Parfois oubliés, parfois boudés par les critiques, aujourd’hui, on te propose de (re)découvrir ces trésors cachés du hip-hop. Retour sur El Capo (2019), le dernier album de Jim Jones, sûrement le plus réussi de sa carrière.
Produit De Son Environnement
Quand on évoque le nom de Jim Jones, j’ai immédiatement en tête le clip du remix de We Fly High sorti quand j’étais adolescent. Outre le clip complètement dans la démesure, avec ces tonnes de liasses de billets verts, Jimmy réussit l’exploit de se faire outshiner par Diddy et Birdman sur son morceau. Jim Jones n’est pas à proprement parlé un véritable rappeur. Il grandit à Harlem avec deux amis, Cam’Ron et Freekey Zeekey. A eux trois ils forment le groupe The Diplomats (ou Dipset c’est comme on veut). Mais dans le lot, il n’y a vraiment que Cam’Ron qui rappe. Et plutôt bien d’ailleurs. Freekey est un peu plus l’homme de l’ombre, gérant le business de loin. Alors que Jimmy, lui, s’occupe de la réalisation des vidéos clips. Il lui arrive de griffonner quelques rimes de temps en temps, mais pas de quoi rivaliser avec Killa Cam. Ils seront rejoints plus tard par un jeune gamin d’Harlem, Juelz Santana.
Flying High
L’apogée arrive en 2001 lorsque Cam’Ron et son équipe signent sur le label de Jay-Z, Roc-A-Fella Records. Jim Jones, voyant les succès de Cam’ et de Juelz, ainsi que l’engouement autour des Diplomats, décide de se lancer dans le rap. Ses deux premiers opus n’auront pas marqué l’histoire du Hip Hop, très clairement. Le deuxième album Harlem: Diary of a Summer ressemble à un classique du Hip Hop tellement le premier projet, On My Way to Church, était mauvais. Finalement, c’est via son troisième album, Hustler’s P.O.ME. (2006), qu’arrivera l’apogée de sa carrière. Le single We Fly High sera récompensé d’un disque de platine et deviendra un véritable hymne dans les rues de New York. Grâce au carton du single, l’album se vendra à plus de 100 000 exemplaires en première semaine d’exploitation. Il atteindra même le disque d’or quelques semaines plus tard, tout ça en indépendant. La suite est moins glorieuse, le groupe se sépare, des clashs ici et là et quelques albums plus tard, Jimmy retombe rapidement dans l’anonymat.
Retour aux affaires
C’est en 2019 que j’en entend reparler. Je vois qu’il sort un énième nouvel opus, son septième, nommé El Capo. Mais cette fois-ci il ne revient pas tout seul. The Heatmakerz, les génies qui ont façonnés l’identité musicale des Diplomats au début des années 2000, s’occupent entièrement de la production de l’album. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils ont fait un super travail. Alors, on est loin des Dipset Anthem ou I Really Mean It, mais l’esprit soulful qui était un peu leur marque de fabrique est toujours présent.
State of Union
Jimmy a fait appel à pas mal de monde sur ce projet. Pêle-mêle on retrouve la vieille garde New York: Cam’Ron, Fat Joe, Jadakiss, Fabolous, Maino en featuring ainsi que les sudistes Rick Ross et Curren$y. Mais aussi la relève de la grosse pomme avec des apparitions de Dave East, Benny the Butcher et Conway the Machine. Au-delà des superbes productions fournies par les Heatmakerz (Cocaine Dreamin ; Song Boxing), Jimmy rappe plutôt bien. Il a enfin laissé tomber ses ad-libs infernaux et inaudibles. Les lyrics, sans être d’un niveau exceptionnel, sont dans l’ensemble bien travaillées. Cette fois-ci, pas de tentative de bangers sudistes foireux, la ligne directrice et artistique reste la même. On notera l’enchaînement NYC ; Good Die Young ; State of The Union de haute volée, notamment grâce aux hooks de Marc Scibilia. Quel plaisir de pouvoir réentendre Cam’Ron et Jim Jones ensemble, surtout sur le superbe To Whom It May Concern.
El Capo au rapport
On ne dira pas que cet opus est l’album de l’année 2019. Mais pour une fois, notons que Jim Jones ne suit pas bêtement la tendance artistique du moment. Bien qu’il ait réussi à gommer quelques lacunes, on tourne vite en rond, heureusement que certains invités remontent le niveau. C’est finalement un album assez plaisant à écouter, surtout pour les nostalgiques de la période Dipset du début des années 2000. Seule ombre au tableau, on regrettera l’absence de Juelz Santana. Mais chaque chose en son temps. Jim Jones sort enfin un bon album, et en regardant ses derniers projets, ce n’était pas gagné d’avance.
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