Malgré son immense renommée à travers les états-unis, Young Dolph n’a point reçu les éloges qu’il méritait après sa mort dans l’hexagone. L’homme qui a échappé aux 100 balles était un monument du rap sudiste, un entrepreneur attitré et le mentor de Key Glock. Ensemble, les deux rappeurs se sont forgés une solide discographie, parsemée de deux projets et de hits nationaux comme “Major” ou “Water on Water”. 

Leur premier projet collaboratif, Dum and Dummer est le parfait exemple d’une trap bien réalisée. L’alchimie qui règne entre les deux rappeurs sur l’album est unique et pue la chaleur du bitume sudiste. Retour sur l’histoire d’un amour fraternel et sur la conception d’un des meilleurs projets de 2019. 

La genèse d’un duo

En 2017, Young Dolph est déjà un poids lourd du rap sudiste avec dans sa discographie des projets comme . Lors de réunions de famille, il apprend à connaître Key Glock et se forge ainsi entre eux une relation fraternelle et musicale. Avec une volonté d’indépendance commune, Dolph propose à son cousin de signer au sein de Paper Route Empire, le label du regretté rappeur. Glock accepte et sort à partir de 2017 un run de mixtapes époustouflant. D’abord avec Glock Season, qui l’expose rapidement, puis avec Glock Bond et l’énorme hit “Russian Cream” qui le consacre à l’international. 

Durant l’ascension de son cousin, la carrière de Dolph est à son paroxysme avec la sortie de Bullet Proof et de son grand classique qu’est “100 shots”. En 2018, paraît ensuite “Major”, la première collaboration de Dolph avec son cousin. Le morceau devient rapidement un phénomène dans tous les Etats-Unis avec son ambiance triomphante et la symbiose entre les deux cousins sur le point musical. Il est aussi une introduction de Key Glock au grand public.

Dum and dummer naît ainsi presque 1 an après ce hit. Un défi de taille puisqu’un album commun n’est jamais synonyme de facilité. Il est pourtant évident que Glock et Dolph étaient fait pour rapper ensemble. L’alchimie qui règne entre eux est mystique sur l’album et une grande page de l’histoire du rap de Memphis vient avec cela. 

Band Play à la manoeuvre

Composé de 18 titres, Dum and Dummer s’apparente à un banger entier. Le projet est diversifié tout en gardant une forme très sudiste. La présence des typiques 808 de Memphis et des drops agressifs rappellent les heures de gloires de Project Pat. Si Dum and Dummer était déjà un album en duo, il pourrait même être classé comme un projet en trio. Band Play, acolyte de Glock depuis sa première mixtape prend un rôle prédominant dans la construction du projet. Il produit la quasi-totalité des tracks. Le producteur crée une homogénéité basée sur des productions à la fois énergiques et planantes. On retrouve cette osmose dans des titres comme “If I Ever” ou “Water on Water”. De véritables bangers dignes des clubs de Magic City. 

Mais Band Play surprend surtout l’auditoire en allant plus loin que ses concurrents. Il oriente Young Dolph et Key Glock vers des sonorités atypiques et apporte une autre authenticité à l’album. C’est en lançant “Ill” que l’auditeur comprend qu’il fait face à une trap hors du commun. Ce titre planant avec sa ligne de piano fait sortir les deux rappeurs de leur zone de confort. Il met aussi en évidence leur facilité à s’accorder par le flow. Band Play surprend néanmoins le plus avec “1 Hell of a Life”, une prod teintée de rock rendant hommage au passé mythique de Memphis (Elvis Presley). Ces titres donnent une autre dimension à l’album et permettent de l’ouvrir à un public toujours plus large. 

Fraternité, Authenticité, Originalité

Un album trap doit réunir les ingrédients nécessaires pour satisfaire sa clientèle. L’authenticité, la qualité musicale et les histoires de rues en sont les principaux.

L’originalité est aussi un facteur majeur dans ce genre sudiste. On a pu voir des albums tels que Flockaveli, Trap Muzik ou Barter 6 devenir des classiques par leur prise de risque. Bien que Dum and Dummer ne soit pas égaux à ces monuments, il reste l’un des albums les mieux produits et étonnants de 2019. 

Ce qui se dégage des flows et des textes de l’album relève d’une pure authenticité. Young Dolph et Glock n’ont pas besoin d’expliciter leur fraternité à travers des textes, leur complicité se ressent avant tout par des passes passes comme sur le titre “Ill”. La loyauté tient un rôle prédominant dans le projet avec des morceaux comme “If i Ever” ou “It Feel Different”. La tracklist respire également la rue dans tous ses domaines. On passe tant par des titres très égo-trips comme “Reflection” que par des morceaux de vie avec “Cutthroat Committee”. 

Dum and Dummer brille comme un album trap sans faute. Avec une ambiance cohérente du début à la fin et une esthétique originale (Cover cartoonesque, les Dauphins dans le clip de “Water on Water”). L’album sort des standards du rap sudiste pour s’avérer être l’un des meilleurs projets en duo de la décennie.