Originaire du Val d’Oise (95), Dospunto s’est rapidement fait remarquer et se distingue comme le premier duo à signer chez le label Maison Baron Rouge de SCH. Hypesoul s’est entretenu avec eux.

Pouvez-vous vous présenter pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas ?

Nous, c’est Dospunto, deux rappeurs. Ramsès et Droop. On est issu du 95. Le rap est un exercice qu’on pratique depuis longtemps maintenant.

Quels sont vos premiers contacts musicaux en tant qu’auditeurs ?

Nos parents étaient branchés musique de par leur culture. On est italien (Droop) et haïtien (Ramsès). La musique est quelque chose de très ancrée dans ces cultures. On s’est rendu compte qu’on avait les mêmes influences, le même background musical. Cette appétence qu’on avait dans la musique a fait qu’on s’est rejoint sur autre chose comme le rap et RnB des années 90 – 2000. 

Et en tant qu’artistes ? Votre premier texte ? Première séance studio ?

Le premier texte vient du collège. On écoutait beaucoup de rap français donc c’est ce qui nous a donné envie de rapper (Ramsès). A l’époque de “Gravé dans la roche” de Sniper, j’aimais bien la façon dont la vie était détaillée. C’est là que je me suis découvert l’envie d’écrire. Quand tu écoutes du ricain, tu ne comprends pas les paroles, la valeur de la plume. Notre première séance au studio s’est déroulée ensemble il y a une dizaine d’années. On était au lycée. 

Quelles sont vos influences musicales ? Quels sont les artistes qui vous ont le plus influencé ?

On est doté d’un mélange très versatile. D’abord par nos origines italiennes et haïtiennes. Puis évidemment par le rap français et le rap américain. C’est très large. Notre inspiration est puisée de tous ces courants musicaux. Cibler directement ce qui nous inspire est compliqué. En termes d’écriture, c’est surtout notre quotidien. Lefa de la Sexion d’Assaut est vraiment celui qui m’a le plus influencé (Ramsès). Dans la manière de rimer, dans son approche du rap. Pour ma part, je ne l’ai pas vraiment senti mais c’est à la période de Booba, La Fouine, Sefyu où ils se tiraient tous la bourre entre eux (Droop). L’aspect second degré de La Fouine m’a influencé textuellement. C’est là que j’ai pris conscience qu’il y avait du rap conscient. 

Quelles sont les influences qui ont contribué à façonner votre façon de penser ?

C’est l’environnement dans lequel on vit qui a façonné notre manière de penser. On est tombé dans une zone où il y a un genre de cocktail bizarre. Le mindset du 95 est un mindset que tu ne retrouves nulle part ailleurs. Nous, on peut paraître très marginal. Les mecs du 95 sont dans la consommation à fond. En fait, le vol de voitures a amené beaucoup d’argent. Des mecs qui n’étaient pas préparés à ça ont touché des sommes faramineuses. Cet argent a été consommé rapidement et nous a donné accès à certaines sphères plus élevées. Par exemple, les mecs de chez nous parlent beaucoup de télé-réalité. Ils sont entrés dans certaines boîtes de nuit et ont alors connu des personnalités de télé-réalité. Pour nous, aller en boîte de nuit, partir en vacances, c’est consommer et vivre. 

Comment s’est passée la signature avec SCH ?

On était auditeurs. On se sentait proche du message qu’il véhiculait. Il y avait plein de choses qu’on avait en commun. Si on devait signer avec un artiste majeur, ce serait lui. On lui a envoyé un message. Il répond, aime beaucoup mais nous dit de travailler davantage sur certains axes. On travaille de notre côté pendant 1 an, juste avant l’arrivée de la drill en France, en 2019. Droop tombe sur ce courant et ça le choque. On commence à travailler dessus et on envoie au S. Il aime et nous répond qu’on est prêt. On s’est rencontré et on a signé directement. SCH nous a conseillé de nous fixer sur un cadre précis pour définir notre identité.

C’était quoi la volonté derrière cet EP ?

C’est le premier projet complet qu’on décide de sortir. Ceux d’avant, on les a jetés parce qu’ils étaient datés et plus au goût du jour. Il arrivait aussi qu’un projet ne nous ressemblait plus. Alors, on a voulu bien faire les choses. On s’était dit qu’on devait partir sur un projet bien précis, en le construisant naturellement, sans se prendre la tête. Bien sûr, l’idée était de garder une ligne directrice. Dans ce projet, on parle de nous, de notre façon de penser, de ce qu’on vit, de ce qu’on entend. Notre microcosme est au cœur de DOS. 

C’est quoi votre processus de création ? Comment faites-vous de la musique ?

C’est souvent de la même manière. La plupart du temps, on n’écrit pas ensemble. On écrit en amont. Ce qui nous rend fort, c’est quand chacun arrive avec plusieurs thèmes. Le projet aborde alors plusieurs facettes car on est deux personnes avec notre vision personnelle. Les sons peuvent être d’un écart flagrant en termes de sujets abordés. Autant dans “Durs labeurs”, on peut parler de la charge psychologique de voler et un autre son comme “La foire” qui évoque l’adrénaline, comment on le vit bien, sur le moment présent. On explore les différentes facettes. Lui (Ramsès) a davantage la fibre de réflexion, les remords. Pour travailler à deux, on se connaît très bien. On écoute la même chose, on vit la même chose. On valide toujours ce que fait l’autre. C’est comme si c’était mon rappeur préféré. 

Dans quelle mesure le label ou SCH peuvent-ils vous accompagner niveau création ?

Avec son gros passé musical, SCH nous conseille énormément en nous structurant un peu plus sur la conception des morceaux. Il peut nous donner des avis sur l’originalité d’un son. Il a cette oreille pour nous aiguiller sur l’intérêt de telle ou telle chose. SCH nous permet d’avoir ce recul extérieur. Il nous supervise, nous épaule. Forcément, il y a une petite signature SCH. Il nous a aidé dans la sélection des morceaux mais on reste maître de notre musique.

Votre son préféré de l’album ?

(Ramsès) Personnellement, je dis “Addiction« . C’est mélancolique, j’aime bien le refrain, la sincérité qui s’en dégage. Je trouve que c’est dans ce registre qu’on est le plus fort. (Droop) Moi, c’est “La poire” parce que c’est un son qui a beaucoup d’énergie. Ce morceau raconte en direct ce qui se passe quand tu démarres une voiture. C’est mon morceau phare.

Le son le plus compliqué à faire ?

Je dirais “Le Boîtier”. C’est un dialogue entre nous deux donc c’était plus technique et compliqué à faire. Rebondir d’une phrase à l’autre, ce n’était pas évident mais ça restait plaisant à effectuer. 

C’est quoi la suite après ce projet ?

Sortir un autre projet. On a eu de bons retours sur cet EP. C’était notre carte de visite. Dospunto, c’est ça. On est déjà sur la préparation du prochain projet. Peut-être qu’il sortira fin d’année. 

Comment vous voyez-vous dans 10 ans ?

Riche ! (rire). Plus sérieusement, continuer de vivre de la musique. C’est un rêve qui se réalise. On espère encore vivre de cette passion et rester ensemble dans le milieu.

Votre mot de la fin pour Hypesoul ?

Merci pour votre confiance ! C’est fort !

Par Erwan Lebigot