’écoutais-tu pendant la création de l’album ?
J’écoute beaucoup beaucoup de choses dès que je peux. J’aime écouter des choses qui ne sont pas forcément dans ma tendance musicale à moi parce que c’est là que tu peux piocher et faire voyager ton public. Par exemple, tu vas aller chercher des choses du côté des musiques asiatiques, ça va apporter quelque chose qu’il n’y a pas forcément dans les musiques afro que tu fais et inversement. J’ai écouté pas mal de choses et même des artistes dont je ne connais pas le nom. Mais c’est vrai que j’ai écouté beaucoup de trucs latino récemment, pas reggaeton mais plutôt des musiques cubaines ou brésiliennes.
T’es un des rares artistes de la scène R&B française à être là depuis le début, c’est quoi ton regard sur le R&B francophone aujourd’hui en 2021 ?
Je pense qu’il était temps ! Il était temps que ça prenne. Il a fallu un certain temps parce que le R&B ne fait pas partie à la base de la culture francophone. Donc quand on est arrivé avec le R&B, peut-être que les médias ou les gens voyaient juste des artistes qui copiaient les américains. Dans leur perception de la musique, il y avait un peu de ça. Ou alors leur oreille n’était pas prête. Et avec le temps, je pense que les artistes et même le public d’aujourd’hui a grandi avec un peu plus de R&B dans les oreilles, que ce soit français ou américain. Et je pense que les artistes se sont mis aussi à mélanger les codes. Les artistes de RNB aujourd’hui ont les codes urbains et aussi les codes des rappeurs. On confond un petit peu qui rappe et qui chante. Avant, les rappeurs ne chantaient pas. Donc voilà, la musique a beaucoup évolué et a permis d’installer le RNB. Les gens sont prêts aujourd’hui.
Tu as lancé ton propre label GC Recordz, peux-tu nous en dire plus ?
Mon objectif avec GC Recordz est de continuer à faire de la musique. J’espère tomber sur des artistes qui vont me faire vibrer et qui vont vouloir apporter quelque chose qui est différent. J’ai envie de faire partie de l’histoire de l’un de ces prochains artistes et de tendre la main et participer à une belle histoire.