Hypesoul a pu rencontrer le jeune rappeur émergent Damys, qui a sorti son nouvel EP « Damys ou Daddy » fin mai. Focus sur un artiste à la voix rauque passionné de musique et de sport de combat.
Hello Damys, tu viens de sortir ton projet « Damys ou daddy », comment l’as-tu préparé et depuis quand tu travailles dessus ?
Certains morceaux datent de 3 ans, par exemple le son « T’inquiète » je l’ai masterisé y a 2 ans environ avec mes projets qui allaient sortir en 2022. Je l’ai gardé, mis de côte car j’avais confiance dans le potentiel de ce morceau, je savais que ça allait pouvoir tenir dans le temps. Je l’ai gardé pour le sortir à un moment plus concret. Avec le label j’ai pu affiner mes genres grâce à ma nouvelle DA.
Je vais revenir un peu sur tes débuts, tu es un artiste très ouvert et surtout avec une grosse culture musicale, d’où elle vient cette grosse culture ?
J’ai commencé très tôt la musique surtout grâce à mon père qui est prof de philo et de taekwondo, donc dans sa philosophie de vie il faut pratiquer un sport ainsi qu’ un instrument. J’ ai commencé le conservatoire dès mes 7 ans pendant 8 ou 10 ans et j’ai eu la chance ne pas arrêter. J’ai été en classe musicale dès la sixième aussi. J’ai toujours été à fond dans la musique, j’étais dans un groupe de jazz, de musique de chambre et de rock. J’écoutais beaucoup de styles différents.
Quelles sont tes plus grosses influences musicales ?
J’écoutais en boucle Lafama, mais en matière d’album je n’aime pas trop donner de références, mais je pense que si je dois citer un rappeur c’est Lil Wayne avec son album « The Carter III ». J’évite de m’enfermer, en fait j’ai tellement d’influences différentes que ça ne sert pas de les citer.
Tu es quelqu’un qui sort énormément de ta zone de confort de par ta polyvalence en posant sur différentes prods avec différents flows. Est-ce que lorsque tu crées, tu réfléchis d’abord en amont a ce qui va plaire au public ou au contraire ce n’est pas quelque chose que tu prends en compte ?
Non pas du tout je fais mes morceaux au feeling, en fait au début j’écrivais beaucoup de poèmes puis j’ai rencontré un groupe de potes qui rappaient et c’est là que ça a commencé puis on m’a dit que j’écrivais un peu trop (rires). Donc j’ai divisé un mes textes en enlevant des mots car il y avait un côté trop philosophique selon mon entourage. Après les morceaux que je choisis dépendent aussi du compositeur avec qui je bosse, mais je dirai que je fais des feats avec moi-même, j’aime la musique et je fais du rap pour m’émanciper d’un style musical.
Selon toi, un rappeur / artiste doit-il obligatoirement avoir son propre univers et être original ? N’as-tu pas peur d’être vu par certains auditeurs comme trop éloigné des standards du rap ?
C’est un risque c’est sûr, beaucoup de gens m’ont dit « il faut qu’on puisse t’identifier ». Je me dis qu’on peut le prendre à contresens, je pense qu’il faut sortir de sa zone de confort pour faire plein de choses. Pour moi le confort c’est pouvoir faire ce que je veux et ne pas faire tout le temps le même type de musique. J’essaie de créer des morceaux ou des sonorités qui n’ont pas été entendues même s’il y a un ressenti et une manière de faire qui est propre à chacun.
Il y a un thème qui revient assez souvent dans tes morceaux, c’est les sports de combat, notamment les arts martiaux. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?
Je suis prof de taekwondo, j’ai commencé à 3 ans, j’ai été en équipe de France ainsi que champion de France. En fait ma vie se résume à la musique et au sport depuis mon plus jeune âge, quand je suis fatigué de faire du sport je fais de la musique et quand je suis fatigué de faire la musique je fais du sport (rire).
Est-ce que tu arrives à gérer entre ces deux passions qui sont désormais devenues tes métiers ?
J’ai toujours fait plein de trucs à côté par exemple je fais un peu de comédie on est en train d’écrire un court-métrage avec un réalisateur, j’écris et je fais la BO. Après je n’aurai pas la prétention de dire que j’aimerais faire du ciné mais je tends vers ça par exemple les clips qu’on fait avec un petit budget pourront devenir des courts-métrages si ça marche bien. Mais de toute façon que ça se passe ou pas je continuerai à le faire, c’est un mode de vie.
Tu donnes également beaucoup d’importance aux artistes féminines notamment sur ton projet « Espoir Pessimiste » , un EP plus doux et moins sombre que le précédent (Regard Sceptique). Comment se sont faites ces connexions surtout avec Dipidoe et Naïma Frank ?
Déjà Dipidoe c’est une connaissance que j’avais croisé en soirée, on kiffait tous les deux la musique donc on s’est dit que ce serait bien si on faisait un truc ensemble et j’ai tout de suite été très impressionné par sa voix, je suis très fans des voix féminines. Pour Naima en fait c’était une canadienne qui était en voyage sur Paris je l’ai vu en soirée donc on va dire que c’était un peu une connexion improbable. Je l’ai invité à mon tout premier concert et c’est là qu’on a commencé à faire des morceaux, ça s’est fait au feeling musical. Je ne peux pas collaborer avec une personne s’il n’y a aucun feeling et que je ne respecte pas ses valeurs.
En 2020, tu connais ton premier succès avec le titre « La nuit » mis en avant par la chaîne « Le Règlement », pensais-tu que ça allait être ton morceau le plus visionné et qui allait le mieux marché ?
Non pas du tout, à la base j’ai écrit le morceau dans la chambre d’un pote, on était même pas en studio, j’ai fait le refrain en impro. Le Règlement venait de créer une chaîne « Le Règlement radio ». Sur leur Instagram j’ai vu qu’ils avaient posté tous mes clips.
Un jour pendant le confinement en 2020, ils m’ont dit qu’ils allaient sortir des morceaux sur une nouvelle chaîne, je leur envoyé 3 morceaux dont « Cameron » et « La nuit » qui a été choisi. D’ailleurs pour l’anecdote, le jour où on a fait le clip de « La nuit », on a fait 3 clips en un jour avec « Raude » et « Willow ».
Tu accordes beaucoup d’importance pour l’esthétique de tes clips comme dans « Shoot » ou alors plus récemment dans « T’inquiète ». Où vas-tu chercher les thèmes et l’univers que tu accordes pour tes clips ?
La plupart du temps je parle aux réalisateurs et lui me propose une idée, je décris souvent mes morceaux avec des situations ou bien des images. J’ai eu la chance de tomber sur de très bons réalisateurs et comme je suis quelqu’un d’assez exigeant je n’ai pas peur de dire ce que je n’aime pas ou ce que je ne suis pas d’accord. Par exemple, le tout 1er clip que j’ai fait on ne l’a finalement pas sorti.
Sur les 6 projets que tu as sorti « Damys ou Daddy », « Espoir pessimiste », « Regard sceptique », « Minuit Lucide », Vision nocturne » et « Sombre avenir » : on retrouve plusieurs personnalités de toi sur les différents projets, avec une approche un peu philosophique, lesquels de ces projets tu garderais ?
Ce serait « Espoir pessimiste » sans hésitation, après les gens ont beaucoup apprécié « Regard sceptique » aussi car ils kiffent beaucoup l’énergie que je peux avoir sur ce projet, puis il y a aussi le côté voix grave mais je trouve que c’est un peu la partie de moi la moins humaine (rires). Après je suis plus dans la mélancolie par exemple « Blues » que j’ai composé, j’ai envie de partir sur des sonorités très blues très jazz et surtout très spleen. Mais c’est surtout pour le côté émotif que j’essaie de mettre sur plusieurs de mes sons.
On a pu te voir faire des feats avec plusieurs artistes émergents, quels sont les rappeurs et rappeuses que tu écoutes le plus en ce moment dans la scène du rap français actuelle et avec qui tu aimerais collaborer à l’avenir ?
J’aime bien Baby Neelou que je suis allé voir en concert et Aamo que j’apprécie beaucoup.
Est-il possible également de te voir collaborer à l’avenir avec des artistes qui ne sont pas forcément orientés rap comme ce fut le cas dans ton dernier EP ?
Oui car ça va dans la continuité, c’est la logique des choses mais faut encore qu’ils apprécient ma musique. J’aimerais également beaucoup collaborer avec des musiciens.
Damys, que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Rester intègre s et que le plus de gens possible puissent découvrir ma musique.