Vainqueur de la Leader Cup en février puis de l’EuroCoupe en avril, le Paris Basketball reste sur une série de vingt-quatre victoires consécutives à l’heure où sont écrites ces lignes et s’affirme comme un prétendant sérieux en vue des Playoffs de Betclic Elite. Six ans seulement après sa création, le club connaît aujourd’hui une ascension fulgurante et semble avoir le potentiel pour s’inscrire durablement sur la carte du basket-ball en France…et peut-être même bientôt en Europe ! Arrivé cet été en provenance du Bonn Telekom, l’arrière chilien Sebastian Herrera est au cœur de cette saison historique et joue même un rôle crucial en tant que membre du cinq de départ. A quelques heures de la réception de Roanne dans le cadre de la trente-troisième journée de championnat, il a eu la gentillesse de répondre à nos questions.
Bonjour Sebastian ! Pour les lecteurs qui ne vous connaîtraient pas encore, pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour ! Je m’appelle Sebastian Herrera, je suis basketteur professionnel et j’évolue en Europe depuis bientôt dix ans. Je suis chilien et je joue au poste d’arrière et dispute ma première saison avec le Paris Basketball.
Quel a été ton parcours avant de rejoindre le Paris Basketball ?
Je suis arrivé en Allemagne à 17 ans pour jouer avec Trèves dans la catégorie des -19. À la fin de la saison, le club s’est fait reléguer en deuxième division et ils ont décidé de faire jouer les jeunes, ce qui m’a permis d’avoir beaucoup de minutes. J’y suis resté deux ans avant de rejoindre Crailsheim, une autre équipe de Deuxième division. C’est là que j’y ai rencontré Tuomas Lisalo qui est maintenant mon coach à Paris. Nous avons été promus en Première division. J’y suis également resté deux ans, puis je suis parti à Oldenburg. La saison dernière, j’ai gagné la Champions League avec le Bonn Telekom où j’ai joué un an et maintenant me voilà à Paris.
Dans un pays où le football est, de loin, le sport le plus populaire, comment as-tu découvert le basket et quelle est la culture autour de ce sport ?
C’est vrai que le Chili n’est pas un pays où le basket est très populaire. C’est avec mon père que j’ai découvert ce sport. Il jouait souvent au basket avec ses amis, et j’allais voir ses matchs alors que je n’étais encore qu’un enfant. J’ai commencé à jouer avec lui, puis j’ai intégré un des plus grand club chilien, l’Universidad Catolica. Les essais avec le club se sont très bien passés et j’ai tout de suite adoré. C’est vraiment ma famille qui m’a fait découvrir ce sport.
Le basket est probablement le troisième sport au Chili… ou le quatrième, voire le cinquième (rires). Les Chiliens regardent beaucoup plus le football ou le tennis. Mais ces dernières années, l’engouement autour du basket a commencé à grandir. Le championnat chilien se développe et de plus en plus de joueurs vont jouer en Europe dans de meilleurs championnats. L’équipe nationale joue toujours dans des salles pleines et il y a de plus en plus d’infrastructures. Je sens vraiment que la passion autour de ce sport grandit au Chili.
Quel a été ton modèle quand tu as commencé à jouer ?
C’est une question qu’on nous pose souvent. Évidemment, d’abord mon père, qui était mon idole quand il jouait. Je dirais aussi Manu Ginobili qui vient d’un pays voisin. Même s’il est retraité aujourd’hui, il a eu une carrière incroyable en Europe puis avec les San Antonio Spurs et maintenant il est au Hall Of Fame… clairement une de mes idoles également.
Que savais-tu de la Betclic Elite avant de rejoindre Paris ?
Je savais que c’était un championnat difficile et très athlétique…mais j’ai quand même été surpris à mon arrivée. Cette ligue est vraiment incroyable ! J’ai rarement vu autant de joueurs avec de telles capacités physiques. Je connaissais déjà les grands clubs qui jouent les compétitions européennes, notamment Strasbourg contre qui j’avais joué à Bonn en quart de finale de la Champions League. C’est un championnat très compétitif où tout le monde peut battre tout le monde, probablement un des meilleurs en Europe.
Que sont les ambitions de l’équipe ? Le Paris Basketball envisage-t-il de jouer l’Euroleague la saison prochaine ?
Pour le moment, on pense surtout à la fin de saison qui arrive. Je pense que la prochaine étape est avant tout le prochain match, c’est le plus important. Je penserai à la saison prochaine quand celle-ci sera finie, sans regret j’espère. Jusqu’ici, c’est une très bonne saison, mais je pense qu’on peut encore faire mieux. L’équipe a le niveau pour aller loin en playoffs, donc on doit rester concentré et se focaliser sur chaque match. Pour être honnête je ne sais pas si le club a prévu de jouer l’Euroleague la saison prochaine, mais ce serait génial. De nombreux joueurs dans l’équipe en rêvent… Personnellement, je pense que ça va arriver.
Le fait de retrouver plusieurs anciens coéquipiers de Bonn a-t-il aidé ton intégration dans l’équipe ?
Ça aide beaucoup évidemment, aussi bien pour notre intégration que pour celle des autres. Il y a eu beaucoup de transferts l’été dernier, donc avoir six joueurs et un coach qui se connaissent déjà a permis d’avoir rapidement une bonne cohésion. Je pense aussi que ça a permis de transmettre la culture de la gagne et du travail que l’on avait à Bonn dans ce club. L’imbrication de toutes ces pièces s’est très bien passée et cela joue un rôle dans notre bonne saison.
Que penses-tu des nombreux jeunes joueurs qui évoluent aujourd’hui en Betclic Elite ?
La France a tellement de jeunes talents, c’est juste impressionnant ! Chaque année ou presque, tu as un Français dans les premiers choix de la draft. C’est une grande chance pour la Ligue, car cela offre une meilleure visibilité. Beaucoup de joueurs m’impressionnent par leur capacité à impacter le niveau de leur équipe tout en étant extrêmement jeunes. C’est quelque chose que je respecte. Je pense que Zaccharie Risacher et Tidjane Salaun se feront forcément une place en NBA. Ils sont sérieux et ont des atouts physiques impressionnants.
Comment trouves-tu Paris ? Prévois-tu d’y rester sur le long terme ?
La ville est incroyable ! C’est une des plus grandes capitales au monde…mais en même temps c’est parfois chaotique. Il y a beaucoup de gens et de touristes, mais tu peux trouver tout ce que tu veux, on ne manque de rien. Il y a énormément de cultures et j’aime beaucoup la vie ici. Je m’y sens très bien. Ça ne dépendra pas que de moi, mais je profite de l’instant présent et si une prolongation se présente, j’en discuterais avec ma famille. C’est un peu tôt pour prédire, mais ce serait avec plaisir !
Qui est le meilleur joueur que tu aies affronté ?
J’ai joué contre Jamal Murray. Je l’ai affronté en catégorie jeune durant l’Americup U-17. C’était déjà une célébrité à l’époque au lycée et aujourd’hui c’est un champion NBA. C’est vraiment incroyable d’avoir joué contre lui, même si on n’avait seulement seize ans à l’époque.
Maintenant, je dirais certainement Mike James. Il est vraiment très difficile à jouer, même pour les meilleurs défenseurs d’Euroleague. Je suis aussi content de ne pas avoir à défendre sur Nadir Hifi. C’est déjà très difficile à l’entraînement (rires).
Quel est l’impact de la Street Culture sur le basket aujourd’hui ?
Le basket est connu pour être un sport qui se joue dans la rue, il tient son origine de là. Il y a aussi beaucoup de vêtements et de chaussures de basket qui sont devenus des éléments de la mode urbaine comme les Jordan. Les deux s’influencent mutuellement depuis plusieurs années. Maintenant, cela passe même inaperçu, les gens vont à l’école ou à l’université en sneakers sans même savoir que c’était des chaussures de basket à l’origine.
La musique fait-elle partie de ta routine d’avant-match ?
Oui, bien sûr ! La musique occupe une place importante dans ma routine. Je n’aime pas trop parler avant les matchs pour me concentrer, et la musique m’aide vraiment à entrer dans ma bulle. J’ai des goûts très variés qui changent tous les jours, donc c’est assez drôle, je trouve. J’aime les nouvelles expériences. Évidemment, j’écoute du reggaeton, de la trap, du hip-hop, du RnB et beaucoup d’artistes sud-américains. Récemment, j’ai aussi commencé à écouter de la musique country…je ne sais pas pourquoi ça me fait penser à une musique romantique chilienne (rires). Comme j’y ai vécu longtemps j’écoute aussi du rap allemand de temps en temps. Mes playlists n’ont pas vraiment de ligne directrice. J’écoute vraiment de tout, quel que soit le niveau de popularité de l’artiste.
Merci beaucoup pour cet entretien, il ne me reste plus qu’à te souhaiter une excellente fin de saison !
Merci beaucoup !