Être une star aux Etats-Unis ne se traduit par forcément par un succès européen. La preuve avec des piliers comme Yo Gotti, Young Dolph ou Mozzy qui sont connus de tous aux USA contrairement à chez nous. Pooh Shiesty fait partie de ces rappeurs en vogue qui participent à la renaissance de Memphis depuis quelques années. Devenu plus qu’un simple rookie, le rappeur est maintenant installé comme une star du rap américain, reste à obtenir le succès international qui lui manque.
Only Memphis
Pooh est né dans un contexte musical, ayant un père batteur et fondateur de label. Ce dernier est très important dans la vie du rappeur qui le considère comme son “O.G” autrement dit son motivateur personnel. Il apprend jeune à se respecter, à comprendre les rouages de l’argent et à se sortir de situations délicates. Sa mère sera également un moteur dans sa vie. Elle lui rappelle l’importance de l’école et est également à l’origine de son surnom d’enfant nommé “Poo”. Arrivé à un âge de maturité, Pooh obtient ses diplômes de lycéens grâce à la bonne influence de sa mère et se forge également une réputation au sein de Memphis. Il intègre le Choppa Gang, qui compte dans ses rangs les rappeurs Big 30 et Mitch. Rapidement, les membres vont faire parler d’eux en sortant “Breaking News”, un morceau rappelant l’aspect impitoyable de Chiraq mélangé à la sauce si particulière de Memphis.
Du 1017 à Lil Durk
Pooh voit cependant plus loin que Memphis, il veut conquérir le pays. C’est “Main Slime”, produit par Tay Keith qui va le révéler comme un rookie au sang-froid, reconnaissable dès son roulement de langue introductif. Un son marquant qui va attirer un certain Gucci Mane. Ce dernier ne va pas tarder à le recruter au sein du 1017, par le biais d’un simple échange téléphonique. La propulsion qui va s’en suivre sera fulgurante. Pooh va enchaîner les singles et ses chiffres de vues vont augmenter de façon affolante. Un remix de “Main Slime” avec Moneybag Yo va accroître son succès, mené par un clip au aspect cinématographique.
Vient ensuite “Monday to Sunday”, un titre bouleversant en compagnie de Lil Baby et Big 30. Puis le coup du chapeau avec l’énorme “Back in Blood” feat Lil Durk qui culmine à plus de 100 millions de vues aujourd’hui. Son aspect nonchalant et son charisme indéniable font sa force et le public l’adopte rapidement comme un nouvel espoir du rap de Memphis.
Première carte de visite
La montée en puissance de Pooh se caractérise rapidement par un premier projet solo, sobrement nommé Shiesty Season. On lit déjà dans ce titre la volonté d’établir une série de projets de qualité, afin d’établir sa pâte sur le rap américain. Le projet se vend à 60k exemplaires en première semaine, un score plus qu’honorable mis en valeur par le carton de “Back in Blood”. Mais à quoi doit-on s’attendre à l’écoute de cette première carte de visite ? C’est tout d’abord un concentré de prods minimalistes s’inspirant nettement de Lil Baby qui ressort de l’album.
Pooh ne se contente cependant pas de copier son homologue Géorgien. Il apporte une attitude unique avec ses adlibs, son flow sec et ses paroles pleines de souffrances. C’est d’ailleurs cela qui caractérise le mieux le projet. Pooh instaure une ambiance guerrière et laisse également un sentiment de revanche. On pense instinctivement à toute la scène drill de Chicago des années 2010 en écoutant des morceaux comme “Making A Mess” avec son instru de piano et ses couplets découpés. Shiesty Season a cependant du mal à sortir de cet aspect minimaliste. Quelques morceaux comme “Choppa Way” et “Gone MIA” sortent du lot par leur côté planant à l’inverse du reste de la tracklist, bien trop répétitive. Un premier projet qui montre donc des limites malgré l’intérêt que nous porte le personnage de Pooh Shiesty.
Une identité à développer ?
Pooh Shiesty n’a rien d’un “One Hit Wonder”, la preuve avec ses nombreux singles à succès et la hype qui continue à s’agripper à lui. Cependant son identité est encore à définir. Ses choix artistiques se sont pour l’instant montrés payant par l’originalité de son flow allié à des prods minimalistes et froides. Son côté sombre propre à l’héritage de la Three-6-Mafia est néanmoins gâché par de fortes similarités de flow avec les grands du jeu comme Lil Baby et 21 Savage. On ressent aussi une certaine lassitude après avoir enchaîné plusieurs titres de l’artiste. Ses adlibs, bien que entraînants, sont trop répétitifs malgré quelques efforts réalisés sur les refrains. Son esthétique reste pour le moins assez originale avec sa moustache des années 70, marquée par la superbe cover en mode film d’animation de Shiesty Season.
Ce n’est que le début pour Pooh et plusieurs choix de carrières peuvent s’offrir à lui. Continuer sur cette voie pourrait, avec une certaine régularité, le conduire à un schéma semblable aux carrières de NBA Youngboy et Quando Rondo. Un engagement à tenir tout en sachant que la concurrence est rude. On pourrait aussi voir Pooh dans une plus grande irrégularité, laissant de l’espace entre ses projets pour former une discographie unique. Les cartes sont entre ses mains.