L’ailier fort soudanais Wenyen Gabriel s’envole au dunk sous les yeux des défenseurs porto-ricains

C’est au stade Pierre Mauroy, dans la périphérie de Lille, que se sont déroulées les phases de groupe du tournoi olympique de basket-ball. Un événement très attendu par les nombreux passionnés de balle orange. Aussi bien pour le prestige de la compétition que pour le niveau exceptionnellement élevé des sélections présentes. Outre les Etats-Unis et leur effectif de All Star, le public français a pu également apercevoir la Serbie de Nikola Jokic, la Grèce de Giannis Antetokounmpo, le Canada de Shai Gilgeous-Alexander. N’oublions pas l’équipe de France qui a pu compter sur des supporteurs acquis à sa cause. Le 28 juillet, HypeSoul a pu assister à deux rencontres : un duel entre le Soudan du Sud et Porto Rico dans le tableau masculin et une rencontre Espagne-Chine dans le tableau féminin.

Soudan du Sud-Porto Rico : un match pour l’histoire

Dans un groupe C avec les USA et la Serbie, il ne faisait pas de doute que le Soudan du Sud et Porto Rico faisaient office d’outsiders. D’autant plus que les deux équipes étaient peu familières avec les olympiades. La dernière participation des porto-ricains remontait à 2004, tandis que le Soudan du Sud honorait sa première participation. Autant dire que tout autre résultat qu’une victoire était synonyme d’élimination pour les acteurs du match.

Meilleur marqueur du match avec 26 points, Jose Alvarado bute ici sur le longiligne Thon Maker

Un quiproquo concernant l’hymne soudanais a perturbé le début du match. Le mauvais hymne avait été diffusé, engendrant un long moment d’incompréhension dans la salle. Les « Doce Magnificos » ont démarré la rencontre pied au plancher avec une adresse extérieure insolente. Le back court formé par la paire Jose Alvarado-Tremont Waters a utilisé à merveille sa qualité de tir et son agilité pour mettre en déroute les différents systèmes défensifs mis en place par l’entraîneur adverse Royal Ivey. Porto Rico a compté ainsi jusqu’à douze unités d’avance dans le premier quart-temps.

Le Soudan du Sud a sonné la révolte en seconde période

Le match a pourtant pris une tournure radicalement différente en seconde période. L’équipe soudanaise est enfin parvenue à jouer son jeu en attaquant sans relâche une raquette adverse bien moins fournie. L’impact physique s’est fait d’autant plus sentir lorsque Jose Alvarado s’est vu contraint de sortir après une mauvaise réception sur la cheville. A son retour quelques minutes plus tard, le momentum avait changer de camp. L’écart n’était plus que de quatre points à un quart temps de la fin.

Auteur de 19 points, 7 rebonds et 6 passes, le naturalisé Carlik Jones (à droite) a joué un rôle clé dans la première victoire historique de sa sélection.

Le dernier acte fut la confirmation de la dynamique aperçue précédemment avec la paire Wenyen Gabriel-Nuni Omot. Ils n’ont cessé de martyriser les intérieurs porto-ricains avec un Carlik Jones adroit derrière l’arc. Les Doce Magnificos ont eux perdu de leur superbe avec un jeu bien plus décousu. La faute est à reporter notamment sur un Tremont Waters bien trop individualiste. L’écart n’a pu être rattrapé. Le score quand le buzzer final retentit: 90-79 !

Le public a applaudi l’exploit car c’était bel et bien un événement historique qui venait de se produire. L’équipe de basketball du Soudan du Sud, plus jeune nation au monde, venait de remporter le premier match de son histoire aux Jeux Olympiques ! Un grand moment pour le jeune état africain. Instant célébré par les joueurs avec leurs quelques courageux supporteurs venus assister à la rencontre. Un moment riche en émotion mais qui a dû laisser rapidement place aux préparatifs de la rencontre suivante qui se tenait sur le même parquet une demi-heure après.

Espagne-Chine : du suspens à souhait !

La bagarre fait rage sous les arceaux entre les intérieures espagnoles et la géante Xu Han

Non-débuté jusqu’ici, le tournoi olympique de basketball féminin avait soigné son lancement avec une première affiche des plus prometteuse. La Chine, vice-championne du monde en titre, contre l’Espagne, vice-championne d’Europe en titre. Une promesse tenue avec deux équipes qui ne se seront pas quittées au score de tout le match.

Deux écoles tactique s’opposaient ici avec une sélection chinoise qui joue autour de la taille de ses intérieures. Au contraire, la Roja a insisté sur le jeu rapide basé sur la contre attaque et les tirs à trois points. A ce jeu-là, c’est la Chine qui a longtemps dominé. Les joueuses espagnoles restaient sans solution face aux géantes Yueru Li (2m01) et Han Xu (2m11). Maintenue dans le match par une phénoménale Megan Gustafson, la sélection ibérique s’est pourtant tenue à bonne distance. La rencontre fut indécise jusqu’à la fin du dernier acte. Portée par les trente et un points de Li, la Chine a conservé sa courte avance jusque dans les derniers instants. Instants que l’Espagne mit à profit pour jouer le jeu des lancers francs.

Leonor Rodriguez sauveuse de la Roja

And One ! Leonor Rodriguez inscrit un panier avec la faute à une seconde du buzzer pour arracher la prolongation

Moins à l’aise sur la ligne, les joueuses chinoises ont laissé des points en route. La Roja, de son côté, a refait son retard à l’aide de son adresse qui n’a plus faibli. Le tournant du match est intervenu à quelques secondes du buzzer final. Quatre points séparaient les deux équipes quand les joueuses espagnoles ont adopté une stratégie pour démarquer Leonor Rodriguez à trois points. Un choix qui a abouti avec succès puisque l’arrière de Salamanque s’est retrouvée avec le ballon dans les mains. Elle a tiré…et a marqué ! Le sifflet de l’arbitre a alors retenti: faute chinoise. L’Espagne se voyait offrir un lancer bonus et la possibilité d’égaliser à une seconde du terme de la rencontre ! Rodriguez n’a pas tremblé. Et c’était parti pour cinq minutes en plus !

La prolongation a débuté dans un stade Pierre Mauroy en ébullition. Sans surprise, la Roja est restée sur sa dynamique de fin de match. Elle a enchaîné les assauts face à des adversaires certes sonnées par l’égalisation mais pas moins téméraires. C’est finalement Megan Gustafson qui a, cette fois-ci, enfilé sa cape de super-héro pour la Roja. Elle a inscrit deux précieux tirs longue distance en fin de match. Malgré une dernière possession conclue par un panier à deux points par la Chine, le score est sans appel: 90-89 pour l’Espagne ! La séléction ibérique a parfaitement lancé son tournoi face à un adversaire de choix, tout en offrant au public venu nombreux, un match donc l’issue sera restée indécise jusqu’au bout.