Souvent utilisé dans l’univers de la musique, le terme « One-Hit Wonders » désigne un artiste ou un groupe ayant connu un grand succès grâce à un titre avant de complètement disparaître par la suite sans jamais réussir à rebondir sur cette réussite. En cette période d’été souvent propice à ces gloires éphémères, la rubrique basket de la rédaction s’est prêtée au jeu en appliquant cette définition aux joueurs NBA ayant eux aussi furtivement touchés du doigt la célébrité. Retour aujourd’hui sur ces courtes parenthèses enchantées.

Michael Carter-Williams

Le 3 avril 2023, Michael Carter-Williams profite d’une fin de match déjà pliée pour entrer en jeu. Un événement anecdotique pour beaucoup, mais la fin d’un calvaire pour le meneur qui n’avait plus posé les pieds sur un parquet NBA depuis deux ans. Une fin de carrière en contradiction totale avec ses débuts où nombreux lui prédisait un grand avenir. Malheureusement, il ne parvint jamais à retrouvé le niveau qui fut le siens lors de sa première saison. Drafté en onzième position par les Sixers en 2013, Michael Carter-Williams arrive dans la ligue sans pression particulière dans une équipe en reconstruction. Un environnement idéal pour tout rookie en somme. Mais très vite, le jeune joueur va attirer les projecteurs sur lui grâce à une performance historique…dès sa première entrée en jeu ! Pour le premier match de la saison, Phily défie nul autre que les double champion en titre, le Heat de LeBron James. Un baptême du feu pour le rookie…et pourtant, l’impensable va se produire. D’entrée, Philadelphie fait chuter l’ogre Miami avec à sa tète un Michael Carter-Williams tranchant. Pour son premier match NBA, ce dernier signe déjà une ligne statistique rarissime avec 22 points, 7 rebonds, 12 passes et 9 interceptions !

Du jamais vu pour un joueur à un stade de carrière aussi peu avancé. Fort de cette dynamique, celui que l’on surnomme déjà MCW va signer une première campagne dans la grande ligue plus que réussie et sera élu Rookie de l’Année en recevant 104 votes (sur 125 possible à l’époque). Avec près de 17 points, 6 rebonds et 6 passes par match, aucun débutant n’arrivait à sa auteur cette saison là, pas meme le futur double MVP Giannis Antetokounmpo ou le bientôt triple défenseur de l’année Rudy Gobert. Malheureusement pour lui, la suite de sa carrière diffère grandement des deux hommes cités précédemment. Rapidement, la bonne dynamique autours du joueurs s’épuise. Ce dernier peine à confirmer son bon premier exercice et voit ses statistiques chuter. Alors que le style de jeu de la ligue évolue vers le tir longue distance, Michael Carter-Williams s’attire de nombreuses critiques en raison de ses pourcentages de réussite médiocre. Il tentera tant bien que mal de faire évoluer sa mécanique de tir mais se retrouvera limité par des blessures à répétition à l’épaule. Après seulement deux saisons en Pennsylvanie, il est échangé au Bucks contre des tours de draft. Le début d’une carrière de globe-trotteur, puisqu’il visitera pas moins de cinq franchises différentes en neuf saisons sans jamais réussir à s’imposer de nouveau comme il avait pu le faire à ses débuts. Le bilan à tirer dix ans après sa draft est finalement bien pale comparé aux attentes exceptionnelles découlant de sa première saison.

Isaiah Thomas

Devenir un des visages de la plus grande ligue de basket au monde est déjà un défi en sois. Mais y parvenir alors que l’on fait vingt-cinq centimètres de moins que la taille moyenne en NBA, cela revient à l’impossible. Le temps d’une saison, Isaiah Thomas va pourtant y parvenir. Du haut de ses 1m75, le meneur de poche va porter la mythique franchise des Celtics sur ses épaules jusqu’en finale de conférence lors de la saison 2016-2017. Alors qu’il était arrivé deux ans plus tôt avec le statut de solide sixième homme. IT va alors complètement exploser avec Boston. Lors de cette fameuse saison, il terminera parmi les meilleurs marqueurs de la ligue avec près de 27 points de moyenne. Il arrivera cinquième dans la course au MVP. Il devient également le plus petit joueur de l’histoire à disputer le All Star Game.

Un véritable compte de fée qui va malheureusement prendre fin dès l’issue de la saison. En effet, la franchise veut voir grand vite et décide de se séparer de son leader offensif pour mettre la main sur Kyrie Irving. Désormais à Cleveland, Isaiah Thomas peine à prendre ses marques et à jouer son jeu. La raison; une blessure à la hanche contractée lors de la dernière campagne de playoffs. Longtemps perturbé par cette gêne et rarement impliqué pleinement dans les franchises où il passe. Le lutin ne retrouvera jamais le niveau qui fut le sien durant son passage dans le Massachusetts. Essayant désespérément de garder une place dans la ligue, il évoluera dans pas moins de huit équipes en l’espace de seulement cinq ans. Le tout en étant à plusieurs reprises obligé de passé par des ligues mineurs pour attirer le regard des dirigeants. A 34 ans maintenant et sans contrat depuis plus d’un an, il semble malheureusement peu probable de le revoir un jour évoluer en NBA. Une fin bien triste pour celui qui fut le cœur des Celtics il y quelques années encore.

Richard Dumas

L’histoire de Richard Dumas, c’est avant tout celle d’un immense gâchis. Ailier au talent exceptionnel de part son assurance, son tir et ses qualités athlétiques, ce dernier avait tout pour réussir. Il fait d’abord l’unanimité au cours de ces trois saisons à l’université d’Oklahoma State…jusqu’à un contrôle anti-drogue positif. Banni du circuit NCAA, il prend la direction du championnat israélien avant de déposé son nom à la draft. Sélectionné au second tour par les Suns, il ne verra cependant pas les plaines de l’Arizona avant la saison suivante, la faute à un nouveau test positif durant l’été. Mais lorsqu’il fait enfin ses débuts en 1992, son passif tumultueux est tout de suite oublié. Le joueur impressionne et s’intègre d’amblé malgré son statut de rookie dans la rotation de l’équipe. Phoenix impressionne en saison régulière et termine meilleur bilan de la ligue avec un Charles Barkley élu MVP. Rien ne semble perturbé les arizoniens qui brillent de part leur collectif où Richard Dumas s’intègre parfaitement. Dès sa première saison, il tourne déjà à près de 15 points de moyenne et verra son rôle croître durant la postseason. Arrivé en finale, il ne bronche pas lorsqu’il faut défendre sur le grand Michael Jordan! Et il parvient meme à lui tenir tête sur certaines séquences.

Il réalise le meilleur match de sa carrière ; Game 5 il inscrit 25 points à 12 sur 14 au tir

Il réalise le meilleur match de sa courte carrière à l’occasion du Game 5 où il inscrit 25 points à 12 sur 14 au tir. Le tout en étant défendu par nul autre que Scottie Pippen. Son abnégation ne fera malheureusement que retarder l’inévitable puisque les Suns s’inclineront finalement 4-2 face aux Bulls. Mais quand bien même, Richard Dumas a marqué les esprits au cours de cette confrontation et ce pour sa première saison. A seulement 24 ans et avec une marge de progression encore importante, le jeune ailier a de quoi envisager le futur sereinement…quoique. Quelques semaines avant le début de la saison 1993-1994, il est une nouvelle fois contrôlé positif à la cocaïne. La fois de trop pour le commissioner David Stern qui décide de le bannir de la ligue pour deux saisons. A son retour, il n’est définitivement plus le meme joueur. Son envie de jouer a disparue tendit que la drogue a petit à petit emportée ses derniers centimètres de détente. Il portera de nouveau la tunique des Suns pour 15 matchs avant d’être finalement remercié par la franchise. Il dispute une ultime saison avec les Sixers avant de retourner en Europe où il enchaîne les expériences de courtes durées, l’amenant même à effectuer un séjour dans le championnat de France du coté de Montpellier. Retraité depuis 2003, rare son les passionnés se souvenant de son trop court passage dans la ligue. Un joueur talentueux mais emporté par la drogue, résumant sa carrière à un trop bref coup d’éclat en finale NBA.

Rodrigue Beaubois

Le phénomène des « One-Hit Wonders » n’est pas une exclusivité américaine, loin de là. Tout comme dans le domaine de la musique, la France a elle aussi connue avec les époques son lot de succès sans lendemain. Drafté en 25ème position par Dallas en 2009, Rodrigue Beaubois arrive aux Etats-Unis avec la réputation d’un arrière athlétique. Il est doté d’un tir longue distance efficace. Le potentiel est là, d’autant que le natif de Guadeloupe a déjà montré de belles choses auparavant dans l’hexagone durant ses trois saisons à Cholet. Le tricolore va cependant devoir ronger son frein durant de long mois. En effet, le rookie débarque dans une franchise aux ambitions élevés et à l’effectif expérimenté. Très discret, son heure va pourtant venir en fin de saison régulière. Avec une place désormais assurée en playoffs, Rick Carlisle peu se permettre de faire souffler ses cadres. Il décide donc de donner sa chance au frenchie. Opposé aux Warriors, Rodrigue Beaubois va afficher une adresse insolente durant toute la durée du match. Sur un nuage, imperturbable, ce n’est pas 20 ou 30 points qu’il inscrira ce soir là, mais bien 40 ! Une performance inattendue pour le jeune français qui décroche un engouement soudain chez les fans.

Le sulfureux propriétaire des Mavs, Mark Cuban, ira jusqu’à déclarer dans une interview :  » Il n’y a que un ou deux joueurs dans la ligue que j’échangerai contre Rodrigue. Il est désormais intouchable et je ne risque pas de le transférer. » Il faut dire que sa prestation n’a rien d’anodin puisque seul Dirk Nowitzki avait inscrit autant de point avec les Mavericks cette saison. Rodrigue s’empare également d’un record qui tient encore aujourd’hui avec le plus grand nombre de paniers à trois points inscrits en un match par un rookie! l’ancien Choletais inscrira, en effet neuf tirs longue distance ce soir là. Au cours des match suivant, Roddy B ne quitte pas sa bonne dynamique et réalise de nouvelles bonnes sorties. Pourtant, ce mois de mars 2010 sera la seul éclaircie d’une courte carrière. Son temps de jeu diminue de nouveau avec l’arrivée de la postseason et ne redécollera plus. Il quitte la NBA après quatre saisons discrète dans le Texas (mais une bague de champion décrochée en 2011) et retourne en Europe. Il mène depuis maintenant dix ans une carrière plus que correct. Un moment de gloire éphémère certes, mais encore encré dans la mémoire de nombreux supporteurs. Aussi bien en France que Outre-Atlantique.

Jeremy Lin

C’est probablement le plus grand One-Hit Wonder de l’histoire de la grande ligue. Pendant quelques semaines restées hors du temps, un joueur jusqu’ici méconnue du grand public va porter sur ses épaules une des franchises les plus mythique du sport US. Gagnant ainsi à jamais le cœur des fans de la balle orange. L’histoire semble trop belle, et pourtant, c’est ce que va connaitre Jeremy Lin un mois de février 2012. Connu pour être le seul joueur NBA passé par le prestigieux établissement de Harvard, le meneur sino-américain va connaitre un début de carrière très discret. Non-drafté en 2010, il se verra malgré tout offrir un contrat chez les Warriors où il évoluera le temps d’une saison. Peu utilisé, il se met en quête d’une nouvelle opportunité dès la saison suivante. Il obtient un contrat avec les New York Knicks, sans se douter que cette signature va changer sa vie. Pourtant, son utilisation va encore une fois rester très limitée durant les premières semaines. Jusqu’à ce que la franchise se retrouve face à une avalanche de blessures. Dans le dur, le coaching staff de la franchise décide de donner sa chance à Jeremy Lin.

Une décision qui va engendrer une des vagues de popularité les plus exceptionnelle de l’histoire du sport. Pour le derby new-yorkais face à Brooklyn le 4 février, il termine avec 25 points, 5 rebonds et 7 passes et joue un rôle clé dans le succès de l’équipe. La machine est lancée ! Quelques jours plus tard, la liste des absents s’étant allongée, ce dernier se retrouve promu meneur titulaire de l’équipe. Dans ce rôle, il conduira l’équipe à une improbable série de 7 victoires de suite! Enchaînant les performances de grande classe. Face au Lakers, il signera même son record de points avec 38 unités, lui valant les compliments de Kobe Bryant en personne ! Alors qu’il n’était jusqu’ici qu’un sinistre inconnu pour le grand public, le voila devenu une superstar. Les médias ne cessent d’évoquer son étonnant cas! Les actions en bourse de la franchise des Knicks grimpent en flèche et son maillot est désormais autant vendu que celui de LeBron James…la Linsanity bat son plein !

LA LINSANITY bat son plein!

Mais si ce phénomène a autant marqué les esprits, c’est également pour son coté éphémère. En effet, après deux semaines sur un nuage, J-Lin connais un coup d’arrêt. New York enchaîne cette fois huit défaites consécutives. Pire, il est victime d’une blessure au genou en mars qui met fin à sa saison…et à son passage au Knicks par la même occasion. Malgré sa grande cote de popularité à Big Apple, Jeremy Lin accepte de rejoindre les Houston Rockets qui lui proposaient un contrat plus important. Malgré quelques nouveaux coups d’éclats, il ne retrouvera jamais un niveau équivalent à ses deux semaines magiques à New York. En 2019, son aventure en NBA prend fin après neuf saisons dans huit équipes différentes. Faute de contrats, le meneur s’exile dans le championnat chinois, puis la ligue taïwanaise où il évolue encore aujourd’hui.

De Michael Carter-Williams à Jeremy Lin en passant par Rodrigue Beaubois, tout comme le monde de la musique, la NBA de manque pas de gloires éphémères. Toujours est-il qu’au même titre que des artistes sans lendemain, ces sportifs seront parvenu le temps de quelques semaines voire mois à s’attirer la sympathie de nombreux fans. Laissant ainsi à leur façon une trace indélébile dans la grande histoire du basket américain.