Houari est un rappeur marseillais, il vient de sortir son album “C’est de la Cali” en collaboration avec de grands noms tels que Morad, Jul, Alonzo ou encore SCH. Retour sur son parcours, de ses débuts avec le groupe Ghetto Phénomène à aujourd’hui en solo. Entretien avec Houari pour Hypesoul.
Salut Houari comment ça va ?
Salut frérot ça va et toi ?
Ça va nickel, est-ce que tu pourrais te présenter ?
Moi c’est Houari, je suis un rappeur de Marseille. Je viens de sortir mon album qui s’appelle « C’est de la Cali ». Mon ancien groupe est le Ghetto Phénomène, on avait commencé tous ensembles avec Jul, Friz, Veazy et Bil-K.
Comme tu l’as dit, ton album “C’est de la Cali” est sorti, t’es dans quel état d’esprit à l’heure actuelle ?
Je suis soulagé parce que j’ai énormément travaillé sur ce projet, franchement j’y ai mis tout mon cœur, j’ai mis toute ma force, je me suis donné à fond. Puis, content parce que j’ai des bons retours. Carrément, je suis en train d’en faire un autre.
On va revenir au début de ton parcours, quel est ton tout premier rapport à la musique ?
Je suis des années 90, ça veut dire qu’on avait pas beaucoup de choses à écouter, mais j’ai tout le temps écouté de la musique malgré tout. Quand j’étais petit je bégayais beaucoup et le fait de chanter, ça m’a permis d’arrêter de bégayer. J’ai toujours aimé la musique.
Comment es-tu passé d’auditeur à artiste ?
J’ai grandi avec les albums des Psy 4 la Rime et de la Fonky Family. Ils m’ont donné envie de rapper. Je me rappelle que, lorsque j’étais petit, j’étais en colonie et il y avait une animatrice qui les connaissait. Elle avait le CD qui n’était pas encore sorti et on l’écoutait en colonie. Ça m’a toujours donné envie de rapper. Arrivé au collège, on avait des ordinateurs, on s’essayait déjà dessus, on mettait des instrus, on essayait de rapper, s’enregistrer avec le micro. J’ai toujours aimé la musique.
Comment fais-tu de la musique ? Quel est ton processus créatif ?
Ça a commencé avec du matériel du collège et après, t’as Jul qui a acheté du matériel et c’est parti de là. On a commencé à s’enregistrer et à découvrir l’auto-tune.
Est-ce qu’il y a des artistes qui ont influencé ta musique ?
Il y en a beaucoup. Il y a Le Rat Luciano, Niro, la FF, les Psy4, Booba, Rohff, Salif, Kamelancien. Dans la génération d’un peu après, il y a Hayce Lemsi, Volts Face, mais il y en a trop, je vais te citer toute la France (rires).
Au niveau mental, est-ce qu’il y a des gens qui t’ont influencé ?
Jul m’a influencé. Quand on était petits, on était dans sa chambre. Il avait du matériel et j’étais posé sur le lit et lui, il était en train de rapper. Il rappait tellement intensément que, d’un coup, dans ma tête, je me suis dit : « Mais attends, lui, il va tout exploser, c’est pas possible. » J’écrivais des textes et je me disais qu’après avoir écrit ce texte, je n’aurais plus d’inspiration pour en écrire un autre. Et lui, ce n’était pas ça, il écrivait à fond. C’est comme un exemple et franchement, c’est ce mindset-là qu’il faudrait avoir, je pense.
À quel moment le rap est devenu un métier pour toi ?
C’est devenu un métier quand j’ai ouvert ma société. Avant ça, il y avait les maisons de disques, c’était un peu difficile, mais quand j’ai ouvert ma société, on peut dire que j’ai commencé à bien vivre de ma musique avec mon groupe. Le jour où j’en ai fait mon métier, c’était ce jour-là en 2016-2017 ou 2018, je ne sais plus.
Comme tu l’as dit, ton album est sorti. Pourquoi tu l’as appelé « C’est de la Cali » ?
Je l’ai appelé comme ça pour dire que c’est de la qualité (rires). Plus sérieusement, j’ai un titre qui s’appelle « C’est de la Cali » et dedans, j’ai fait référence à ce que tu as compris. Honnêtement, je cherchais un nom d’album, j’ai cherché pendant trois mois, j’essayais de regarder les titres de mes sons. Je n’ai pas réussi à trouver de titre d’album, du coup, je suis allé au plus simple. J’ai clippé ce titre qui s’appelle « C’est de la Cali » au Mexique. C’était l’un de mes titres préférés de l’album et je me suis dit pourquoi pas appeler l’album comme ça. En plus, ça peut faire référence à la qualité.
Il y a des grosses têtes dans ton album, notamment Morad. Tu peux nous expliquer comment s’est faite la connexion ?
La connexion avec Morad s’est faite naturellement, lui, c’est un gars qui vient souvent à Marseille. Il est souvent avec D’or et de Platine, notre équipe. Il est venu travailler avec Jul au studio à Marseille et je me suis retrouvé au studio. Je faisais une petite écoute de mon album et il s’avérait que j’écoutais un son pas fini. Il a entendu et m’a dit « Houari, ça tue. » Par la suite, je me suis dit pourquoi pas l’inviter sur le son. Il a dit oui directement, il a bien aimé et même le couplet qu’il a fait m’a régalé, c’est un monstre.
Dans ton projet, quel est ton son préféré ?
Mon son préféré, c’est celui qui s’appelle « Te demande pas pourquoi ».
Pourquoi celui-là ?
C’est par rapport au thème de la musique, c’est à la fois un thème personnel et à la fois un thème qui peut toucher beaucoup de monde, je pense. Ça parle un peu de trahisons, c’est un son un peu mélancolique. Les instrus et mélos sont incroyables et moi, personnellement, c’est mon son préféré.
À quel degré tu prends en compte ce que ton entourage professionnel et personnel te dit ? Est-ce que tu en fais qu’à ta tête ou est-ce que ça t’influence ?
Honnêtement, je le reconnais, j’ai un peu la tête dure. Mais après, quand je prends du temps pour me remettre en question et que je prends un peu de recul, en général, je fais les choses bien. Tous les conseils que mon entourage peut me donner, je les prends, la vérité, et je fais mon maximum.
Tu comptes rapper jusqu’à quel âge ?
Jusqu’à ce que je meure (rires). La vérité, je ne sais pas, mais tant que j’aurai des choses à dire. Là, j’ai 33 ans et on va dire que c’est mon premier vrai album en solo. Avant ça, je faisais des albums avec le Ghetto Phénomène. Donc voilà, du haut de mes 33 ans, c’est mon premier album et j’espère que ça va durer le maximum de temps possible.
Tu as souvent explosé le nombre d’auditions, est-ce que tu as des objectifs ?
Les objectifs, c’est super important, j’en ai plein. Après, avoir des objectifs, ça ne fait pas tout. Il faut aussi se donner à fond pour pouvoir les atteindre et réaliser ses projets. Avoir des objectifs, je pense que c’est la base de tout. Si t’as pas d’objectif, t’avances pas. Je pense que c’est hyper important d’avoir des objectifs et de se donner à fond.
Est-ce que tu pourrais nous raconter une anecdote ou un moment marquant de ta carrière, que ce soit sur scène ou au studio ?
Honnêtement, c’était le concert de Jul au Vélodrome qu’on avait fait, c’était un moment magique. Je n’aurais jamais pensé dans ma vie avoir autant de personnes devant moi. Surtout avec le frérot qui est aussi mon ami. Au jour d’aujourd’hui, avec du recul, c’est incroyable. Sur le coup, je ne réalisais pas trop, mais franchement, c’est un truc de fou. Après, des anecdotes, je peux t’en donner plein, mais bon.
Comme on peut le rappeler, tu as feat avec des gros noms. Quelle est la collaboration qui t’a le plus marqué ?
Honnêtement, j’ai pris du plaisir dans tous les sons que j’ai faits. Après, la personne qui me marque vraiment et quand je l’entends rapper, c’est Le Rat Luciano. C’est un dinosaure, le mec, c’est trop. Je te le dis en exclu, j’ai un son avec lui qui n’est pas dans l’album « C’est de la Cali » mais qui sera peut-être dans les prochains projets et c’est trop, c’est un tueur à gages. Il me choque toujours autant, j’ai pu écouter quelques-uns de ses sons et c’est une dinguerie.
Ça fait quoi de l’avoir beaucoup écouté et aujourd’hui de collaborer avec lui ?
Franchement, c’est une dinguerie. Je lui disais qu’il y avait mes oncles qui se cassaient la tête sur ses sons et aujourd’hui, il est là devant moi, il rappe encore, on fait des sons ensemble, c’est un monstre. Après, tu as parlé de la FF par exemple, il y a quelques jours, j’étais au show de Redouane Bougheraba, il a ramené pas mal d’artistes dont la FF, les voir sur scène au Vélodrome, pour moi, c’était comme un rêve. J’ai 33 ans, je les vois comme ça, je suis trop content.
Tu dirais quoi à des rappeurs qui se lancent ?
Je dirais qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, faut avoir la tête froide, la tête sur les épaules. Surtout, fournir énormément de travail, car si tu rappes pour rapper… ce n’est pas comme ça, frérot. Il faut être à fond, ne pas trop faire confiance et surtout avoir des objectifs, c’est très important. Faut vraiment le faire si tu aimes et après, je pense que ça marchera, ça suivra derrière. Tout ce que tu espères avoir, tu l’auras si tu es carré, assidu et si tu te donnes à fond dans ton travail.
Pour finir, est-ce que tu aurais un mot de fin ?
Allez tous streamer mon album « C’est de la Cali ». Sans prétention, j’y ai mis tout mon cœur, c’est de la frappe et j’espère qu’il vous plaira. Et merci à toi pour cette interview.
Merci Houari et force pour le projet. Et dernière question : comment tu définirais le rap marseillais ? Dans toutes les époques, qu’est-ce qui marque le rap marseillais par rapport aux autres rap ?
Je pense le phrasé, la façon de rapper, l’accent, ça y fait. Marseille, c’est un p’tit village, tu vois, donc le fait que des rappeurs de Marseille soient écoutés dans toute la France, c’est magnifique. On est peut-être comme un petit village, mais on est là. Et comment le définir ? Je dirais un rap très terre à terre, un rap ensoleillé.
Interview : Ramses Ouhadda
Retranscription : Louis R & Elouan Thomas