YL revient sur le devant de la scène avec un nouvel album prévu le 24 novembre. En attendant, on retrouve un l’épisode 9 de sa série de freestyles Larlar disponible sur toutes les plateformes.

Comment ça va depuis le Marseille All Star ?

Ça va très bien, on en a fait du chemin. Je rends grâce à Dieu d’être toujours dans le secteur d’activité, je suis sur mon sixième projet là, c’est pas rien du tout. Je suis vraiment content.

T’as fait du chemin depuis cette période, t’as évolué et changé de style. Tu réponds quoi à ceux qui te reprochent de changer et de faire moins de sons « énervés » ?

J’ai deux réponses à ça. Pour ceux qui sont sincères et qui se retrouvent là dedans : je leur dis « Patientez les gars, il faut que je donne à manger à tout le monde ». Par contre, pour les personnes qui ne savent même pas de quoi elles parlent et qui ne connaissent pas mon répertoire musical, je leur dis « J’en ai rien à foutre de votre avis, c’est pas vous qui remplissez mon frigo, donc ne me reprochez pas le commercial ». 

Je l’ai d’ailleurs dit dans une de mes musiques : « C’est pas toi qui nourris ma daronne, me reproche pas de faire du commercial ». (Rires)

Je pense qu’il y a une catégorie de gens qui n’écoutent de la musique que sur YouTube et le fait est que des fois ils ne vont pas écouter ton projet entièrement. Ils vont écouter les trois titres que t’as clippé et si parmi ces trois titres t’as le malheur de ne pas avoir clippé le son énervé, ils vont te dire qu’il n’y a pas de rap dans ton album, alors que c’est pas le cas.. 

Sinon, à la catégorie un peu plus branchée et qui se fait un avis constructif je leur dis bien de patienter parce qu’il faut pas oublier que mes singles d’or les plus rapides c’est Nina et Vaillante.

Ton dernier projet Yamine qui est sorti en 2022, bien que très bon, n’a pas eu le succès qu’il méritait, qu’est-ce que t’en tires ?

Je sais pas s’il a pas eu le succès qu’il méritait, pour moi, chaque chose est méritée. J’aime pas me donner des fausses excuses. Je sais pas où ça coince mais des fois je peux avoir quelques défauts sur mon marketing ou je peux pas bien gérer mes réseaux sociaux… Donc, non j’ai eu ce que je méritais et je suis dans une philosophie où, si tu exploses pas les scores c’est que tu t’es pas assez entraîné. Si t’es pas le champion et que tu remportes pas la ceinture, c’est qu’il y a quelqu’un qui s’est entraîné mieux que toi. Donc tu retournes t’entraîner et tu la fermes gentiment. C’est ce que j’ai fait, je l’ai fermée gentiment, j’ai été m’entraîner et là je reviens sur le ring. (Rires)

Quel a été le processus créatif de l’album ? 

Les morceaux en eux-mêmes ils vont dessiner un thème et vont se rassembler en famille de morceaux et créer le thème. Le seul fil rouge, le seul fil d’ariane suivi pour le processus créatif, c’est énormément de studio, pas spécialement que du rec. Beaucoup de studio aussi pour la composition, la réalisation… Par exemple, ces derniers temps j’ai parfois passé trois mois sur un seul morceau, parce que le morceau je l’ai enregistré et j’ai plein de choses à modifier. On va dire que j’ai mis un peu plus de soin sur la réalisation de ce projet.

T’as toujours accordé une certaine importance à l’écriture. Est-ce que quand tu crées un son, tu privilégies le fond à la forme ou l’inverse ?

Ça se dit à la rime actuelle. Parfois, une punchline de sens peut avoir un sens trop lourd, trop profond. Parfois, une punchline est moins lourde de sens avec d’autres mots mais ça sonne mieux au niveau du flow. Je suis souvent entre ces deux choix là et quand j’arrive à faire converger les deux c’est parfait. Sinon, je privilégie le sens à l’assonance et toujours le sens au flow, mais parfois il y a des musiques où j’aurais pu avoir un meilleur flow mais j’ai préféré avoir de meilleures paroles.

T’as des attentes par rapport à ton album ? En terme de ventes ou de retour critiques par exemple.

Non pas d’attentes particulières pour les ventes, je sais approximativement qui est ma fan base pour savoir à peu près combien je risque de vendre. Maintenant, ce qui m’intéresse vraiment c’est l’accueil du projet par le public. La question c’est de savoir si le projet va être porté ou non. Est-ce qu’il va être compris ou il va être compris à retardement ? Comme ça a déjà été le cas avant avec mon deuxième album par exemple, il peut être compris à retardement. Aujourd’hui il y a des sons de mon deuxième album qui pète sur TikTok. Donc c’est vraiment l’accueil du public qui va me dire si je suis dans l’ère du temps, si je suis en retard ou si je suis avant-gardiste. C’est ce que je veux déterminer.

T’essaies de t’adapter aux nouvelles tendances musicales ? 

J’estime que c’est à la musique de me séduire et pas le contraire. Par exemple, la drill c’est arrivé il y a trois-quatre ans environ. J’ai adhéré au truc en 2021, parce que moi il faut que j’écoute un son que je kiffe pour adhérer au style. En l’occurrence pour la drill, c’était avec Ashe22.

Comment tu fais pour concilier ça avec ton identité artistique ?

C’est comme avec une nourriture que t’as jamais goûtée, des épinards ou autre. Si t’aimes bien à la première prise, tu vas goûter à nouveau. Ça m’était arrivé avec la trap, j’avais pas aimé le début de la trap jusqu’à l’arrivée de certains artistes et donc je suis resté très très longtemps sur le boom bap avant de passer à d’autres types de prods. Actuellement je prends des prods un peu Jersey, mais il a fallu que j’écoute un artiste qui fait de la jersey pour que j’apprécie le genre.

Donc oui j’essaie de rester dans l’ère du temps dans la mesure où ce genre de musique me plaît, c’est la musique qui doit me faire vibrer.

En parlant de ça, t’écoutes la nouvelle génération ?

Je me suis rebranché, en ce moment j’écoute les jeunes ! Avant j’étais totalement débranché de ce qui se produit parce que quand je fais un projet j’écoute personne. Dans ma journée j’ai à peu près quatre ou cinq heures ou je fais de la musique et ces quatre/cinq heures je les octroie à personne d’autre que moi et mes instrus. Depuis que le projet a été terminé j’écoute MIG, qui figure sur mon projet.

D’ailleurs comment s’est passée ta collaboration avec MIG ? 

MIG ça a été les bons épinards. (Rires) Ça s’est très bien passé, c’est un jeune très respectueux avec beaucoup de valeurs. Il a son style et au moment même où il rentre dans la cabine, il sait ce qu’il fait. C’est aussi MIG qui m’a fait adhérer à ce style rapper/parler et c’est pour ça que ça s’est bien passé. 

Une fois encore tu proposes une nouvelle version de Larlar dans ce projet, ça fait un peu plus de trois ans que tu produis cette série de freestyles. T’as proposé des sons énervés, d’autres mélodieux, d’autres boom bap à l’ancienne… C’est quoi la ligne directrice de cette série ?          

Faire absolument ce que je veux quand je veux, mais que ça soit un titre officiel. Parfois il y a des morceaux qui finissent pas dans la tracklist. Pas parce qu’ils sont pas assez biens, mais parce que je vais pas sortir des albums de quarante tracks et t’as pas non plus envie qu’ils pourrissent dans l’ordinateur. Puis en même temps c’est des titres trop personnels et intimistes pour les déléguer à un média pour un freestyle ou un autre format… Qu’est-ce qu’on en fait de ces titres alors ? C’est de cette interrogation là que Larlar est né. Je me suis dit que j’aimerais bien pouvoir sortir des titres librement, avec des clips et qu’on leur donne leur chance. Si on regarde bien, Larlar 1 c’est du rap un peu mélodieux pendant trois minutes, LarLar 2 c’est très très sombre, LarLar 3 c’est plus estival… Le cadre c’est qu’il n’y en a pas. Après ça tourne quand même autour des trucs qui me ressemblent et que j’aime.

Sinon, LarLar c’est le surnom qu’on me donne au quartier pour pas dire mon blaze. Pour résumer, les freestyles Larlar c’est une idée qui me ressemble bien.

T’as eu une petite absence qui t’a sûrement permis de te renouveler, comment tu vois la surproduction aujourd’hui dans le rap ?

Je salue la performance de ceux qui arrivent à surproduire, mais je ne vois personne qui surproduit de manière qualitative. Par exemple, un mec comme SCH prend son temps pour produire son album et c’est très bien qu’il prenne son temps parce qu’on en voit le résultat. Après tout ça, c’est une affaire de goût et de couleur : si on est plutôt fast food ou gastronomie. Gastronomie ça prend du temps à cuisiner, fast food je te le fais rapidement et je pense pas que ce soit quelque chose de mal. Moi je fais les deux, par exemple Larlar 8 en terme de rap et d’écriture c’est de la gastronomie, t’écris pas ça en une heure ou tu fais pas la prod en 15 minutes. Un autre morceau plus estival et léger, c’est fast food et je peux le faire très bien. C’est comme dans la vie j’aime bien les bons resto’ et aussi les bons snacks. Il y en a qui ne vont pas apprécier la gastronomie et préférer le fast food et c’est leur droit.

Tu te vois où dans 10 ans ?

Je ne me projette pas aussi loin. (Rires) Dans 10 ans j’ai presque quarante ans moi ! Donc on va dire dans 5 ans plutôt, j’aurai 33 ans, l’âge du Christ. Je me vois sur mon 11ème album vu que je sors un album tous les un an et demi.

Une dernière chose à dire ?

Restez branchés ! Dites moi ce que vous pensez du projet comme d’habitude… Avec des commentaires plus gentils. (Rires)