Son EP « Free Samples Vol.1 » vient de sortir. À cette occasion, nous avons échanger avec Femdot, rappeur originaire de Chicago. Au cours de cet échange, nous avons discuté de son dernier projet, sa passion pour le basket, son talent pour le storytelling et d’un tas d’autres choses.

Salut Femdot, comment tu vas ?

Je vais bien, Il fait vraiment chaud ici à Chicago, ça dépasse les 32 degrés mais ça va, ça reste cool et toi ?

Ça va merci. Si je te dis : « Drugs, rules, everything around me, dream. Just got shot down and that’s words of a king”.
Ça te dis quelque chose ?

Hahaha ouais j’ai écrit ça quand j’avais 17 ans. C’est le son « Red Line ».
Waw ça fait super longtemps que j’ai pas écouté cette chanson. C’est fou !

T’en as fait du chemin depuis mais le Femdot d’il y a 10 ans était déjà très bon !
Tu viens de sortir un nouveau projet « Free Samples Vol.1 ». Tu peux m’en parler ?

C’est le début d’une série d’EPs que je vais sortir. Ça permet de donner quelque chose au public en attendant le prochain album. C’est des échantillons gratuits du nouvel album sur lequel je travaille, tu vois. Donnons aux gens ce qu’ils veulent.

À part « Delacreme 2 », tu ne fais que des projets courts, ils ne dépassent en général pas les 25 minutes.
Pourquoi ce choix ?

J’essaie toujours d’être le plus cohérent possible dans mes projets. Et puis on m’a appris que la meilleure écriture était une écriture concise. Mais je travaille sur un album plus long, qui fera plus que 7 ou 8 chansons. Ces EPs m’aident à affiner mon écriture et à me concentrer sur ma façon de travailler.

Quel est ton processus créatif ?

Ça dépend des moments. Je prévois tous mes projets des années à l’avance, genre je pensais déjà à « Not for Sale » 4 ans avant sa sortie. J’essaie de planifier mes albums comme une séquence, c’est à chaque fois différents mondes. Mais à part ça, j’écris tout le temps, avec ou sans musique, je passe mon temps à écrire.

Comment tu décrirais ta musique à quelqu’un qui ne la connait pas ?

La première chose que je dirais est que, je raconte des histoires. Je suis un storyteller. J’essaie d’humaniser ce qu’il y a autour de moi, de m’assurer que les gens puissent voir le monde de différentes façons. Mais oui, je raconte des histoires sur moi et sur les gens qui m’entourent.

J’ai envie de parler d’un son dans ce projet, c’est « NCAA Rules ». Alors comme ça, les meufs sont fraiches à Houston ?

Mec elles sont trop fraiches haha. Il faut que tu ailles à Houston, tout est plus grand là-bas.

Plus sérieusement Femdot, tu racontes des choses difficiles dans ce morceau. Ça fait longtemps qu’un morceau ne m’avait pas mis une gifle comme ça. J’imagine que ce texte était difficile à écrire ? 

En fait, c’est marrant mais ce n’était pas si difficile que ça. Il nous restait 15 minutes au studio et ça m’a suffi. Le beat est arrivé et les lyrics sont venues à moi. « NCAA Rules » rassemble 3 histoires de personnes avec qui j’ai grandi. Le son n’était pas difficile à écrire mais en revanche j’ai du mal à l’écouter.

T’as fait une série de morceaux qui s’appelle « Storytime with fem ». Je l’ai découverte avec le troisième son « 22 2’s ». D’où te viens cette passion pour le storytelling ?

J’aime les punchlines et être en pleine conscience. Mais ce sont les histoires qui permettent aux gens de se connecter avec toi, à un niveau personnel, en tant qu’être humain plutôt qu’artiste. Je suis comme si je tenais un journal, j’écris mes histoires personnelles et les gens connectent. C’est quelque chose que je dois continuer de faire, pour moi-même et pour les autres. Il y a tant de personnes qui me connaissent dans la vraie vie et qui me disent « je te suivrai toujours parce que tu parles de nous ». Tu vois, donc c’est de ma responsabilité de faire ça.

Depuis 4 ans tu as un autre projet en parallèle. Qu’est-ce que Delacreme Scholars.

C’est mon organisation à but non lucratif, basée ici à Chicago. L’objectif principal est de favoriser et d’aider la communauté en leur apportant l’engagement civique, l’éducation et nous offrons des bourses et des formations. On fait aussi des dons et des distributions. J’essaie de rendre Chicago meilleur à mon échelle.

🔗 https://www.instagram.com/delacremescholars/

D’où t’es venue l’envie de t’engager là-dedans ?

Tu sais ici les écoles sont inutilement excessivement chères, d’autant plus si tu es noir. Quand j’étais à l’université, j’avais du mal à payer mes études alors une fois que j’ai obtenu mon diplôme, je me sentais le devoir de créer une bourse ou quelque chose pour pouvoir aider les gens qui galèrent. Ça a commencé comme ça et maintenant ça grossis de plus en plus.

Pendant ton Water 2 Fire Tour, tu as tweeté cela :
« detroit. (Détroit)
thank y’all. (Merci à tous)
special place. (C’est un lieu spécial)
i got j dilla tatted on me (J’ai J Dilla tatoué sur moi)
i need some cartier’s and a mink. (J’ai besoin de Cartier et d’un vison)
« 
T’as vraiment J Dilla tatoué sur toi ?

Hahaha ouais, j’ai un petit personnage, une version Charlie Brown de J Dilla tatoué sur mon mollet qui fait des beats.

Incroyable. Femdot j’ai vu que tu as beaucoup de tatouages au passage, quelles sont leurs significations ?

J’en ai beaucoup qui sont des représentations de ma famille. Puis mon bras gauche entier est en arabe, je suis musulman et j’ai des versets de protection qui sont tatoués. J’en ai qui sont en hommage à des amis à moi qui sont décédés, nos souvenirs. Et puis j’ai plein d’autres tatouages aléatoires mais les plus importants sont ceux que je t’ai cité. Ça me donne beaucoup de force. Et c’est sur mon corps alors je le ressens.

Parle-moi de cette tournée, le Water 2 Fire Tour. C’était comment ?

C’était cool, vraiment fun. La plupart du public est plus jeune que moi. C’était super, les concerts c’est ce que je préfère faire, être en tournée c’était bouillant.

« Water 2 Fire Tour » avec Femdot. & D’mari Harris

J’ai vu une vidéo de « Bobby Portis » en concert, c’est fou.

Mec c’est incroyable. Plein de monde est venu car ils avaient vu des extraits de concert de ce son. C’était fou.

Tu viens quand à Paris alors ?

Bientôt j’espère ! J’ai tellement envie de venir. Mes amis me disent qu’il faut que j’y aille, je veux tellement performer là-bas. Ma seule fois en Europe c’était en Belgique. Même le Colors que j’ai fait a été tourné aux Etats-Unis à cause de la pandémie, mais j’ai de la famille un peu partout en Europe donc je veux vraiment venir.

Tu as une anecdote d’un truc marrant qui t’es arrivé pendant cette tournée ?

Haha il y en a eu plusieurs pendant la tournée. Je pense que le plus marrant c’était ce jour où il y avait 5 mecs dans une voiture qui chantaient du r&b à toute voix, tout le monde les entendait. Et à côté il y avait une autre voiture avec des mecs qui nous fixaient comme des fous, on ne savait pas ce qui pouvait se passer. C’est marrant parce qu’un autre jour, on est sortis déjeuner et on a rencontré des gens, on a discuté un peu c’était cool. Et à la fin, on revoit ces mêmes personnes qui ne savaient pas qui j’étais mais qui venaient à mon concert alors quand ils m’ont vu sur scène ils étaient genre « eh mais toi je t’ai vu avant ! » c’était marrant.

Lors de cette tournée t’as également fait une série de #greenroomfreestyles, il faut absolument les mettre sur les plateformes de streaming ! Ou du moins sur YouTube.
Celui que t’as fait sur l’instru de Ms Fat Booty par Mos Def est incroyable, tu sais.

Merci. Les gens me demandent souvent de les mettre en ligne. Je pense qu’on va balancer ça sur soundcloud, youtube, etc. Mais oui faut qu’on mette ça sur les plateformes !

On a vu Jimmy Butler s’entrainer sur ta musique sur Instagram. T’as été joueur de basket, je te vois tout le temps parler de NBA sur Twitter. Alors, c’est qui ton joueur préféré toutes époques confondues ?

Mon joueur préféré c’est Kobe Bryant. Ensuite il y a Derrick Rose, il vient de Chicago on l’adore. J’aime beaucoup Kawhi Leonard aussi mais Kobe reste mon numéro 1.

Ok le mien c’est Allen Iverson mais je comprends tout à fait pour Kobe. 

Je respecte. J’adore AI !

Femdot t’as joué au niveau Universitaire, est-ce que tu avais en tête d’en faire une carrière ?

Je savais que je n’irai probablement pas plus loin car je mesure que 1m80 alors que mes coéquipiers mesuraient tous en moyenne 1m90. Je me suis vite dit que j’allais faire autre chose, et puis je rappais déjà alors je savais que j’allais faire quelque chose là-dedans.

Ok donc t’avais déjà le rap en tête, au cas où le basket ne fonctionnerait pas.

Oui, déjà à l’école primaire, j’étais connu pour être le mec qui rappe. J’avais toujours l’habitude de me promener avec un cahier et des livres dans mon sac, partout où j’allais. Les gens savaient que je rappais depuis longtemps, ensuite vers 16 ans je me suis dit que je pourrais en faire une carrière.

À cette époque Red Line était déjà sorti donc.

Haha oui déjà. À cette époque je sortais des sons tous les jours, je faisais que ça. C’était une belle époque.

Qu’est-ce que le basket t’a apporté pour ta carrière dans la musique ?

Il y a beaucoup de parallèles entre ces deux domaines. Chaque rappeur voudrait être joueur de basket et chaque joueur de basket aimerait vivre comme un rappeur. J’ai grandi avec tant de basketteurs. Il y a cette même compétitivité dans les deux domaines. J’aime tellement le basket, je trouve que c’est un magnifique sport, je le trouve poétique et je pense qu’on est un peu comme la bande originale du basket tu vois ce que je veux dire. Les deux vont généralement ensemble.

Justement, tu as organisé un événement « meet and hoop » (une rencontre pour jouer au basket) avec la marque Wilson. Je pense que c’était une excellente initiative, ouverte à tous les niveaux. Raconte-moi comment ça s’est passé.

Nous cherchions des partenariats à faire pendant que nous étions en tournée et il y a des gens qui travaillent chez Wilson qui valident ce que je fais et qui voulaient qu’on organise un évènement. Je ne voulais pas faire une simple rencontre, je voulais qu’on puisse s’amuser, discuter et jouer au basket tous ensemble.

Au début, les gens étaient un peu timides mais à la fin du match, chacun avait son surnom et tout le monde se connaissait, c’était vraiment cool. Le basket rassemble les gens.

🔗 https://www.instagram.com/p/Cs83-nqrG_t

Ok, ça n’a rien à voir avec le basket mais il y a un problème sur Deezer, certains de tes projets ne sont pas dessus, etc. Il se passe quoi ?

Mec je sais pas ce qui se passe, c’est chelou. Je crois qu’ils m’ont associé à deux noms, « femdot. » et « Femdot ». Mais on est en train de régler ça !

On a besoin du vinyle de « Free Samples Vol.1 ». C’est essentiel !

Je pense qu’une fois qu’on aura sorti les autres volumes, on en fera un pack avec toutes les mixtapes « Free Samples ». Tous mes autres vinyles sont partis hyper vite, c’est en rupture de stock. Il en reste quelques-uns sur Urban Outfitters mais Diggers Factory c’est foutu, il n’y a plus rien.

Femdot, je te laisse le dernier mot pour conclure cette interview, tu peux parler de ce que tu veux.

On sort beaucoup de musique en ce moment, je suis super excité. Restez branchés car il y a des choses qui arrivent prochainement. C’est le moment de passer à l’étape suivante, je suis enthousiasmé par ce qui va suivre et j’espère que les gens le seront également.

Merci à toi pour cette interview.