L’heure est arrivée mesdames et messieurs de vous délivrer notre top 10 des albums anglophones de rap de l’année 2021. Il y a eu beaucoup de sorties majeures cette année mais aucune véritable masterclass. On a évidemment vu l’affrontement de deux popstars à coups de promotions et de chiffres mais également des confirmations et des apogées. Il fut donc difficile de faire ce classement bien qu’au final certains albums sortent leurs épingles du jeu. De Los Angeles à Londres en passant par le Texas, ce top est néanmoins un concentré d’influences diverses, traduisant une très belle année pour notre bon vieux hip-hop. 

#10-The Melodic Blue – Baby Keem

Le cousin de Kendrick Lamar a sorti son premier album tant attendu avec une pression conséquente. Alors qu’on l’attendait dans un registre vaporeux qu’il avait développé dans Die For my Bitch en 2019, Baby Keem à livré un album beaucoup plus expérimental avec des prises de risques conséquentes. La plupart des productions de l’album sont sèches et laissent une grande place à la voix nasillarde et aiguë de Keem. Ainsi on retrouve des morceaux caverneux comme “Vent” ou “Durag Activity” mais également des touches de finesses comme “Lost souls”. Il faut cependant avouer que le titre “Family Ties” se démarque de tous les autres et lance pleinement la carrière de Baby Keem. Un projet qui a finalement plus surpris que plu au public mais qui se démarque de la majorité des projets sortis cette année par son approche atypique. 

 #9 King’s Diseases II – Nas 

Un an après un très bon premier volume, Nastradamus remet le couvert avec King’s Diseases II. Si le précédent était assez consistant dans la production, les featurings n’avaient pour le coup pas vraiment été à la hauteur (mis à part The Firm). Pour ce second épisode Nas à trouver la recette qui marche avec une teinte soul très appréciable. Les collaborations avec Charlie Wilson et Blxst sont des parfaites crossovers entre les années 90 et aujourd’hui et “EPMD 2” est un super hommage aux années 80. Le morceau à l’image de l’album se nomme cependant “Nobody” avec Lauryn Hill. Un titre smooth où Nas prouve une fois de plus qu’il à sa place au panthéon du rap. King’s Diseases II se place comme un album sans prise de risque mais de très bonne facture pour toute amateur de Hip Hop qui se respecte. 

#8- Certified Lover Boy – Drake

L’un des 2 grands blockbusters de l’année à bien mérité sa place dans notre top. Tandis que son meilleur ennemi a sorti un projet aussi long que frustrant, Drake livre un album “playlist” voué à l’amour de qualité. On attend bien évidemment plus de OVO quand on sait que des classiques comme “Nothing was the same” on vu le jour mais CLB n’a cependant pas déçu. Chaque titre propose un univers différent en passant d’un style drip sur “Way 2 Sexy” à de la trap 3.0 sur “Knife Talk”. Drake démontre une fois de plus son talent aux refrains avec les nuageux “Girls want Girls” et “Fair Trade”. Une teinte romantique s’applique également à la plupart des titres. CLB est peut-être une version réussie de More Life et il s’affirme comme un projet consistant et suffisamment diversifié pour plaire à un grand nombre.

 #7- The OFF Season – J. Cole

Toujours de plus en plus sérieux, Cole semble avoir pris un nouveau chemin avec The Off Season. Après un KOD plutôt mitigé, peut-être trop mature et caricatural dans sa production, le rappeur de Fayetteville revient de façon explosive avec un flow offensif. The Off Season est un projet plutôt court mais intense avec des drop qui rappelle la grande époque de Just Blaze et Dipset. Cole brise ainsi l’innocence de son passé en brûlant le panier de basket de The Warm Up, sa seconde mixtape. Adieu les sujets politiques, The Off Season fait place à un ego-trip poussé et Cole mérite cette place dans ce top. 

#6- Roadrunner, New Light, New Machine – Brockhampton

Roadrunner est sûrement le meilleur projet de Brockhampton depuis la trilogie des Saturation. Le Boy Band du texas revient dans son style alternatif si particulier avec des featurings de luxe tels que Danny Brown et A$AP Rocky. Initialement prévu pour être un album Pop, le groupe à finalement décidé de repartir dans un registre rap à la suite d’événements douloureux en passant des simples peines amoureuses au suicide. Roadrunner est ainsi très chargé émotionnellement et présente toutes les qualités éclectiques du groupe. Un sacré concentré d’émotions qui manquait à 2021. 

#5- Sometimes i might be introvert – Little simz

La londonienne signe son apogée après l’excellent grey area. Dans son nouvel album, elle délivre un hip-hop orchestral teinté de soul et de acid jazz pour un rendu vraiment réussi. Little Simz se penche davantage sur elle-même, sur ses propres sentiments et livre une profonde analyse sur les rapport humains. La jeune femme introverti se dévoile de façon éclectique tout en gardant un côté féministe qu’il l’avait révélé. Au-delà de ses thèmes, l’album est très travaillé dans sa production. Que ce soit à travers des interludes féériques comme “Gems” ou des titres influencés par les années 80 comme “Protect my Energy”, SIMBI est une invitation dans un univers apaisant. 

#4- The House is Burning – Isaiah Rashad

Unique album sortie par TDE cette année, The House is Burning signe le grand retour d’Isaiah Rashad après The Sun’s Tirade sorti en 2016. Retiré du game à cause de ses addictions à différentes drogues, Isaiah à clairement changé. Sa voix est abîmée et l’on ressent clairement les dernières années difficiles qu’à vécu l’artiste. A l’image de la cover, l’album est tiré entre l’anarchie et l’innocence. On découvre une facette sudiste de Isaiah sur les titres “Lay Wit Ya” et “Rip Young” mais aussi une version améliorée de son style vaporeux. Sur “Headshots” ou “Don’t Shoot”, le rappeur revient dans un registre qu’il maîtrise à perfection tout en revenant sur les problèmes psychologiques, un thème déjà présent dans The Sun’s Tirade et Cilvia Demo. The House is Burning est dans sa construction un très bon album qui continue de prouver la noblesse du TDE. 

#3- HOFFA – Dave East & Harry Fraud

Le légendaire Harry Fraud et Dave East ont livré la pièce maîtresse de New York de 2021. Dans une ambiance rappelant once upon a time in America, Dave East narre des histoires de trafic de drogues, d’argent et de pouvoir. L’alchimie entre le rappeur et le producteur est occulte, en témoigne le titre “The Product” ou la voix grave de Dave plonge l’auditeur dans la noirceur de New-York. Dave convie également du beau monde avec la présence de Benny The Butcher, Curren$y et même Jim Jones. Semblable à une œuvre cinématographique, il n’y a rien à enlever dans HOFFA. Chaque morceau est une démonstration de rap pure et Dave continue d’écrire la belle histoire qui le lie à New York et à son héritage. 

#2- Call me if you get lost – Tyler The Creator

Le californien signe la fin d’un run magnifique après Flower Boy et IGOR. Avec la présence de DJ Drama en tant que host, Tyler s’inspire de toute sa discographie pour revenir à un rap cru et moins chantonné. Sur Call Me If You Get Lost, le rappeur a davantage centré son écriture sur des thèmes plus sérieux. Il a également démontré une maturité signant la fin définitive de l’esprit adolescent qu’était Odd Future. Tyler a maîtrisé à la perfection son pop-rap en jouant sur des samples bien appuyés et des mélodies plus modernes, ne rendant pas le résultat grotesque. La réussite ne tient pas de la nouveauté mais bien de l’accomplissement avec Call Me If You Get Lost, qui mérite amplement cette deuxième place. 

#1- Tyron – Slowthai 

Tyron est une œuvre très introspective, une réelle plongée dans les vices bipolaires de Slowthai. Allant de la folie pure à la remise en question positive, ce disque est paradoxal mais avant tout humain. La ligne artistique du projet est tout simplement inouïe avec des clips dingues comme “Feel Away” et “nhs”. Pour Tyron, qui est son prénom, Slowthai a choisi de découper son album en deux parties distinctes par leur typographie. On est constamment bouleversé par le côté hard de Slowthai et ses multiples références à la horrorcore. Mais on passe aussi un moment nostalgique à l’écoute de “nhs” et “Feel Away”, deux des meilleurs titres du projet. Slowthai livre la meilleure œuvre de l’année avec une ambiance bipolaire saisissante et des sujets psychologiques bouleversants. 

Mentions honorables

Donda – Kanye West

The Orange Print – Larry June

Conflict of interest – Ghetts

Exodus – DMX